Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
L

León (suite)

On évoquera le souvenir des longues luttes menées contre les musulmans avec le dernier des grands monuments de León, le couvent de San Marcos, qui fut le siège de l’un des principaux ordres militaires d’Espagne, celui de Saint-Jacques-de-l’Épée (Santiago). Sa reconstruction, ordonnée par les Rois Catholiques, ne débuta effectivement que sous Charles Quint (sacristie par Juan de Badajoz le Jeune, 1549), et les travaux se prolongèrent jusqu’au xviiie s. Cependant, comme les maîtres successifs s’astreignirent généralement à suivre les plans primitifs, l’immense façade constitue une manifestation fort expressive du style plateresque.

M. D.

Léon Ier le Grand (saint)

(Volterra ? - Rome 461), pape de 440 à 461.


Léon Ier faisait partie du clergé romain. Il semble avoir participé aux luttes dogmatiques contre les pélagiens sous le pape Sixte III (432-440), auquel il aurait inspiré une ferme attitude contre ces hérétiques. Ce pontife le chargea d’une mission en Gaule et c’est là qu’il apprit la mort du pape et sa propre élection au trône de Pierre. Revenu à Rome, il y fut sacré le 29 septembre 440.

Il s’employa à bien gérer son diocèse romain ; c’est en tant qu’évêque de Rome qu’il prononça les Sermons sur les principales fêtes de l’année, dont quatre-vingt-seize nous sont parvenus. Il combattit les jeux, héritage du paganisme, recommanda la pénitence, surtout au temps du carême, et l’aumône. Il s’éleva contre les croyances et les coutumes païennes, très vivaces à cette époque, et particulièrement contre le culte du Soleil, que les fidèles saluaient encore sur le seuil des églises et dont ils célébraient la fête au solstice d’hiver, en même temps que celle de la nativité du Christ.

Mais l’activité de Léon s’étendit bien au-delà de Rome. Son souci primordial fut de proclamer dans tout le monde chrétien la suprématie du siège de Pierre, déjà bien établie depuis saint Damase Ier (366-384), qui avait déclaré : « La sainte Église romaine est élevée au-dessus de toutes les autres, non point par des constitutions synodales, mais par la parole de Notre-Seigneur quand il a dit : Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église. »

De même au concile d’Éphèse, en 431, les légats de Célestin Ier (422-432) proclamaient : « C’est un fait connu de tous les siècles que le saint et bienheureux Pierre, prince et chef des apôtres, colonne de la foi, fondement de l’Église catholique, a reçu de Notre-Seigneur les clefs du royaume, et qu’à lui fut donné le pouvoir de lier et délier les péchés ; c’est lui qui jusqu’à maintenant et pour toujours vit et juge dans ses successeurs. »

Léon Ier reprit ces affirmations, il voulut être considéré comme le premier de tous les évêques et assura que le trône de Pierre est la « source de tous les charismes ». Aux pères du concile de Chalcédoine (451), il écrivait : « On doit s’en tenir à la déclaration de foi que nous avons faite. » Ce sont les grandes controverses dogmatiques qui permirent aux papes de Rome d’exprimer pratiquement la suprématie de leur siège. Le ve s. est l’époque des grandes controverses christologiques : il s’agissait de définir la nature de la personne du Christ.

Au concile d’Éphèse de 431, saint Cyrille (v. 380-444) avait fait adopter la croyance à l’unité de la personne de Jésus, mais un moine de Constantinople, Eutychès (v. 378 - v. 454), ayant exagéré la définition du concile, avait affirmé que le Verbe incarné n’assumait qu’une seule nature. Cette hérésie eutychienne ou monophysiste rencontra en saint Léon un adversaire redoutable. En 449, dans son Épître à Flavien, celui-ci définit la croyance romaine dans la dualité des natures humaine et divine unies dans une même personne divine, celle du Christ.

À Constantinople, l’empereur Théodose II soutenait les monophysistes. Il convoqua à Éphèse (août 449) un concile favorable à ses thèses ; l’évêque Dioscore d’Alexandrie († 454) y défendit Eutychès ; le pape qualifia ce concile de « brigandage d’Éphèse ».

Théodose II étant mort en 450, sa sœur Pulchérie lui succéda : favorable au pape, elle autorisa la réunion du concile de Chalcédoine, où Léon Ier vit triompher l’orthodoxie qu’il avait défendue. C’est à ce concile que les pères s’écrièrent : « Nous croyons comme Léon et non comme Dioscore » et « Pierre a parlé par la voix de Léon ».

Saint Léon lutta également contre les pélagiens, qui prétendaient que, sans le secours de la grâce, l’homme par sa seule volonté peut éviter le péché, et aida les évêques d’Espagne et d’Afrique à briser l’hérésie priscillianiste, qui prêchait un ascétisme outré.

En Occident, l’effondrement de l’Empire, après la prise de Rome en 410 par les Wisigoths d’Alaric Ier*, avait laissé subsister une seule force de recours contre les Barbares, celle de l’Église. On le vit bien lorsque, en 452, ce fut le pape Léon qui alla au-devant d’Attila* et put ainsi, moyennant un tribut, empêcher le sac de Rome ; en 455, c’est lui encore qui réussit à limiter les sévices des Vandales de Geiséric († 477).

Ce grand pontife mourut à Rome le 10 novembre 461. Plus moraliste que théologien, Léon Ier n’en a pas moins été proclamé, pour ses Sermons et ses Lettres, docteur de l’Église par le pape Benoît XIV en 1751.

P. R.

 A. Regnier, Saint Léon le Grand (Gabalda, 1910). / T. G. Jalland, The Life and Times of Saint Leo the Great (Londres, 1941). / P. de Labriolle, G. Bardy, L. Bréhier, et G. de Plinval, De la mort de Théodose à l’élection de Grégoire le Grand, t. IV de Histoire de l’Église, sous la dir. de A. Fliche et V. Martin (Bloud et Gay, 1948). / P. Stockmeier, Leon I. des Grossen Beurteilung der kaiserlichen Religionspolitik (Munich, 1959).

Léon XIII

(Carpineto Romano 1810 - Rome 1903), pape de 1878 à 1903.


Vincenzo Gioacchino Pecci, issu d’une famille de bonne noblesse, commence ses études chez les jésuites de Viterbe ; il les poursuit au Collège romain et à la Sapience. En 1831, il est docteur en théologie ; l’année suivante, il entre à l’Académie des nobles ecclésiastiques. Prêtre en 1837, il est distingué par Grégoire XVI qui le nomme référendaire à la Signature, puis lui confie l’administration de Bénévent (1838), avant celle de Pérouse (1841).

En 1843, préconisé archevêque de Damiette, Mgr Pecci est nommé nonce à Bruxelles alors que la Belgique est divisée à propos de la question scolaire. Archevêque de Pérouse en 1846, cardinal en 1853, il attire l’attention par son action sociale et fonde en 1875 les « Jardins de saint Philippe Neri », émules des cercles catholiques d’ouvriers de France.

En 1877, Pie IX* nomme camerlingue le cardinal Pecci, qui est élu pour lui succéder le 20 février 1878 et prend le nom de Léon XIII.