Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
M

MacDonald (James Ramsay) (suite)

Son socialisme, tel qu’il l’expose dans plusieurs ouvrages théoriques, est fortement teinté par l’évolutionnisme darwinien : la société se développe à l’image d’un organisme vivant ; le socialisme correspond donc au progrès de l’espèce. Il s’imposera de lui-même par une sorte de processus biologique : « Solvitur ambulando », aime-t-il à dire, ou encore : « Le laboratoire, non la révolution. » C’est donc un tenant d’une socialisation graduelle. Son idéal le porte vers un socialisme de type démocratique et fort modéré : d’où une large audience en Angleterre. En dépit de l’opposition violente des socialistes avancés et des syndicalistes révolutionnaires, Ramsay MacDonald fait prévaloir cette conception dans les rangs du Labour, dont il est le président de 1911 à 1914.

L’entrée en guerre de l’Angleterre en 1914 introduit une cassure dans sa carrière. Tout de suite, MacDonald prend position contre la guerre : non pas qu’il soit, comme on l’a dit par erreur, un pacifiste, mais plutôt par horreur du militarisme et des massacres. Ce qu’il réclame, c’est l’ouverture de négociations pour une paix de compromis sous le contrôle du Parlement (il est l’un des fondateurs de l’Union pour le contrôle démocratique) afin de mettre sur pied un nouvel ordre international qui supprimerait à la racine tout danger de guerre. Une telle attitude, jugée antipatriotique, lui vaut de furieuses attaques pendant toute la guerre et même bien au-delà. Mais c’est bien à tort que ses ennemis le présentent comme germanophile, extrémiste et révolutionnaire. Néanmoins, MacDonald se trouve poussé vers la gauche ouvrière et socialiste, dont l’appui va lui permettre d’être porté de nouveau à la tête du Labour Party en 1922.

Lorsque les élections de décembre 1923 donnent 191 sièges aux travaillistes, il est appelé à former le gouvernement, avec le soutien des 158 libéraux. Ce premier ministère travailliste, qui ne dure que quelques mois (22 janv. - 4 nov. 1924), se heurte à l’intérieur à de graves difficultés économiques et sociales sans parvenir à la moindre solution ; à l’extérieur, l’action de MacDonald (qui cumule les fonctions de ministre des Affaires étrangères avec la charge de Premier ministre) s’exerce en faveur de la détente, de la coopération internationale et de la S. D. N., en liaison avec E. Herriot et le gouvernement du cartel des gauches en France (accord sur les réparations allemandes).

Les élections d’octobre 1924 ramènent au pouvoir les conservateurs, et MacDonald se retrouve leader de l’opposition. Mais, pour le Labour Party, la preuve a été faite que le parti ne craignait pas d’assumer les responsabilités du pouvoir. Une nouvelle expérience travailliste commence en 1929, quand, lors du renouvellement de la Chambre, le groupe travailliste devient le premier en nombre aux Communes. Mais, cette fois-ci encore, le gouvernement de MacDonald doit faire appel à l’appui des libéraux pour disposer d’une majorité, ce qui est une source constante d’affaiblissement. Surtout la crise mondiale de 1929, en aggravant subitement le problème déjà redoutable du chômage, amène les travaillistes à se diviser en deux camps : d’un côté ceux qui, avec Philip Snowden, le chancelier de l’Échiquier, appuyé par MacDonald, peu au fait des problèmes économiques et méfiant des experts, songent à des solutions plus orthodoxes que socialistes ; de l’autre côté ceux qui voient dans le chômage le mal social par excellence sécrété par le capitalisme et donc se refusant à toute réduction des allocations versées aux chômeurs. La crise atteint son point culminant en août 1931. Un effondrement complet menace l’économie britannique. Le gouvernement fait appel sans succès aux banques et à l’Amérique. Devant cette situation catastrophique, le 24 août, MacDonald remet au roi la démission du gouvernement travailliste, mais, à la stupéfaction de ses amis, il entreprend aussitôt de former un nouveau gouvernement de coalition avec les conservateurs et les libéraux. Les travaillistes, dont seule une petite minorité, avec P. Snowden et J. H. Thomas, suit MacDonald, crient à la trahison. Le parti est ébranlé jusqu’à la base ; c’est la scission entre « travaillistes » et « travaillistes nationaux ». Néanmoins, grâce à ses alliés conservateurs, MacDonald obtient le soutien massif du pays aux élections de 1931. Il reste Premier ministre jusqu’à juin 1935, continue sur le plan international de négocier en vue du désarmement, prône la conciliation à la S. D. N. et l’« apaisement » face à l’Allemagne, mais son influence ne cesse de décliner.

F. B.

➙ Travailliste (parti).

 M. A. Hamilton, James Ramsay MacDonald (Londres, 1929). / G. E. Elton, The Life of James Ramsay MacDonald, 1866-1919 (Londres, 1939). / B. Sacks, James Ramsay MacDonald in Thought and Action (Stanmore, 1970).

Macédoine

Région de la péninsule des Balkans*, aujourd’hui partagée entre la Grèce*, la Bulgarie* et la Yougoslavie*.



Jusqu’à l’installation des Turcs

Les tribus illyriennes ou thraces qui étaient présentes en Macédoine dans l’Antiquité ont été hellénisées et romanisées (v. Alexandre le Grand, Antigonides, Grèce et hellénistique [monde]). À partir de 395, la région est incluse dans la partie orientale de l’Empire romain. Les tribus slaves commencent à s’implanter dans la région au vie s., assiégeant sans succès Thessalonique avec les Avars (en 584-586), puis seules. Au viie s., on mentionne dans cette région une « Sclavinia » peuplée de Slaves, qui, à la fin de ce siècle, est soumise par l’empereur de Byzance Justinien II ; la population slave est alors en partie déportée en Asie mineure et remplacée par des Arméniens et des Scythes. À partir de la seconde moitié du ixe s., la Macédoine, moins la région côtière, se trouve dans l’Empire bulgare (en particulier celui de Siméon [893-927] et celui de Pierre [927-969J). À la fin du ixe s. et au début du xe, la christianisation s’y étend sous l’influence des moines Clément et Naoum, installés à Ohrid après avoir séjourné à la Cour bulgare ; le bogomilisme s’y implante au xe s., mais il est vivement combattu.