luxation (suite)
Le pronostic est très variable selon l’articulation atteinte, le type, les conditions de la réduction. En principe, dans une luxation non compliquée réduite précocement, l’évolution se fait vers la guérison en quelques semaines, mais peuvent persister raideurs, ankyloses, ou au contraire laxité articulaire exposant à des récidives. À un degré extrême est réalisé le tableau de la luxation récidivante, qui se produit après des traumatismes insignifiants et ne s’observe pratiquement qu’au niveau de l’épaule et de l’articulation temporo-maxillaire (mâchoire).
Traitement
Le traitement des luxations est la réduction d’urgence, en s’abstenant de toute manœuvre brutale, ce qui impose l’anesthésie générale pour vaincre la contracture musculaire. Pour chaque type de luxation existent une ou deux manœuvres de choix. Si la luxation est irréductible par manœuvres externes, il faut recourir à la reposition sanglante. Le maintien de la réduction est en général aisé par bandage ou plâtre. La mobilisation active et passive doit être entreprise le plus rapidement possible pour éviter la raideur et l’ankylose, mais il faut employer avec prudence les massages, facteurs d’ostéomes, surtout chez l’enfant. Si la luxation a été négligée, l’évolution se fait vers le comblement de la cavité articulaire, la dégénérescence fibreuse de la capsule et des ligaments, l’extrémité luxée étant fixée dans son nouveau gîte ; c’est le tableau de luxation ancienne, qui commande l’arthrotomie, l’excision des parties fibreuses et la remise en place des extrémités.
Luxation congénitale de la hanche
La luxation congénitale de la hanche* est la complication fréquente d’un vice de formation de cette articulation, la « malformation luxante ». Elle s’observe surtout en Europe et plus particulièrement dans certaines contrées (Bretagne, Massif central). Beaucoup plus fréquente chez les filles que chez les garçons, elle est habituellement bilatérale. Anatomiquement, elle se caractérise par un manque de développement du toit du cotyle (cavité articulaire de l’os iliaque), une antéversion exagérée du col fémoral et une laxité capsulaire particulière.
Cliniquement, les symptômes ne deviennent évidents que lorsque l’enfant commence à marcher, entre 15 et 18 mois : raccourcissement du membre, atrophie musculaire, boiterie caractéristique avec plongeon lors de l’appui. Le traitement de ces luxations décelées tardivement est long et difficile : réduction progressive par extension continue, contention plâtrée, voire correction chirurgicale de la dysplasie fémorale ou cotyloïdienne. Les séquelles sont très fréquentes, d’autant plus graves que le diagnostic et la mise en œuvre du traitement auront été plus tardifs (luxation invétérée).
Cette gravité du pronostic explique l’importance primordiale d’un diagnostic précoce, dès la naissance, des hanches luxées ou simplement luxables. Ce diagnostic est possible par l’examen systématique des nouveau-nés, chez lesquels on effectue entre autres la recherche du signe pathognomonique de l’affection : le signe du ressaut, secousse que l’on perçoit au cours de l’examen alors que l’on fait rentrer ou sortir la tête fémorale de la cavité cotyloïde. La radiographie précise alors l’importance des anomalies articulaires. À ce stade, la simple mise en abduction permanente des hanches à l’aide d’attelles ou de coussins suffit à éviter la luxation et permet le développement normal de la marche : la surveillance clinique et radiologique permet de constater en quelques semaines la stabilité de la hanche avec disparition très rapide du ressaut, le développement du toit du cotyle. Ainsi, ce ne sera qu’exceptionnellement que l’on sera amené à recourir au traitement chirurgical classique des luxations confirmées.
P. D.