Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
L

liturgie (suite)

Au haut Moyen Âge, dans quelques grands monastères, l’extraordinaire extension du culte des reliques conduit à superposer l’autel, placé dans l’abside, à une crypte contenant les restes vénérés. Au couloir qui entoure celle-ci et permet l’accès des pèlerins répond un déambulatoire supérieur ; il complète les bas-côtés de la nef pour permettre le cycle complet des processions. En Rhénanie, l’établissement d’une seconde abside, opposée à la première, vise à compléter la combinaison des deux types de plan, centré et linéaire.

Le désir de rester sous la protection des reliques a favorisé aussi l’inhumation ad sanctos, dans l’église ou autour. Car la sacralisation des autels s’est étendue à l’édifice entier ; même placé sous le vocable d’un saint, celui-ci reste dédié à Dieu seul et tend à devenir aux yeux du public un temple. N’est-il pas, selon une tradition vivace, liée à la vision apocalyptique de la Jérusalem céleste, la demeure de Dieu parmi les hommes ? Vision idéale, et cependant concrétisée lorsque le progrès des techniques a permis de faire passer les représentations figurées de l’enduit opaque d’un mur de moellon à la paroi lumineuse enveloppant l’ossature de la cathédrale* gothique.


Conceptions sacrale et populaire

Si l’église médiévale, où toute architecture participe de l’esprit religieux, reste l’édifice public majeur, aux fonctions multiples et aussi bien civiles, elle se résigne peu à peu, aux temps classiques, à ses seules fonctions liturgiques. Curieusement, elle utilise alors les moyens de l’architecture laïque, lui empruntant la scénographie pour tenter de créer l’atmosphère favorable. Au symbolisme imagé de jadis, des modes de persuasion plus subtils se substituent après le concile de Trente*. Toutefois, la liturgie n’est pas encore remise en cause ; il faudra, pour cela, attendre les progrès de l’archéologie, à la fin du xixe s.

Déjà, au xvie s., la Réforme avait tenté un radical retour aux sources par son refus des intercesseurs, qui aboutissait à supprimer images et reliques, et même toute hiérarchie dans le culte ; le « temple » est alors redevenu salle de prière, souvent de plan carré ou circulaire. L’église du xixe s. a subi une évolution similaire et répudié par étapes une partie de sa tradition. Pour raviver la foi, le recours à l’esthétique des styles lui a fait adopter le gothique, puis le roman, le byzantin, le paléochrétien, étouffant toute religiosité sous la sécheresse des volumes et d’un mobilier commercialisé. L’insolite du cadre (passéiste ou d’avant-garde, au demeurant) ne saurait donner une réponse satisfaisante aux besoins liturgiques. Depuis le concile Vatican II*, un renouveau se dessine en ce sens, qui tend à faire disparaître à la fois la pacotille du dernier siècle et les vestiges de hiérarchie : chaires, bancs d’œuvre, stalles, grilles, etc. À l’extrême, on en vient à concevoir l’église dans un édifice voué à d’autres fonctions. L’essentiel, c’est-à-dire l’autel, reprend ainsi toute son importance ; et la piété privée s’efface, par la participation, devant l’aspect communautaire du sacrifice.

H. P.

➙ Baptistère / Basilique / Cathédrale / Mosquée / Pagode / Sacré (art) / Saint.

Liverpool

Quatrième ville et second port de la Grande-Bretagne.



Site et situation

La ville de Liverpool est située à l’extrémité aval et sur la rive droite de l’estuaire en forme de bouteille de la Mersey, à l’endroit où le goulet atteint sa largeur minimale (moins de 1 km). Jusqu’au xviie s., elle ne tira guère profit de cette situation, bien que sa charte urbaine, octroyée par le roi Jean sans Terre, date de 1207. Chester, au fond de l’estuaire voisin de la Dee, était alors le principal port de la côte occidentale de l’Angleterre entre les Galles et l’Écosse. Mais l’envasement de la Dee (Chester est maintenant 10 km à l’intérieur des terres) rendit possible l’essor de Liverpool.

Les conditions nautiques sont difficiles dans l’estuaire de la Mersey. Certes, le rétrécissement du goulet (un petit fossé tectonique déprimant les grès du Trias) contraint au creusement les courants de reflux, mais ceux-ci s’étalent ensuite dans la baie de Liverpool et y déposent des bancs de sable ; il faut donc draguer sans arrêt les approches du port. Surtout, la dénivellation des marées, au fond de cette baie en cul-de-sac ouverte sur l’Atlantique, est l’une des plus fortes d’Europe ; l’écart entre la haute et la basse mer dépasse 12 m en moyenne et davantage en vive eau.

Jusqu’au début du xviiie s., on laissait s’échouer les embarcations à marée basse. Puis on s’efforça de rendre le niveau d’eau du port indépendant de l’état de la marée ; c’est à Liverpool que fut inventée en 1715 la technique des bassins à flot, fermés à marée basse. L’augmentation du trafic maritime stimula la construction de nombreux bassins parallèles à la côte, de plus en plus grands et récents à mesure qu’on avance vers le nord. Le groupe des Gladstone Docks a été achevé en 1927, le groupe Seaforth en 1971. Liverpool a maintenant, sur une longueur de 15 km, le plus vaste ensemble de bassins à flot du monde. Sur la rive gauche de l’estuaire, à Birkenhead, une petite vallée perpendiculaire à la côte a été transformée en un chapelet de bassins à flot, tandis que le débarcadère pétrolier de Tranmere se situe à l’entrée du canal maritime de Manchester. La juridiction des autorités portuaires s’étend aux deux rives de la Mersey en aval de Speke.


Le trafic portuaire

Depuis plus de deux siècles, Liverpool a sans cesse tenu le rang de second port britannique après Londres (terminais pétroliers exclus). L’expansion maritime de la Grande-Bretagne en fit le port colonial par excellence, doté de nombreuses relations régulières avec les Antilles, les possessions d’Amérique du Nord, les comptoirs d’Amérique latine et d’Afrique occidentale, sans négliger pour autant les échanges avec l’Irlande, les pays baltes et la Méditerranée. De nos jours, les relations lointaines l’emportent encore largement sur le cabotage et les relations avec l’Europe continentale.

Si l’on fait abstraction des importations de pétrole (11 Mt par an), les orientations du trafic sont beaucoup plus équilibrées que dans les autres ports britanniques : cabotage, 5 Mt ; importations sèches, 8 Mt ; exportations, 5 Mt.