Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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machinisme agricole (suite)

• Cas particulier des semoirs de précision. Pour certaines plantes, mais et betterave, l’opération de semis est encore plus délicate. La profondeur doit être rigoureusement constante, le travail du sol sur la ligne a une grosse importance (localisation des tassements, des mottes et de la terre fine), et les écartements entre graines sur la ligne doivent rester aussi voisins que possible de la moyenne de réglage. Ces exigences particulières ont donné naissance aux semoirs monograines, ou semoirs de précision, formés d’éléments indépendants, un par ligne semée, distribuant les graines une à une. Chaque élément est articulé sur une barre porte-outil (2 à 12 rangs). Il comporte une trémie de 7 à 15 litres, des organes d’ouverture du sillon, une roue tasseuse, des organes de recouvrement. Les semoirs de précision diffèrent surtout par la nature des organes de distribution.

Pour le maïs. On se contente généralement d’un disque horizontal ou incliné tournant au fond ou sur le côté de la trémie cylindrique ou tronconique. La périphérie du disque est trouée d’alvéoles régulièrement espacés et dans lesquels se logent les graines. L’entraînement du disque doit être régulier et proportionnel à la vitesse d’avancement pour que les graines aient des chances de s’espacer régulièrement dans le sillon. En outre, les chocs sur le tube de descente ne doivent pas perturber la régularité de distribution, et la graine ne doit pas rouler dans le sillon. Enfin, le distributeur ne doit pas broyer de graines.

Pour la betterave. La précision recherchée est encore plus grande, et on utilise des distributeurs verticaux de grand diamètre munis de trous calibrés sur leur tranche. Le tube de descente est à peu près complètement supprimé.

Les deux facteurs de réussite d’un semis de précision sont :
— en premier lieu, la vitesse modérée d’avancement (4 à 5 km/h) ;
— dans une moindre mesure, le calibrage des graines et, évidemment, le choix de dimensions d’alvéoles adaptées à la graine semée.

On limite un peu l’importance de ces contraintes sur les appareils à distribution dite « pneumatique ». Le distributeur est un disque rotatif vertical muni de trous latéraux sur lesquels viennent se plaquer les graines grâce à une aspiration faite en arrière du disque. Au niveau du sol, l’aspiration cesse et la graine tombe. Avec un tel semoir, on peut semer le mais et les betteraves à une vitesse de 6 à 8 km/h, et la précision du calibrage peut être moins rigoureuse.

• Associations d’outils et culture minimale
L’accroissement de la puissance disponible a permis de grouper les appareils pour effectuer plusieurs opérations en un seul passage.

On essaiera, par exemple, de reprendre le labour en une seule fois avec un outil de travail du sol et de semer en même temps avec un semoir associé.

On peut aussi profiter du même passage pour apporter la fertilisation chimique (liquide ou solide) et pour faire certains traitements. Depuis longtemps, les semoirs de précision sont équipés de fertiliseurs, c’est-à-dire d’un petit distributeur d’engrais solides en localisation près de la graine semée.

Une autre idée, initialement destinée à la lutte contre l’érosion éolienne, s’est développée récemment : c’est la limitation ou la suppression du travail du sol et en particulier du labour, en combinaison avec des associations éventuelles d’outils. Voici les principales techniques :

Non-labour :
— semis sur un passage croisé de chisel ;
— semis sur un passage d’appareils à disques ;
— semis sur un passage d’appareil rotatif commandé.

Semis direct :
— avec semoirs spéciaux alourdis, et passage dans la végétation précédemment détruite par des moyens chimiques (aminotriazole, paraquat, etc.) ou mécaniques (broyeurs).

Par exemple, il est devenu courant dans les grandes exploitations céréalières d’utiliser l’outil combiné composé d’une fraise transversale et d’un semoir. Le grain tombe par des tubes sans socs en avant de la fraise, qui gratte très superficiellement (4 à 5 cm pour un blé d’hiver) un sol non labouré au préalable et recouvert des résidus broyés. Le semis se fait donc à la volée, au milieu des débris végétaux, à une profondeur assez variable. Les objectifs traditionnels du semis ne sont plus respectés ; cependant, avec quelques précautions, les résultats sont très valables en sols stables, et le gain se situe (malgré le coût élevé de l’investissement) au niveau de l’organisation du travail (peu de jours disponibles pour faire un blé d’hiver derrière un maïs tardif) et de l’économie de main-d’œuvre (ferme céréalière : 1 homme pour 80 à 100 ha !).

Le semis direct réduit au minimum le matériel nécessaire à l’implantation de la culture. On supprime le labour, on supprime le grattage, on se contente grâce à un semoir très lourd muni d’organes d’enterrage très coupants (par exemple un disque avant de découpage et deux disques arrière obliques pour l’enterrage) de placer la graine au fond d’une mince saignée. La végétation doit être soigneusement détruite par des désherbants spéciaux, dont les prix sont encore élevés. Les risques pris sont assez grands. Un bilan final doit être fait si l’on veut comparer avec une méthode plus traditionnelle.

La technique est actuellement expérimentée sur les céréales ordinaires et, dans une moindre mesure, sur le maïs ; elle est encore peu répandue dans la pratique, même aux États-Unis.


La protection des cultures

La simplification des techniques culturales exige la maîtrise du parasitisme végétal ou animal. Les matériels de traitement antiparasitaire sont en expansion, surtout avec le développement de la fertilisation liquide, qui fait appel à des pulvérisateurs.

Les produits toxiques pour les parasites doivent être apportés : à la dose voulue (concentration de produit actif) ; à l’endroit le plus favorable ; au moment optimal.

La forme liquide est la plus courante, bien que certains parasites soient détruits par poudrage. Les liquides sont apportés par des pulvérisateurs, mais les différents traitements n’exigent pas les mêmes caractéristiques.