Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
L

Lippi (les) (suite)

Cette étape se marque décidément dans le Couronnement de la Vierge exécuté entre 1441 et 1447 (galerie des Offices, Florence), où le rythme décoratif l’emporte sur le volume. En 1447, la seigneurie de Florence commande à Lippi la Vision de la Vierge par saint Bernard (National Gallery, Londres), aux couleurs vives et peinte avec un sentiment attendri encore voisin de celui de l’Angelico*. Nommé en 1452 chapelain des nonnes de Santo Niccolò de Frieri à Florence, il y peint un tondo de la Vierge à l’Enfant actuellement au palais Pitti (Florence). Il entre dans la période la plus féconde de sa vie, remplaçant Fra Angelico pour l’importante commande des magistrats de la commune de Prato, qui le chargent, cette même année 1452, de décorer le chœur de leur cathédrale. Il y peint notamment les Histoires de saint Jean-Baptiste et de saint Étienne, avec l’assistance de Fra Diamante (1430 - v. 1498) ; ce travail durera jusqu’en 1464, avec des interruptions. Tout à fait maître de son écriture plastique, le peintre ordonne avec autorité le récit de la vie des deux saints, comme en témoigne la cohérence spatiale des Funérailles de saint Étienne. La maîtrise dans la narration dramatique permet de situer la Pietà du musée Poldi Pezzoli de Milan dans cette période, qui est celle d’une intense activité, marquée par de nombreuses commandes. De 1453 date la Vierge en trône entourée de deux saints (galerie communale de Prato), de 1455 l’Adoration de l’Enfant (galerie des Offices). En 1458, Lippi complète un travail laissé inachevé par Francesco Pesellino (1422-1457), le tableau d’autel de la Trinité de Pistoia (auj. à la National Gallery, Londres). Mais sa vie privée est agitée : il enlève, le 1er mai 1456, la nonne Lucrezia Buti du couvent de Santa Margherita à Prato, dont il était le chapelain. Ils ont en 1457 un fils, Filippino ; sur intervention du pape, Lucrezia et Fra Filippo sont relevés de leurs vœux et reconnus comme mari et femme.

La recherche de la beauté pure et d’une lumière modulée marque la dernière étape de l’œuvre de Filippo. En témoigne la Madone des Offices, où la Vierge, placée devant une fenêtre ouverte, se détache sur un paysage minutieusement décrit. Ultime activité : les fresques du chœur de la cathédrale de Spolète, commencées en 1467 et dont les parties autographes annoncent la poétique de Botticelli* et de Filippino Lippi.


Filippino Lippi

(Prato 1457 - Florence 1504). Il aide son père Filippo à Spolète entre 1467 et 1469. Sa première activité propre est difficile à reconstituer. Un groupe d’œuvres donné en 1899 par B. Berenson à un artiste qu’il appelle « Amico di Sandro » semble lui être attribuable (entre 1475 et 1480). Sa première commande certaine, une Annonciation (1483) pour la ville de San Gimignano, ainsi que la Vierge et l’Enfant avec saint Antoine de Padoue et un moine (musée des Beaux-Arts, Budapest) révèlent l’enseignement encore vivant de son père. Il affectionne les teintes délicates et joue d’un linéarisme habile, par exemple dans l’Histoire de la Vierge (Louvre).

Entre 1481 et 1483, il complète les fresques de Masaccio à la chapelle Brancacci de Santa Maria del Carmine par des scènes de la Vie de saint Pierre ; sa technique fluide anime le rythme décoratif des figures. Plus décisive par l’insolite de la composition, la Madone en trône avec saint Jean-Baptiste, saint Victor, saint Bernard, saint Zanobe (1485-86, Offices) confirme l’attirance de l’artiste pour les effets linéaires à la manière de Botticelli. La Vision de saint Bernard (1486, commandée pour le monastère de Campora, auj. à l’église de la Badia, Florence) marque le point extrême de cette recherche avant tout décorative. Le paysage, détaillé à la manière flamande, y renforce l’impression d’étrangeté.

Durant un séjour à Rome, où il est appelé en 1488 pour décorer la chapelle Carafa à Santa Maria sopra Minerva, Filippino change sa manière au profit d’une monumentalité qui est le trait dominant de la fresque du Triomphe de saint Thomas d’Aquin. Les influences de sculpteurs tels qu’Antonio Rossellino (1427-1479), Antonio del Pollaiolo*, Andrea del Verrochio* imprègnent encore le peintre quand il rentre l’année suivante à Florence, où il peint le Christ apparaissant à la Vierge (Munich, Alte Pinakothek), terminé en 1495.

Entre 1496 et 1504 se situe toute une série d’œuvres datées : Adoration des Mages (1496, Offices), Rencontre de Joachim et d’Anne (1497, Statens Museums for Kunst, Copenhague), Madone et saint peints pour un tabernacle (1498, galerie communale de Prato). Filippino subit l’influence de Léonard* de Vinci, visible dans la manière dont il voile les teintes et enveloppe ses personnages dans la pénombre. Le dernier style de ce maître complexe, en avance sur son époque, s’exprime clairement dans les fresques de la chapelle Strozzi à Santa Maria Novella, représentant des Scènes de la vie de saint Philippe et de saint Jean (terminées en 1502). Dans le Miracle de saint Philippe, l’espace dilaté par la position des personnages et le déploiement des draperies, sur lesquelles affleure un chromatisme transparent, fait pressentir le maniérisme du cinquecento. En 1503, Filippino entreprend une Déposition pour le maître-autel de l’église de l’Annunziata (académie des Beaux-Arts, Florence), mais meurt sans l’avoir achevée.

N. B.

 A. Scharf, Filippino Lippi (Vienne, 1935). / M. Pittaluga, Filippo Lippi (Florence, 1949). / L. Berti et U. Baldini, Filippino Lippi (Florence, 1957).

liquéfaction

Passage d’un corps de l’état gazeux à l’état liquide. (C’est l’inverse de la vaporisation.)



Historique

Les premiers essais systématiques de liquéfaction sont dus à Faraday*, qui, à l’aide d’un dispositif demeuré célèbre (fig. 1), liquéfia SO2, CO2, H2S..., mais échoua pour O2, N2, H2, CO, NO, CH4, qui furent nommés gaz permanents. Thomas Andrews, découvrant en 1863 l’existence de la température critique, indiqua la cause des échecs de Faraday, et Cailletet obtint (1877) à l’état de brouillard fugitif tous les gaz permanents sauf l’hydrogène, qui fut liquéfié par sir James Dewar (1898). L’hélium, de tous les gaz le plus difficile à liquéfier, le fut par Kamerlingh* Onnes, à Leyde, en 1908.