Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
L

lutte (suite)

Aujourd’hui, en lutte gréco-romaine, la suprématie appartient aux nations européennes de l’Est : U. R. S. S., Bulgarie, Allemagne orientale et Hongrie. Pour la lutte libre, ce sont des nations d’Extrême-Orient et du Moyen-Orient (le Japon, l’Iran, la Mongolie, la Turquie) et encore l’U. R. S. S. qui dominent. On doit toutefois noter une progression des Américains (du Nord et du Sud) et un retour des Scandinaves, qui furent longtemps des spécialistes de la gréco-romaine.


Les règles

La lutte est actuellement réglementée par la Fédération internationale, qui groupe plus de cent nations et ne reconnaît que deux styles : la lutte gréco-romaine et la lutte libre.

La lutte gréco-romaine est appelée à l’étranger « lutte française », à cause de son origine. C’est le Lyonnais Exbrayat qui en codifia les règles en 1848. Elle ne permet de porter des prises que de la tête à la ceinture. Il est interdit de faire intervenir l’action des jambes pour effectuer des prises. C’est une lutte qui demande surtout force et technique.

La lutte libre est la plus ancienne. Déjà dans l’Antiquité, les Grecs et les Égyptiens pratiquaient une sorte de lutte libre avec une réglementation beaucoup moins sévère que l’actuelle. Elle est plus rapide que la gréco-romaine et exige un souffle à toute épreuve. Elle fait intervenir l’action des jambes pour porter les prises. Elle est donc plus naturelle. La vitesse d’exécution et la souplesse y jouent un grand rôle.

Depuis le 1er janvier 1970, dix catégories de poids sont officiellement reconnues, dont les limites supérieures sont les suivantes : 48 kg, 52 kg, 57 kg, 62 kg, 68 kg, 74 kg, 82 kg, 90 kg, 100 kg et au-dessus de 100 kg.

Un combat de lutte, en compétition, disputé sur un tapis carré de 8 m de côté, peut être gagné soit par tombé, soit aux points. Il y a tombé lorsque les épaules d’un lutteur se trouvent en contact simultané avec le tapis et que l’arbitre a eu le temps, en frappant le tapis, de constater le touché au sol. Si le combat va à la limite des 9 minutes (un match comprend trois périodes de 3 minutes et 2 minutes de repos), la décision est rendue aux points. Ces points sont attribués comme suit : une prise qui met l’un des lutteurs en danger d’être tombé 5 secondes est cotée 3 points (on est en danger quand les épaules forment avec le tapis un angle de moins de 90°) ; une prise identique mettant en danger moins de 5 secondes ne vaut que 2 points ; sans mise en danger, elle est cotée 1 point, de même que les prises amenant l’adversaire à plat ventre sur le tapis.

Les points de pénalisation sont attribués comme suit : vainqueur par tombé, 0 point ; vainqueur aux points (avec 10 points d’avance), 0,50 point ; vainqueur aux points (moins de 10 points d’avance), 1 point ; match nul, 2 points ; battu aux points avec moins de 10 points de retard, 3 points ; battu par tombé, 4 points ; battu par abandon ou disqualification, 4 points. Tout lutteur ayant totalisé 6 points est éliminé. Les lutteurs inscrits dans la même catégorie de poids doivent se rencontrer les uns les autres tant qu’ils ne totalisent pas les 6 points de pénalisation.

Les principales prises en gréco-romaine sont : le tour de hanche, la ceinture (de côté, en bascule, à rebours), le bras à la volée et le roulé, le ramassement de bras, la manchette. En libre, ce sont : l’enfourchement, le ciseau, le crochet, le chassé, le ramassement de jambes, la prise de cuisse, la liane.

Pour atteindre l’échelon supérieur, l’athlète devra posséder les qualités de vitesse (primordiale), de coordination, de résistance, de souplesse et de force, cette dernière pour lui permettre de soulever de terre son adversaire ou de résister à sa force d’attraction.

La lutte est un sport de combat, mais loyal, où les risques d’accidents sont très réduits, car tout acte de brutalité est régulièrement sanctionné.

R. M.

luxation

Déplacement des extrémités articulaires des os entraînant une modification permanente de leurs rapports.


Si la perte de ces rapports est totale, il y a luxation complète ; s’il persiste un point de contact entre les surfaces articulaires, il s’agit de subluxation. À côté des luxations traumatiques, les plus fréquentes, il existe des luxations congénitales, dues à des malformations préexistantes, et des luxations spontanées ou pathologiques, dues à une altération aiguë ou chronique des extrémités osseuses.


Mécanismes des luxations

Les luxations traumatiques, rares chez l’enfant et le vieillard, s’observent essentiellement chez l’homme adulte, atteignant électivement le membre supérieur et en particulier l’épaule et le coude. Elles succèdent à un traumatisme direct ou indirect (chute ou mouvement forcé) ; la transmission de la violence traumatique, s’exerçant en dehors des points habituels de pression, entraîne une distension de la capsule articulaire, la désinsertion ou la rupture des ligaments ; une brèche est ainsi créée dans le manchon capsulaire, par laquelle s’extériorise l’extrémité osseuse. Les lésions de la capsule sont variables — tantôt désinsérée du pourtour cartilagineux, le plus souvent fendue plus ou moins largement —, les ligaments sont arrachés, rompus ou dilacérés ; il existe souvent des fractures parcellaires des extrémités osseuses, et tous les degrés de contusion, de dilacération sont possibles au niveau des parties molles (tendons luxés ou arrachés, muscles déchirés, vaisseaux et nerfs comprimés, peau perforée).


Signes cliniques

La douleur est toujours très vive au début, plus sourde ensuite, mais exacerbée par le moindre mouvement ; l’impotence est, en règle générale, absolue. La déformation articulaire constitue le signe majeur de toute luxation : la forme de la région est plus ou moins modifiée suivant l’articulation intéressée, la variété et l’étendue du déplacement ; dans certains cas, la saillie articulaire normale est remplacée par une dépression (luxation antéro-interne de l’épaule) ; dans d’autres au contraire, les extrémités osseuses déplacées font une saillie sous les téguments (luxation du coude en arrière). À chaque luxation appartient une morphologie particulière, et, dans un grand nombre de cas, l’aspect de la région est assez caractéristique pour qu’à la simple inspection le diagnostic s’impose ; de plus, le membre présente une attitude particulière qui ne peut être corrigée tant que la réduction n’est pas effectuée. L’examen radiographique montre le déplacement des surfaces, sa direction, son importance et décèle les lésions osseuses associées. Des complications sont toujours à craindre : la luxation ouverte, avec effraction cutanée, est rare ; au contraire, les fractures parcellaires associées (telle la fracture du trochiter dans la luxation de l’épaule), qui modifient peu le pronostic, sont fréquentes ; grave est l’association d’une fracture complète, telle l’énucléation de la tête numérale dans une fracture du col anatomique. Les lésions nerveuses ne sont pas exceptionnelles et doivent être recherchées systématiquement avant toute tentative de réduction : il s’agit le plus souvent d’une compression d’un tronc nerveux par l’extrémité articulaire luxée.