Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
L

luxation (suite)

Le pronostic est très variable selon l’articulation atteinte, le type, les conditions de la réduction. En principe, dans une luxation non compliquée réduite précocement, l’évolution se fait vers la guérison en quelques semaines, mais peuvent persister raideurs, ankyloses, ou au contraire laxité articulaire exposant à des récidives. À un degré extrême est réalisé le tableau de la luxation récidivante, qui se produit après des traumatismes insignifiants et ne s’observe pratiquement qu’au niveau de l’épaule et de l’articulation temporo-maxillaire (mâchoire).


Traitement

Le traitement des luxations est la réduction d’urgence, en s’abstenant de toute manœuvre brutale, ce qui impose l’anesthésie générale pour vaincre la contracture musculaire. Pour chaque type de luxation existent une ou deux manœuvres de choix. Si la luxation est irréductible par manœuvres externes, il faut recourir à la reposition sanglante. Le maintien de la réduction est en général aisé par bandage ou plâtre. La mobilisation active et passive doit être entreprise le plus rapidement possible pour éviter la raideur et l’ankylose, mais il faut employer avec prudence les massages, facteurs d’ostéomes, surtout chez l’enfant. Si la luxation a été négligée, l’évolution se fait vers le comblement de la cavité articulaire, la dégénérescence fibreuse de la capsule et des ligaments, l’extrémité luxée étant fixée dans son nouveau gîte ; c’est le tableau de luxation ancienne, qui commande l’arthrotomie, l’excision des parties fibreuses et la remise en place des extrémités.

Luxation congénitale de la hanche

La luxation congénitale de la hanche* est la complication fréquente d’un vice de formation de cette articulation, la « malformation luxante ». Elle s’observe surtout en Europe et plus particulièrement dans certaines contrées (Bretagne, Massif central). Beaucoup plus fréquente chez les filles que chez les garçons, elle est habituellement bilatérale. Anatomiquement, elle se caractérise par un manque de développement du toit du cotyle (cavité articulaire de l’os iliaque), une antéversion exagérée du col fémoral et une laxité capsulaire particulière.

Cliniquement, les symptômes ne deviennent évidents que lorsque l’enfant commence à marcher, entre 15 et 18 mois : raccourcissement du membre, atrophie musculaire, boiterie caractéristique avec plongeon lors de l’appui. Le traitement de ces luxations décelées tardivement est long et difficile : réduction progressive par extension continue, contention plâtrée, voire correction chirurgicale de la dysplasie fémorale ou cotyloïdienne. Les séquelles sont très fréquentes, d’autant plus graves que le diagnostic et la mise en œuvre du traitement auront été plus tardifs (luxation invétérée).

Cette gravité du pronostic explique l’importance primordiale d’un diagnostic précoce, dès la naissance, des hanches luxées ou simplement luxables. Ce diagnostic est possible par l’examen systématique des nouveau-nés, chez lesquels on effectue entre autres la recherche du signe pathognomonique de l’affection : le signe du ressaut, secousse que l’on perçoit au cours de l’examen alors que l’on fait rentrer ou sortir la tête fémorale de la cavité cotyloïde. La radiographie précise alors l’importance des anomalies articulaires. À ce stade, la simple mise en abduction permanente des hanches à l’aide d’attelles ou de coussins suffit à éviter la luxation et permet le développement normal de la marche : la surveillance clinique et radiologique permet de constater en quelques semaines la stabilité de la hanche avec disparition très rapide du ressaut, le développement du toit du cotyle. Ainsi, ce ne sera qu’exceptionnellement que l’on sera amené à recourir au traitement chirurgical classique des luxations confirmées.

P. D.

Luxembourg (grand-duché de)

État d’Europe occidentale.
L’importance politique et économique du grand-duché est sans commune mesure avec ses dimensions modestes (superficie de 2 586 km2, soit la moitié d’un département français, 82 km du nord au sud et 57 km [au maximum] d’ouest en est) et sa population réduite (339 848 hab. au recensement de 1970).


Géographie


Le cadre

Le sous-sol divise nettement le grand-duché en deux parties. Au nord, l’Oesling (E’Slek en luxembourgeois) est un morceau de l’Ardenne, occupant 828 km2, près du tiers du pays. Au sud d’une ligne partant de Martelange (Belgique) vers Ettelbrück et Diekirch, c’est le Gutland, le « Bon Pays » (1 758 km2), morceau du Bassin parisien.

L’Oesling est formé de roches primaires (dévoniennes), de grès et de quartzites durs et de schistes plus tendres. C’est un plateau dont les altitudes se tiennent aux environs de 450 à 500 m et qui appartient en presque totalité au bassin de la Moselle. La Sûre et ses affluents, la Wiltz, la Clerf, l’Our, ont souvent réduit ce plateau à d’étroites lanières entaillant de larges et profondes vallées avec de magnifiques versants boisés. La moindre surface plane (sommet de plateau, replat, fond de vallée) est occupée par les cultures. Le paysage offre ainsi un mélange de grandeur sauvage et de mise en valeur minutieuse (celle-ci malgré des sols minces, caillouteux et naturellement trop siliceux, et aussi un climat assez rude en hiver [Clervaux, à 360 m, a une température moyenne annuelle de 7,9 °C], avec des pluies de l’ordre de 800 à 1 000 mm).

Le Gutland, le Bon Pays, au sud, est plus bas. Les altitudes se situent, le plus souvent, entre 300 et 350 m. Il correspond à une avancée vers le nord-est des couches sédimentaires (jurassiques et triasiques) du Bassin parisien. Les couches sont inclinées vers le sud-ouest, et l’alternance des couches dures gréso-calcaires ou calcaires et des couches tendres, marnes ou argiles, explique une succession de plateaux et de dépressions, les plateaux dominant les dépressions par des reliefs de côte dont le talus abrupt est tourné vers le nord ou le nord-est. Après une étroite dépression périphérique, l’Ardenne est bordée par la côte puissante, haute de 200 m, des calcaires du Muschelkalk (Trias) ; quelques kilomètres plus au sud, c’est la côte du calcaire gréseux du Luxembourg (Lias), la plus importante, car elle prend tout le pays en écharpe ; ces calcaires forment, à l’est, les pittoresques escarpements de la « Suisse luxembourgeoise » et ils supportent la ville de Luxembourg. Au sud-ouest vient une troisième côte, celle du Macigno et enfin, à l’extrême sud-ouest, la côte des calcaires jurassiques, bajociens, au pied de laquelle on exploite le minerai de fer. Coulant du sud au nord, d’Esch à Ettelbrück, en traversant Luxembourg, l’Alzette passe, exactement, au milieu du Gutland. Ici, les sols sont meilleurs que dans l’Oesling, et la moyenne des températures remonte (8,8 °C à Luxembourg). Ce n’est plus la grandeur des paysages ardennais, mais encore une remarquable variété de sites agréables, c’est une présence humaine encore plus forte... C’est une forme différente de la séduction de ce pays.