Madère (suite)
L’histoire
L’île était sans doute connue dès l’Antiquité par les navigateurs phéniciens. On sait avec certitude qu’elle fut découverte par des marins italiens, probablement génois, au début du xive s. Elle figure en effet sur les cartes florentines des Médicis en 1351.
Au cours d’expéditions maritimes entreprises sous l’influence du grand prince portugais Henri* le Navigateur, deux marins de cette nation, João Gonçalves Zarco et Tristão Vaz Teixeira, prirent possession de l’île en 1419 au nom du roi de Portugal, Jean Ier.
Le premier gouverneur fut Bartolomeu Perestrelo, et, jusque vers 1750, un membre de sa famille exerça toujours cette charge. C’est à cette lignée qu’appartenait la femme de Christophe Colomb, qui vint à Madère en 1478 faire le commerce du sucre et qui s’y maria.
À cette époque, l’île était déjà riche. Les Portugais, qui l’avaient baptisée Madeira (« bois »), l’île étant entièrement couverte de forêts, en brûlèrent la plus grande partie pour y pratiquer des cultures qui bientôt prospérèrent. La canne à sucre et le vin furent jusqu’à nos jours les plus grandes richesses de Madère. Dès le milieu du xve s., des cépages de Malvoisie et de Candie étaient introduits dans l’île.
Funchal devint en 1514 le siège d’un évêché. En 1566, le capitaine français Monluc débarqua à Madère et la ravagea. Elle suivit ensuite le sort du Portugal et fut annexée à l’Espagne de 1580 à 1640. Jusqu’au xixe s., il y a peu d’événements à signaler, sauf le développement du commerce du vin, qui est alors mondialement connu. C’est surtout l’Angleterre qui est le principal acheteur ; un de ses consuls à Funchal, William Bolton, contribua beaucoup à l’essor du vin de Madère.
L’île fut occupée un moment par les Anglais en 1801 et de 1807 à 1814. En 1856, une épidémie de choléra fit de nombreuses victimes. Le vignoble, lui, fut détruit par l’oïdium en 1852 et par le phylloxéra en 1873, mais il fut ensuite reconstitué. Madère, qui avait obtenu en 1902 une certaine autonomie, fut bombardée durant la Première Guerre mondiale par des sous-marins allemands.
P. R.
C. Dervenn. Madère (Horizons de France, 1965). / A. t’Serstevens, le Périple des îles atlantides. Açores, Madère, Canaries (Arthaud, 1966).