Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
M

Madagascar (suite)

 R. Rabemananjara, Madagascar, histoire de la nation malgache (l’auteur, Gentilly, 1952). / C. Robequain, Madagascar et les bases dispersées de l’Union française (P. U. F., 1958). / H. Deschamps, Histoire de Madagascar (Berger-Levrault, 1960 ; nouv. éd., 1965) ; Madagascar (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1968) ; les Pirates à Madagascar aux xviie et xviiie siècles (Berger-Levrault, 1972). / C. Grandidier et R. Decary, Histoire politique et coloniale de Madagascar (Impr. officielle, Tananarive, 1960). / H. Isnard, Madagascar (A. Colin, 1964). / R. Bartistini, l’Afrique australe et Madagascar (P. U. F., coll. « Magellan », 1967). / A. Guilcher et R. Bartistini, Madagascar. Géographie régionale (C. D. U., 1967). / F. et P. Le Bourdiec et R. Battistini (sous la dir. de), Atlas de Madagascar (Tananarive, 1969). / A. Spacensky, Madagascar, 50 ans de vie politique (Nouv. éd. latines, 1970). / M. Massiot, l’Administration publique à Madagascar (L. G. D. J., 1971). / La Croissance urbaine en Afrique noire et à Madagascar (C. N. R. S., 1972 ; 2 vol.). / J. C. Rouveyran, la Logique des agricultures de transition. L’exemple des sociétés paysannes malgaches (Maisonneuve et Larose, 1973). / J. de Gaudusson, l’Administration malgache (Berger-Levrault, 1976).

Madère

En portug. Madeira, principale île d’un petit archipel portugais situé par 32° de lat. N. dans l’océan Atlantique à un millier de kilomètres au S.-O. de Lisbonne.


D’une superficie de 740 km2, elle est peuplée de 265 000 habitants (densité moyenne : 360 hab. au km2).


La géographie

L’île est née d’une série d’éruptions volcaniques au cours de l’ère tertiaire. Plusieurs volcans, dont le plus élevé, le Pico Ruivo, culmine à 1861 m, s’alignent grossièrement de la pointe de Tristão à l’ouest à celle de São Lourenço à l’est en une chaîne hérissée de cônes et dont l’altitude ne s’abaisse au-dessous de 1 200 m qu’à ses extrémités. De cette chaîne, les empilements de laves profondément entaillés par des gorges sauvages s’inclinent fortement vers la mer, qui les découpe en falaises impressionnantes. Le seul endroit plat est la Paúl da Serra, plateau dénudé situé à 1 400 m d’altitude dans le centre-ouest de l’île.

Baignée d’influences marines à une latitude subtropicale, Madère bénéficie d’un climat d’une grande douceur. La moyenne des températures du mois le plus froid y est de 16 °C à Funchal, capitale de l’île, la moyenne des minimums restant supérieure à 9 °C ; en été, la moyenne du mois le plus chaud ne dépasse pas 21 °C. Le régime des pluies est de type méditerranéen : les pluies tombent principalement en automne et au printemps sous forme de gros orages alors que l’été est très sec (juillet, août et septembre ne totalisant que 16 mm en moyenne à Funchal). Cependant, les reliefs, fréquemment noyés dans les nuages, sont bien arrosés, ce qui explique l’abondance des forêts qui recouvraient l’île au moment de sa redécouverte en 1419 par les Portugais, qui lui donnèrent le nom d’« ilha da Madeira » (l’« île boisée »).

Aujourd’hui, il ne subsiste de ces forêts que des touffes de lauriers arborescents et de pins avec un sous-bois de bruyères et de fougères. Elles se cantonnent dans les ravins, particulièrement ceux du versant nord, plus frais et plus humide. Sur les hauteurs, les arbres ont fait place aux bruyères et aux fougères, et les sommets portent des buissons de Myrica Faya. Au-dessous de 750 m, la mise en culture a presque entièrement fait disparaître la végétation naturelle, surtout sur le versant sud, bien abrité et plus chaud.

Située sur la route de circumnavigation de l’Afrique et sur le chemin du Brésil, l’île de Madère a constitué un relais important dans la transmission des plantes cultivées à travers l’Atlantique. C’est ce qui explique la grande diversité des cultures qui y ont été introduites : vigne, bananier, oranger, ananas, avocatier, théier, canne à sucre, igname, maïs... Les pentes ont été aménagées par l’homme en petites terrasses soigneusement entretenues et dont la terre est régulièrement remontée dans des hottes à dos d’homme. L’eau, captée sur les hauteurs, est apportée par un dense réseau de petits canaux en pierre ou en ciment, les « levadas », qui se jouent des innombrables obstacles du relief avec une admirable ingéniosité.

Aujourd’hui, deux cultures dominent : le bananier et surtout la vigne. Celle-ci bénéficie sur les basses pentes d’un climat favorable et de sols meubles et riches. La canne à sucre n’est plus cultivée que pour fournir les alcools de mutage nécessaires à la fabrication du vin. La production de vin est en effet l’activité essentielle. Ses trois grands crus, le Sercial, le Boals et surtout le Malvoisie, jouissent depuis longtemps d’une grande réputation. La commercialisation est assurée par des Anglais, qui, avec les États-Unis, en sont les principaux consommateurs. Les exportations se font par le port de Funchal, capitale de l’île nichée au fond d’une ample baie et dont les maisons blanches étagées sur les premières pentes sont enceintes d’un vaste amphithéâtre de verdure.

La beauté des paysages, la profusion des fleurs — hortensias, fuchsias, bougainvillées abondent dans les jardins, au long des chemins, autour des champs —, la douceur du climat confèrent à Madère une vocation touristique certaine. Le tourisme est de nos jours en pleine expansion et constitue la seconde grande activité de l’île. Il contribue à développer la seule activité artisanale notable : la broderie, dont la finesse et la grande richesse de motifs sont justement réputées.

Cependant, la pression démographique est telle que ces diverses activités sont loin d’assurer du travail à tous les habitants. Un tiers du sol seulement peut être cultivé, et les exploitations, morcelées à l’extrême, sont peu rentables. Il n’y a aucune industrie pour absorber les excédents de main-d’œuvre. Aussi, une forte émigration, vers le Venezuela et le Brésil principalement, ne cesse-t-elle de se développer.

R. L.