Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
M

Macdonald (sir John Alexander) (suite)

En septembre 1864, Macdonald participe à Charlottetown, capitale de l’île du Prince-Édouard, à la première conférence qui envisage l’union des diverses provinces : le principe d’une confédération y est déclaré « hautement désirable ». En 1866, le leader conservateur séjourne en Angleterre pour défendre le projet. En février et en mars 1867, la Chambre des lords, puis les Communes adoptent l’« Acte de l’Amérique du Nord britannique », qui marque la naissance du Canada moderne : Macdonald a été le plus éminent de ses pères fondateurs. Aussi est-il placé à la tête du premier cabinet du pays. Il peut, dès lors, mettre en œuvre toute son habileté pour diriger l’immense « Dominion » en tenant compte des intérêts, souvent divergents, qui sont représentés au sein de son gouvernement.

Il préside d’emblée à des accroissements considérables des territoires dépendant du Canada : en 1869, ce dernier s’agrandit des immenses régions dépendant de la Compagnie de la baie d’Hudson ; le Manitoba (1870), puis la Colombie britannique (1871) et l’île du Prince-Édouard (1873) deviennent des provinces. Quant à la Nouvelle-Écosse, tentée par la sécession, de généreux subsides suffisent à la maintenir dans le giron confédéral (1869). Mais l’expansion intérieure ne va pas sans injustices, et Macdonald doit faire face à la première révolte de Louis Riel*, qui, en 1870, a pris la tête des métis francophones du Manitoba, victimes de la colonisation anglaise. D’autre part, à l’extérieur, il doit céder devant une commune pression de Londres et de Washington lorsqu’il lui faut renoncer aux îles San Juan, au sud de Vancouver (1871). La question de la liaison avec ces lointaines régions de la Colombie britannique entraînera sa chute : pour décider cette colonie à entrer dans le Dominion, le Premier ministre s’engage à construire une voie ferrée jusqu’au Pacifique dans les dix années suivant l’intégration. Cette œuvre immense, très coûteuse, sera finalement confiée, en 1872, à la société du Canada Pacific Railway ; l’année suivante, un scandale éclate : la société du transcontinental a alimenté les caisses du parti conservateur pour 350 000 dollars. Avec une incroyable naïveté, Macdonald a laissé des traces évidentes des versements : il doit démissionner (5 nov. 1873) et laisser la place aux libéraux.

Leader de l’opposition, il bénéficie alors des difficultés économiques que doivent affronter ses adversaires : il défend le protectionnisme pour lutter contre le chômage et se retrouve ainsi Premier ministre au lendemain des élections de 1878.

Sa tâche la plus importante sera de reprendre la délicate question du chemin de fer transcontinental : celle-ci est étudiée avec un nouveau groupe, qui emporte l’affaire en 1880. La société du Canadian Pacific Railway connaît de graves difficultés financières, mais Macdonald ne peut se permettre encore des déboires dans ce domaine : il soutient à fond le C. P. R., qui vient à bout de la tâche en 1885. L’arrivée de la voie ferrée avait encore bouleversé la vie des métis, établis maintenant dans la région de la Saskatchewan : la seconde révolte de Riel, l’année de l’ouverture de la voie, peut être rapidement réprimée grâce au transport rapide des troupes par le chemin de fer. Le chef des mutins sera condamné à mort. Macdonald se voit déléguer le droit de grâce par Victoria ; après bien des hésitations, il se décide à laisser exécuter Riel, ce qui lui vaudra, au Québec, l’accusation de fanatisme : beaucoup de conservateurs francophones l’abandonneront, mais ces pertes seront compensées par le ralliement de nombreux libéraux anglophones.

La fin de la carrière de Macdonald est marquée par d’autres problèmes, que seul son génie politique peut résoudre : sur le plan commercial, il rétablit un certain protectionnisme sans soulever trop de mécontentement à Londres (1879) ; sur le plan de la politique intérieure, il s’attache à développer les pouvoirs du gouvernement central face à ceux des provinces, souvent mal définis : il faut désormais compter avec un certain nationalisme (Québec) ou avec des menaces de sécession (Nouvelle-Écosse). Au Manitoba, la protection de la minorité francophone pose enfin un problème particulièrement ardu. Mais les difficultés économiques restent encore peut-être les plus préoccupantes à la veille des élections de 1891. Les imprudences de certains adversaires libéraux, qui vont jusqu’à envisager le rattachement aux États-Unis pour retrouver la prospérité, permettent à Macdonald de centrer sa campagne électorale sur les menaces que certains traîtres font peser sur le Canada : cela vaut sa dernière victoire au vieux leader, qui meurt quelques semaines après le scrutin.

S. L.

➙ Canada.

MacDonald (James Ramsay)

Homme d’État britannique (Lossiemouth, Morayshire, Écosse, 1866 - en mer pour l’Amérique du Sud 1937).


Fils illégitime d’une fille de ferme écossaise, MacDonald connaît une enfance pauvre et dure. Remarqué par l’instituteur du village, il devient élève-maître, puis s’en va chercher fortune en Angleterre, à Londres notamment, où il exerce divers métiers en menant une existence difficile. Sa volonté de parvenir l’emporte : secrétaire d’un politicien libéral, il écrit dans plusieurs journaux et entre en contact avec les milieux fabiens. En 1894-1896 se produisent deux événements qui marquent un tournant décisif pour son avenir : sa conversion au socialisme (il adhère à l’Independent Labour Party) et son mariage avec la fille du riche et célèbre physicien John Hall Gladstone (ce qui lui ouvre les portes de la bourgeoisie).

En 1900, lorsqu’est créé le Labour Representation Commitee, MacDonald en est élu secrétaire, car il commence à être connu pour ses talents de propagandiste et son sens tactique du compromis. Adroitement, il conclut un pacte électoral avec le parti libéral, ce qui permet de faire élire en 1906 vingt-neuf députés du nouveau Labour Party (lui-même devient député de Leicester). Au milieu de militants honnêtes et dévoués, mais ternes et peu doués pour la parole, il s’impose de plus en plus par la diversité de ses qualités : une allure distinguée, une belle voix sonore et profonde, du discernement et de l’acuité dans le jugement, de la capacité pour s’exprimer d’une manière aussi habile que généreuse (que ce soit par l’écrit ou par la parole). Mais surtout, chez cet homme ambitieux et conscient de sa valeur, de surcroît travailleur acharné, le réalisme politique est la marque dominante. Pour MacDonald, avant de réaliser la Jérusalem socialiste, il faut d’abord assurer les progrès quotidiens du mouvement, utiliser toutes les ressources de la procédure parlementaire, savoir rédiger des motions de conciliation sans pour autant décourager les enthousiasmes, introduire les compromis opportuns qui triomphent des obstacles et rallient les opposants.