Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
L

Liverpool (suite)

Le cabotage porte surtout, aux sorties, sur les produits pétroliers raffinés. Dans les importations sèches figurent principalement les matières premières et les denrées nécessaires à la nombreuse population du nord et du centre de l’Angleterre : coton, minerai de fer, minerais non ferreux, bois, caoutchouc, tabac, sucre brut, céréales, fruits et denrées pour breuvages tropicaux, produits de l’élevage irlandais ainsi que des produits fabriqués des États-Unis.

Liverpool est, à égalité avec Londres, le premier port exportateur du royaume ; il expédie les produits finis des industries du Yorkshire, des Midlands et du sud de l’Écosse, en particulier des automobiles, des machines, des produits textiles et chimiques, des céramiques. L’arrière-pays de Liverpool déborde donc largement le Lancashire. Le trafic voyageurs n’intéresse plus guère que les relations avec la région caraïbe.


Les communications

Les rives de la Mersey disposent d’une forte infrastructure de voies de communication. Les plus anciens canaux britanniques, creusés dès le xviiie s., y aboutissent : canal latéral de la Weaver pour l’évacuation du sel du Cheshire, canal Sankey pour le transport du charbon, canal de Liverpool à Wigan (prolongé jusqu’à Leeds à travers la chaîne pennine en 1816), enfin canal maritime de Manchester, terminé en 1894. Ce dernier garde seul un trafic important ; les vieux canaux du xviiie s. ne servent plus qu’au transport de l’eau industrielle.

De même, le réseau ferroviaire, très dense, a été précocement installé (la voie ferrée Liverpool-Manchester a été ouverte dès 1830) et est en cours d’électrification. Un tunnel ferroviaire passe sous la Mersey, et la voie électrifiée Londres-Liverpool enjambe la Mersey à Runcorn. Le réseau routier en cours de modernisation (autoroutes) a un maillage serré ; deux tunnels routiers joignent Liverpool à Birkenhead ; plus en amont, des bacs très nombreux vont d’une rive à l’autre. L’aérodrome de Speke est de classe internationale.


L’industrie

Malgré l’abondance des voies de communication terrestres et des installations portuaires, l’industrie s’est développée tardivement sur les bords de la Mersey, pas avant la fin du xixe s., mais elle est, de nos jours, abondamment représentée, surtout, il est vrai, sur la rive sud.

Deux raffineries de pétrole reçoivent par un court oléoduc le brut arrivé à Tranmere : celle d’Ellesmere Port, petite, produit surtout des lubrifiants ; l’autre, à Stanlow (d’une capacité de 11 Mt), est la seconde des îles Britanniques et doit être la première en 1975, avec une capacité de 18 Mt. La pétrochimie de Stanlow produit des solvants, des engrais, des détergents, des résines synthétiques, des arômes.

À la tête de l’estuaire, les deux villes jumelles de Widnes et de Runcorn s’adonnent à la chimie minérale (soude, chlore et dérivés de ces deux corps) à partir du sel gemme du Cheshire. Plus en aval, à Bromborough et Port Sunlight, la chimie organique l’emporte, surtout celle des corps gras (savons, huiles comestibles, margarines, aliments du bétail), obtenus à partir des oléagineux importés et de la soude du Cheshire ; Port Sunlight est le premier centre britannique de traitement des corps gras. Ellesmere Port traite les bois canadiens dans une des plus grandes usines européennes de fabrication du papier. L’usine atomique de Capenhurst se livre à la séparation des isotopes de l’uranium. Birkenhead a une grosse minoterie et des chantiers de construction et de réparation navales.

Sur la rive droite, l’industrie a été longtemps limitée à la transformation et au conditionnement des denrées importées. Liverpool a des minoteries et des fabriques de biscuits (premier centre britannique pour la minoterie), des raffineries de sucre de canne (premier centre européen pour cette spécialité), des usines de torréfaction du café, de fabrication du chocolat, etc. Les industries des accessoires automobiles sont plus récentes. Bootle raffine les minerais non ferreux importés.

La contraction de l’emploi portuaire, le manque d’industries mécaniques, un taux de chômage élevé amenèrent l’État à favoriser en 1962-63 l’implantation de trois usines de construction automobile dans l’agglomération : deux dans la banlieue est de Liverpool, à Halewood (14 000 emplois) et à Speke, et une troisième sur la rive sud à Ellesmere Port (12 000 emplois). Ces trois usines font l’assemblage de voitures de tourisme et produisent aussi des pièces détachées pour les usines de montage de la banlieue de Londres, de Belgique et d’Allemagne fédérale.

Les rives de la Mersey ont de nos jours un extraordinaire rassemblement de grandes firmes britanniques ou étrangères : Unilever, Shell, Imperial Chemical Industries, Rio Tinto Zinc, Burmah Oil, Monsanto, Ford, Leyland, General Motors, Dunlop, Lockheed, Bowaters (papier), Tate and Lyle (sucre), Ranks Hovis (minoterie), etc. L’estuaire est l’un des plus industrialisés d’Europe ; mais il souffre d’une pénurie d’emplois tertiaires (installation récente à Bootle de la comptabilité des chèques postaux).


La conurbation et ses problèmes

La situation de l’emploi reste préoccupante et la conurbation de la Mersey bénéficie du statut de région de développement (aide de l’État aux firmes qui s’y installent). La proportion des jeunes (beaucoup en quête d’emplois) est, en effet, plus élevée qu’ailleurs en raison d’un taux de natalité très supérieur à la moyenne nationale, lui-même conséquence de l’afflux incessant d’immigrés irlandais. Le grand nombre des personnes d’origine irlandaise explique, par ailleurs, que Liverpool soit (après Londres) la seconde ville catholique de Grande-Bretagne.

La conurbation de la Mersey, dite Merseyside, perd une partie de ses habitants par émigration. Elle avait 1 386 000 habitants en 1951, 1 384 000 en 1961, 1 262 000 en 1971. Les travaux de rénovation urbaine sont responsables de la très forte diminution de la population à Liverpool même, principale ville de la conurbation : 857 000 habitants en 1931, 790 000 en 1951, 745 000 en 1961, 606 000 en 1971. La population diminue aussi, mais moins rapidement, à Birkenhead (137 000 hab. en 1971), à Wallasey (97 000), à Southport (84 000), à Bootle (74 000). Elle augmente au contraire à Ellesmere Port (32 000 hab. en 1951, 61 000 en 1971) et dans les deux villes nouvelles construites aux frais de l’État : Skelmersdale, fondée en 1961 (50 000 hab. en 1971) et Runcorn (40 000). La municipalité, de son côté, a construit de grands ensembles résidentiels à Speke et à Kirkby pour recevoir la population des quartiers centraux en cours de démolition et de reconstruction.