Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
M

machinisme agricole (suite)

Les traitements anticryptogamiques exigent, par exemple, des gouttes très fines, très bien réparties, sur les deux faces des feuilles. Les traitements herbicides, au contraire, se contenteront de gouttelettes plus grosses ; avec des gouttes trop petites, on risquerait d’entraîner le produit toxique vers d’autres cultures. La fertilisation liquide sera moins exigeante sur la qualité de la pulvérisation, encore que des brûlures foliaires peuvent apparaître avec des gouttes trop petites. Les traitements insecticides demanderont eux aussi des gouttes relativement grosses, mais une excellente répartition.

Deux problèmes mécaniques doivent être résolus par les appareils :
— la division du liquide en particules de la dimension recherchée ;
— le transport sur le végétal aux endroits optimaux.

Ces deux critères permettent de classer les appareils en plusieurs catégories.

Les pulvérisateurs à pression de liquide et à jet projeté sont de loin les plus courants. Le liquide est mis sous pression, il se pulvérise en passant par un orifice calibré, l’énergie cinétique due à la pression est suffisante pour transporter le liquide jusqu’à la végétation à traiter. Ils comportent essentiellement les éléments suivants : un réservoir, une pompe, un système de réglage et de contrôle, des filtres et des canalisations, des buses.

Le réservoir, outre une capacité importante pour limiter les pertes de temps au remplissage, doit posséder deux qualités principales :
— une bonne résistance à la corrosion (cuves en polyesters armés par des fibres de verre, ou en polyéthylène) ;
— un système d’agitation efficace (agitateurs mécaniques à hélice ou agitation par retour à la cuve du liquide en excès aspiré par la pompe).

Les pompes sont de types très divers. Les pompes dites « à piston-membrane » présentent l’avantage de ne pas mettre le liquide en contact avec la tête du piston. Les pressions les plus élevées sont obtenues avec les pompes à pistons. Les pompes à rouleaux et les pompes centrifuges donnent des débits élevés sous faible pression. Les régulateurs maintiennent la pression constante au niveau des buses. On peut les assimiler schématiquement à une soupape à ressort taré dirigeant l’excédent du débit de la pompe vers la cuve. Des systèmes récents permettent de faire varier le débit des buses en fonction de la vitesse réelle d’avancement, ce qui élimine les inconvénients de répartition dus aux variations de patinage des roues du tracteur.

Les buses ont pour rôle de laisser passer le liquide en bout de tuyauterie pour donner au jet certaines caractéristiques. Les buses à chambre de turbulence donnent un jet conique plein ou creux, les buses à fente donnent un jet très mince en forme de pinceau, les buses à miroirs donnent une nappe très large de liquide. Toutes les buses comportent un orifice calibré au centre d’une pastille interchangeable.

Les buses sont montées sur des rampes dont la forme est adaptée à la culture que l’on veut traiter. En grande culture, des rampes de 12 à 15 m et même davantage posent des problèmes de stabilisation transversale ; elles sont parfois montées sur un système pendulaire amorti hydrauliquement.

La polyvalence des appareils à pression à jet projeté est recherchée (différents types de traitement et fertilisation liquide), mais au niveau des buses et des pompes il y a généralement spécificité. (Exemples : buses à fente à basse pression pour herbicides, buses à turbulence à haute pression pour fongicides.)

Les pulvérisateurs à pression de liquide et à jet porté comportent tous les éléments des précédents, mais, en plus, un ventilateur, généralement hélicoïde, qui souffle un courant d’air à fort débit au niveau des buses de pulvérisation du liquide, disposées généralement en arcs de cercle (200 à 230°). Le courant d’air améliore un peu la pulvérisation, mais surtout transporte les gouttelettes jusqu’au végétal, en assurant par surcroît un brassage du feuillage favorable au dépôt sur toutes les faces. Ce sont généralement des appareils à grand travail utilisés en arboriculture et en viticulture.

Les pulvérisateurs pneumatiques réalisent la pulvérisation en très fines gouttelettes en faisant arriver un courant d’air à grande vitesse sur une nappe de liquide sans pression. Le courant d’air sert aussi au transport des particules, et de son débit dépend la portée de l’appareil. Les pulvérisations obtenues sont d’une très grande finesse et permettent d’envisager pour certains traitements fongicides des pulvérisations à très faible volume par hectare : une pulvérisation courante emploie 600 à 800 l/ha de liquide, les faibles volumes par hectare commencent au-dessous de 50 litres ; on est descendu au-dessous de 10 l/ha, en utilisant des supports huileux en particulier. L’intérêt est évident du point de vue de l’organisation des chantiers, mais les risques sont plus grands, car la dose létale due à la concentration en produit actif reste toujours la même quel que soit le volume de liquide épandu. D’autre part, la pulvérisation très fine augmente les risques d’entraînement par le vent.

• Epandage aérien. L’idée est ancienne : dès 1911, Zimmermann envisagea des traitements insecticides par avion sur forêts. Mais le développement de l’aviation agricole fut très lent jusqu’à la dernière guerre. Il fallut attendre les perfectionnements des avions, la baisse relative de leurs coûts et la disponibilité de pilotes qualifiés.

Actuellement en France, plusieurs dizaines de milliers d’hectares sont traités par avion, mais cette surface reste faible par rapport aux possibilités et au développement de l’aviation agricole dans d’autres pays (États-Unis, U. R. S. S., Nouvelle-Zélande). L’aviation agricole n’a pas seulement pour but la destruction des parasites animaux et végétaux des plantes cultivées, mais aussi la destruction des animaux nuisibles à l’homme (acridiens, moustiques, etc.) et l’épandage d’engrais, voire le semis dans les rizières. En France, on effectue surtout des traitements fongicides et insecticides sur les vignes, le colza et les céréales.

On se heurte en France à un problème de structures agricoles et de mentalité individualiste des agriculteurs.