Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
L

Luxembourg (grand-duché de) (suite)

La population

Avec ses 340 000 habitants, le Luxembourg a une densité de 131,4, inférieure à celle de tous ses voisins, France exceptée. La croissance est lente : 0,1 à 0,5 p. 100 par an depuis 1965 ; le cap des 200 000 habitants était franchi dans le dernier tiers du xixe s. et celui des 300 000, atteint en 1930. Aujourd’hui, parfois, fait à première vue insolite, la population diminue. C’est que les deux composantes de ce mouvement sont originales. L’excédent naturel est faible : 0,8 p. 1 000 en 1970, 0,1 p. 1 000 en 1971, car la natalité est la plus faible de toute l’Europe du Nord-Ouest (en 1971 : 13 p. 1 000). Il en résulte un vieillissement de la population (les personnes de plus de cinquante ans forment 29,8 p. 100 du total) et une pénurie de main-d’œuvre qui oblige le pays à faire appel aux étrangers. Le nombre des étrangers dépasse 55 000 (en 1966, 17 p. 100 de la population) ; l’apport le plus important venait d’Italie, mais, actuellement, il vient principalement de France, puis de Belgique. En cas de récession économique, le nombre des étrangers diminue (ce qui explique le recul de la population). Le Luxembourg fait aussi largement appel à des frontaliers (7 000 en 1970), qui habitent la France ou la Belgique. La plus grande partie de la population se concentre au sud-ouest, dans la région ferrifère et autour de Luxembourg. Dans la région du fer, à l’extrême sud-ouest, le canton d’Esch-sur-Alzette comptait, en 1970, 114 784 habitants, soit une densité de 473 habitants au kilomètre carré. Là se trouve une conurbation de villes récentes regroupant les huit premières villes du grand-duché, Luxembourg excepté : Esch (27 575 hab.), Differdange (17 363 hab.), Dudelange (14 612 hab.), etc. Cette zone de forte densité se continue selon un axe nord-sud, le long de l’Alzette ; ce sont d’abord les deux cantons de Luxembourg : 101 143 habitants, dont 76 143 pour la seule ville de Luxembourg, puis le canton de Mersch.

Cet axe de l’Alzette mène, à Ettelbrück, à un autre axe de densité moyenne : c’est le contact Oesling-Gutland avec de petites villes, Ettelbrück (5 998 hab.), Diekirch (5 056 hab.), Echternach (3 792 hab.). Un autre axe de densité moyenne suit, à l’est, la vallée de la Moselle avec Mondorf-les-Bains (2 061 hab.), Remich (2 139 hab.), Grevenmacher (2 916 hab.) et Mertert (3 012 hab.). L’Oesling est moins peuplé : les cantons de Vianden, Wiltz et Clervaux ont, respectivement, des densités de 49, 34 et 32 habitants au kilomètre carré. Les villes sont petites : Wiltz (3 921 hab.), Troisvierges (1 848 hab.), Vianden (1 519 hab.) et Clervaux (1 430 hab.).

Malgré les efforts des pouvoirs publics, ces contrastes s’accentuent. Les cantons de Clervaux et de Wiltz ont perdu, chacun, environ 2 500 habitants entre 1945 et 1970 ; inversement, le canton d’Esch en a gagné près de 20 000, et ceux de Luxembourg près de 25 000.


L’économie


L’agriculture

Elle occupe environ 11 p. 100 des actifs, près de 14 000 personnes, mais la production agricole ne représente plus que 6 p. 100 du produit intérieur brut. La forêt, bien qu’ayant fortement reculé, occupe encore près du tiers du pays. Les fermes pratiquent la polyculture, mais le seigle et le méteil ont reculé devant le blé, et le blé lui-même et la pomme de terre reculent devant l’orge, le maïs fourrager et devant l’herbe, qui occupe un peu plus de la moitié de la surface cultivée ; 80 p. 100 de cette surface sont consacrés à l’élevage. Les versants bien exposés de la Moselle sont couverts de vignes.

Les conditions naturelles sont souvent peu favorables, mais les sols ont été fertilisés par les scories Thomas, résidus de la sidérurgie ; l’agriculture grand-ducale a bénéficié d’un régime protectionniste ; la mécanisation a été très poussée, ainsi que la concentration des exploitations (la taille moyenne est passée de 12 à 21 ha de 1950 à 1970). L’entrée dans le Marché commun a posé des problèmes pour l’écoulement du lait, du beurre, du vin. L’habitat rural est partout groupé en villages ou en hameaux ; les champs ne sont pas enclos. Dans l’Oesling, le paysage est fait de trois étages : au fond des vallées, les prairies ; sur les pentes, les forêts ; sur le plateau et les replats, les cultures. Les villages et hameaux forment, sur le plateau, une tache claire avec leurs maisons pimpantes, blanches ou lie-de-vin. Dans le Bon Pays, les villages occupent souvent des sites de côte.


L’industrie

Elle occupe 46 p. 100 de la main-d’œuvre et assure plus de la moitié du revenu national.

La sidérurgie tient une place prépondérante. « Le Luxembourg est un don du fer. » Le grand-duché ne vient guère qu’au vingtième rang mondial pour la production d’acier, mais la production par habitant (10 t) le place au premier rang. Une partie de cette industrie se trouve à Eich, au nord de la ville de Luxembourg, mais l’essentiel est au sud-ouest du pays, à Esch-sur-Alzette, Differdange, Rodange, dans un groupe de villes situées au voisinage de la côte de calcaire jurassique où l’on extrait le minerai de fer.

Le Luxembourg a une longue tradition du fer grâce à ses forêts, ses eaux, le minerai trouvé un peu partout. L’industrie moderne s’installa d’abord au nord de Luxembourg, puis, en 1870, elle s’implanta sur ce minerai liasique que l’on appelle la minette. Le ravitaillement en matières premières de cette sidérurgie pose quelques problèmes. Le coke est entièrement importé ; il arrive, pour une large part, à travers l’Ardenne, par la voie ferrée, du bassin d’Aix-la-Chapelle ; la canalisation de la Moselle n’a qu’un intérêt limité, car elle mène vers la Ruhr et ne traverse pas le bassin ferrifère grand-ducal. Le minerai de fer local est de faible teneur, et la production diminue ; l’exportation a cessé, et les importations sont de plus en plus élevées. L’exportation des produits fabriqués pose aussi des problèmes de transport.

Pour soutenir la concurrence, la sidérurgie s’est fortement concentrée. La première société, A. R. B. E. D. (Aciéries réunies de Burbach-Eich-Dudelange), a fusionné avec la seconde, H. A. D. I. R. (Hauts Fourneaux et Aciéries de Differdange-Saint-Ingbert-Rumelange). L’A. R. B. E. D. possède ses mines de charbon à Aix-la-Chapelle et dans la Ruhr, a des participations dans le monde entier (par exemple S. I. D. M. A. R., à Gand) ; elle a signé un accord avec la société sarroise Roechling, située de l’autre côté de la frontière. L’acier à l’oxygène représente une part de plus en plus grande de la production (38 p. 100 en 1970).