Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
M

Madhya Pradesh

État de l’Inde ; 443 000 km2 ; 38 823 000 hab. Capit. Bhopāl.


Le Madhya Pradesh (littéralement : « État du Centre ») est la plus grande unité politique de l’Union indienne, mais ne vient qu’au sixième rang pour la population. Le milieu physique est médiocre, et la densité du peuplement est très inférieure à la moyenne nationale.

Après l’indépendance, un groupement hétérogène a été opéré pour constituer le Madhya Pradesh, à partir d’une mosaïque de petits États indiens occupant la partie septentrionale de la péninsule. L’État n’exprime donc pas, comme beaucoup d’autres, une ancienne unité politique et culturelle.

Le fractionnement avait des causes complexes. D’une manière générale, le milieu est peu favorable ; la pluviosité, toujours supérieure à 800 mm par an, est suffisante, mais le relief est marqué avec de grands plateaux bordés d’escarpements vigoureux, entre lesquels s’insinuent de longs couloirs et une foule de petits bassins. La circulation a toujours été difficile, et aucune région de plaine n’a pu servir à asseoir une domination politique stable. La région, du fait de sa position et de ses caractères, a servi de marche entre les empires de la plaine du Gange, les grands États rājpūts de l’Ouest, et l’État marathe au sud. Sous le climat humide et sur des roches en majorité gréseuses ou gneissiques se sont formés des sols médiocres. Ce milieu répulsif a régulièrement servi de refuge, d’abord aux populations « tribales » non hindoues, puis à de petits groupes repoussés des plaines par les conquérants successifs. Il s’est seulement construit de petits États dans les plaines et les vallées.

Le nord, en bordure de la plaine du Gange, est occupé par des plateaux tabulaires (Malvā, à l’ouest) ou présentant une topographie en croupes arrondies (Bundelkhand, à l’est). L’ensemble des plateaux est moyennement arrosé : de 800 à 900 mm dans le Nord-Ouest, la pluviosité passe à 1 100 mm vers l’est et le sud.

Les régions gneissiques du Bundelkhand et les grès du Malvā septentrional portent des sols médiocres ; la superficie cultivée est assez faible, et la population peu dense (60 à 80 hab. au km2). Le système de culture repose sur l’association de jowar en culture d’été à celle du blé et du gram en culture d’hiver. Sur les terres noires des laves du Malvā septentrional, le coton apporte des ressources supplémentaires. Le Malvā a constitué une zone de passage entre la plaine du Nord et les foyers animés de la péninsule. C’est le long de cette voie que s’étaient établis les États princiers les plus importants et que se localisent les villes les plus peuplées, les seules vraiment actives du Madhya Pradesh : Indore, Gwālior et Bhopāl. Cette dernière, la plus centrale, a été choisie comme capitale et a bénéficié d’investissements du gouvernement fédéral (usine de matériel électrique lourd).

Une bande médiane a été hachée au Tertiaire de failles importantes qui ont individualisé une série de blocs soulevés (horsts). Les altitudes ne dépassent guère 1 200 m. Les sommets sont tabulaires, mais bordés par des escarpements vigoureux et très disséqués qui produisent des reliefs d’aspect montagneux. Du nord au sud, on rencontre successivement : l’alignement des Vindhya aux monts Kaimur, un grand fossé suivi vers l’est par la Son, puis, vers l’ouest, par la Narbadā, l’alignement des monts Mahādeo et Maikal ; à l’extrême sud, le Madhya Pradesh englobe une partie du fossé de la Tāpti, puis des monts Satpura.

Les blocs montagneux sont occupés par des populations « tribales », avec notamment de fortes communautés de Gonds. Certains d’entre eux pratiquent encore une agriculture à longue jachère sur brûlis (agriculture itinérante) ; l’espace agricole est réduit, et les densités faibles (de 10 à 20 hab. au km2 dans certaines régions). Il reste donc de grands espaces boisés d’une forêt à feuilles caduques, de hauteur moyenne, qui contient de beaux peuplements de sāl et de teck, bois de haute qualité.

Dans les bassins et les grands fossés, la culture joue un rôle bien plus important ; elle est pratiquée par des populations tribales ou des groupes hindous venus plus récemment. Les pluies plus importantes favorisent l’apparition du riz comme culture d’été, combiné au jowar, tandis que le blé et le gram sont cultivés en hiver.

Dans l’est de l’État dominent de grands blocs montagneux sans orientation nette, pénéplaines ondulées portées par les gneiss archéens. Mais deux grandes dépressions s’ouvrent entre eux : la vallée de la Wainganga et surtout le bassin sédimentaire de Chhattīsgarh. Celui-ci, grâce à sa forte pluviosité (1 200 mm), est un petit grenier à riz, occupé par des populations hindouistes. De plus, ses bordures recèlent des mines de fer et de charbon, si bien que le gouvernement fédéral y a implanté l’usine sidérurgique de Bhilai, sur le grand axe ferroviaire qui unit Bombay à Calcutta.

Le Madhya Pradesh est encore actuellement une région sous-exploitée et sous-peuplée. Les potentialités sont réelles, notamment à cause de l’abondance du bois et des minerais. Mais les infrastructures font défaut, notamment pour les transports et le réseau urbain, très discontinu. Il est difficile de trouver des sources de financement pour les mettre en place.

F. D.-D.

➙ Inde.

Madras

V. de l’Inde, capit. de l’État du Tamilnād* ; 2 470 000 hab.


Située sur la côte de Coromandel, à 13° de lat. N., l’agglomération occupe un terrain bas, lagunaire, qui ne convenait que médiocrement au développement d’une ville. Deux cours d’eau non navigables traversent l’agglomération et se jettent dans la mer : au nord, la Kūvam et, au sud, l’Adaiyār.

La vie urbaine est attestée très anciennement sur ce site. Ce fut d’abord Mailapur (quartier actuel de Mylapore), une des plus anciennes vides de l’Inde du Sud, qui existait avant l’ère chrétienne. Sur ce même site, les Portugais fondèrent vers 1522 le comptoir de San Thomé, qui resta une ville distincte de Madras jusqu’au xviiie s. D’autre part, la bourgade de Madraspatnam s’était développée, à partir d’une époque indéterminée, un peu plus au nord. Mais l’acte de naissance de la ville moderne date réellement de l’installation des Anglais sur un terrain acquis en 1639 près de l’embouchure de la Kūvam. C’est là que Francis Day fit construire le fort Saint George, qui devint rapidement le principal établissement britannique dans le Coromandel, en rivalité avec l’établissement français de Pondichéry. Les victoires remportées par les Anglais dans la guerre de Sept Ans, sanctionnées par le traité de Paris (1763), assurèrent définitivement la prépondérance de Madras. Le développement du commerce et l’extension de la domination territoriale britannique firent de Madras la principale ville de l’Inde du Sud, à la fois comptoir et capitale politique. Sa population, qui atteignait probablement 100 000 habitants au début du xviiie s., est évaluée à 397 000 au recensement de 1871. Depuis cette époque, la construction des voies ferrées et d’un port moderne (achevé en 1910) ont fait de Madras la métropole du Sud. Sa population passait à 509 000 habitants en 1901, 777 000 en 1941. La croissance urbaine s’est accélérée après la Seconde Guerre mondiale.