Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

animal (suite)

En somme, l’animal doit à la perfection relative de son équipement nerveux et sensori-moteur une adaptation étroite à son biotope spécifique et, par conséquent, une dépendance de chaque instant vis-à-vis de cet environnement. Au contraire, chez l’Homme, le défaut relatif de réponses stéréotypées spécifiques et d’obédience à des stimuli déclencheurs contraignants, combiné à la lenteur de sa croissance et de sa maturation nerveuse, lui permet d’apprendre une grande variété de conduites dans un milieu social qui transmet à l’individu toute une variété de modèles de comportements à imiter et qui développe l’usage de la fonction symbolique. L’influence du redressement corporel, développant les activités de préhension et de manipulations, a sans doute également contribué à la suprématie intellectuelle humaine. Enfin et surtout, du fait du nombre de ses neurones et de la complexité de ses centres cérébraux, l’Homme dispose de capacités d’intégration qui lui permettent cette aptitude à médiatiser et à symboliser, atteignant ainsi le niveau de l’abstraction et de son expression verbale au niveau conceptuel ; en cela sa conduite se sépare radicalement de celle des animaux.

M. B.

➙ Adaptation / Agressivité / Béhaviorisme / Comportement / Conditionnement / Instinct / Migrations animales / Orientation / Réflexe.

 B. F. Skinner, The Behavior of Organisms (New York, 1938). / N. Tinbergen, A Study of Instinct (Oxford, 1951 ; trad. fr. l’Étude de l’instinct, Payot, 1953) ; Curious Naturalists (Londres, 1958 ; trad. fr. Carnets d’un naturaliste, Hachette, 1961). / J. G. Holland et B. F. Skinner, The Analysis of Behavior (New York, 1961). / K. Z. Lorenz, Evolution and Modification of Behaviour (Chicago, 1965 ; trad. fr. Évolution et modification du comportement, Payot, 1967). / W. K. Honig (sous la dir. de), Operant Behavior. Areas of Research and Application (New York, 1966). / M. Richelle, le Conditionnement opérant (Delachaux et Niestlé, 1966). / P.-P. Grassé (sous la dir. de), la Vie des animaux (Larousse, 1969-70 ; 4 vol.). / C. F. Sacchi et P. Testard, Écologie animale. Organismes et milieu (Doin, 1971). / M. Cuisin, le Comportement animal (Bordas, 1973). / R. A. Hinde, le Comportement animal (P. U. F., 1975 ; 2 vol.).

animation

Technique cinématographique qui permet toute composition de mouvement visuel procédant d’une succession de phases enregistrées grâce à la photographie image par image : dessin animé sur Celluloïd, dessin direct sur pellicule, animation d’éléments découpés, marionnettes, etc.



Les pionniers du dessin animé

Le Français Émile Reynaud (1844-1919) peut être considéré comme le véritable inventeur du dessin animé sous forme de film. Cherchant à perfectionner un appareil de sa propre invention, le praxinoscope (1877), il fait breveter en 1888 le « Théâtre optique », qui a pour but « d’obtenir l’illusion du mouvement non plus limité à la répétition des mêmes gestes à chaque tour de l’instrument comme cela se présente dans le zootrope de l’Anglais W. G. Horner, la plus remarquable transformation du phénakistiscope du Belge J. A. Plateau, mais ayant au contraire une variété et une durée indéfinies et produisant ainsi de véritables scènes animées d’un développement illimité ». Reynaud, avec une patience incroyable, trace et colorie lui-même à la main jusqu’à 700 poses différentes pour réaliser ses premiers essais, qui seront projetés en 1892 au musée Grévin à Paris sur un écran face au public. On a retrouvé trace d’une communication faite par lui dès 1880 à la Société française de photographie et où il déclarait que « les effets seraient bien plus heureux encore si, au lieu de dessins à la main représentant les différentes phases d’un mouvement, il était possible de les obtenir au moyen de la photographie ». Reynaud, on le voit, était passé tout près de l’invention du cinéma, et, par un paradoxe cruel, c’est la grande découverte des frères Lumière qui allait anéantir le succès de son spectacle récréatif du Théâtre optique et contribuer à son découragement et à sa propre ruine.

À la fin du xixe s. et au début du xxe, les magazines illustrés connaissent une vogue remarquable. La bande dessinée passionne les lecteurs et suscite de nombreuses vocations de caricaturistes à l’instar des Christophe (la Famille Fenouillard), Pinchon et Caumery (Bécassine) et Forton (les Pieds nickelés) en France, des W. F. Thomas et Tom Brown en Grande-Bretagne, des Richard Outcault, Rudolph Dirks, James Swinnerton, Winsor McCay, Bud Fisher et George MacManus aux États-Unis.

Un ancien « cartoonist » du New York Evening World, J. Stuart Blackton (1875-1941), découvre en 1906 un procédé qui va véritablement révolutionner l’art cinématographique naissant et donner un essor remarquable au dessin animé. Blackton commence par transposer sur films des bandes de zootropes (Humorous Phases of Funny Faces), puis, la même année, il invente pour l’Hôtel hanté le « tour de manivelle », ou « mouvement américain », c’est-à-dire la prise de vues image par image. Le secret de cette invention n’avait été percé ni par Méliès ni par Zecca, qui se servaient pour leurs trucages de fils invisibles. Léon Gaumont, cherchant à tirer profit du « mouvement américain », convoque certains de ses collaborateurs — dont Louis Feuillade — et leur demande d’élucider ce « mystère ». C’est un caricaturiste venu au cinéma quelque peu par hasard, Émile Cohl (1857-1938), qui va, le premier, se servir de la découverte de Blackton en réalisant Fantasmagorie en 1908 : dans cette petite bande, le dessin se traçait tout seul et se transformait sous les yeux des spectateurs, métamorphosant ainsi un éléphant en une svelte danseuse. Poursuivant cette expérience couronnée de succès, Cohl, en quelques années, tournera près de 300 bandes, dont la célèbre série des Fantoches, avant de partir pour les États-Unis rencontrer l’humoriste George MacManus et populariser par le film Zozor le bébé terrible (série des Snookums).