Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
L

lande (suite)

Les landes grasses, dont le sol contient une proportion non négligeable d’argile, sont assez fertiles et peuvent porter des Fougères, des buissons (Sureau) et même des arbres clairsemés ; elles contrastent avec les landes maigres, à sol assez acide, pulvérulent, podzolisé et couvert de Bruyères. Enfin, les landes boisées possèdent quelques arbres assez bien développés et apparaissent comme un stade intermédiaire entre lande vraie et forêt. Leurs sols, cependant podzolisés, sont aussi intermédiaires entre ceux de la lande typique et ceux de la forêt. Le couvert végétal de ces landes offre parfois un aspect de mosaïque, les emplacements ayant été autrefois occupés par les arbres jouissent d’un autre terrain et portent une végétation différente.


Origine et évolution de la lande

Les landes succèdent ordinairement à la formation boisée. Presque partout, on les observe comme un stade de dégradation de la forêt.

Ce sont souvent les déboisements effectués par l’Homme et les incendies qui mettent le sol à nu qui favorisent l’apparition de la lande si le sol est très lessivé et podzolisé. Cette lande évolue d’ailleurs naturellement vers la reconstitution de la forêt. On passe successivement par les stades de sol nu qui se recouvre rapidement d’un groupement pionnier, puis de pelouse, laquelle se transforme en lande, lande boisée et forêt. En quelques points particuliers, généralement au bord de la mer, la force du vent est telle que les arbres n’ont jamais réussi à s’implanter. Une telle formation est stable et porte le nom de lande primaire. Si l’homme intervient dans la formation des landes, il peut aussi accélérer sa transformation par reboisement artificiel. C’est ce qui a été fait au siècle dernier dans la grande région des « Landes ».

La lande peut aussi parfois apparaître comme un état de dégradation spontanée de la forêt, qui ne se régénère pas bien naturellement, passe à l’état de taillis lorsque les grands arbres meurent ou sont cassés, puis à celui de lande souvent pâturée, prairie, pelouse plus ou moins dénudée... sur laquelle il sera nécessaire de faire rapidement un reboisement si on désire arrêter la dégradation du sol. Il faut noter que la lande pâturée n’évolue pas et qu’une régénération spontanée de la forêt a peu de chances d’y apparaître, les animaux favorisant l’apparition des annuelles et des arbrisseaux aux dépens des pousses d’arbres.


Répartition géographique

C’est dans la région atlantique du domaine euro-sibérien que l’on trouve les landes classiques, depuis les grandes étendues sur les sols pauvres et siliceux de la péninsule Ibérique (Nord-Ouest) jusqu’à la Scandinavie et l’Écosse. Au nord, elle passe progressivement à la toundra, et au maquis au sud de l’Europe. En France, elle occupe une partie de la Bretagne, à laquelle elle donne son caractère triste et romantique. On en trouve de plus faibles étendues dans le Cotentin, où elle couronne quelques croupes désolées ou occupe certains bords de mer, de même qu’en Vendée, dans le Poitou, en Sologne... Une grande région française lui doit son nom, « les Landes » ; elle occupe un vaste triangle au sud de la Gironde et forme le creux du Bassin aquitain : zone sableuse d’origine dunaire très pauvre ; son aspect et son avenir économique ont été profondément transformés au siècle dernier par le reboisement.

Il faut signaler que l’on retrouve en Europe centrale des landes assez pauvres floristiquement, qui s’apparentent cependant par certains points aux landes atlantiques.


Utilisation de la lande par l’Homme

Les régions de landes sont considérées à juste titre comme pauvres et peu utilisables. Cependant, les meilleures d’entre elles peuvent être mises en culture (landes grasses). Le plus souvent, on a avantage à accélérer le cycle naturel de régénération en opérant un reboisement artificiel avec des essences qui s’y prêtent : Pin, Chêne..., et à revenir ainsi au climax ou au moins au préclimax ; les Conifères cependant ont la propriété de favoriser la podzolisation, souvent déjà commencée. On est parfois obligé, lorsque l’alios est constitué, de le défoncer avant de planter, afin de permettre la pénétration des racines et l’écoulement des eaux de surface.

En de nombreuses régions, la lande est utilisée comme pâturage, médiocre d’ailleurs, dans lequel on fait passer des troupeaux de moutons. Le rendement à l’hectare est assez faible, et les possibilités de reboisement sont alors annulées.

J.-M. T. et F. T.

Landes. 40

Départ. de la Région Aquitaine ; 9 237 km2 ; 277 381 hab. (Landais). Ch.-l. Mont-de-Marsan. S.-préf. Dax.


La population du département a longtemps diminué, demeurant au-dessus de 300 000 de 1851 à 1886 pour tomber progressivement à 248 000 en 1946 ; elle a augmenté légèrement depuis cette dernière date. Le long déclin démographique s’est accompagné d’une diminution beaucoup plus sensible des effectifs de la population active (de 173 300 en 1901 à 111 300 en 1968, chiffre toutefois un peu supérieur à celui de 1962), diminution liée à un exode agricole massif (le nombre des agriculteurs a été ramené de 123 500 à 37 000), qui n’a pas été compensé par une industrie en stagnation (30 500 actifs en 1901, 32 000 en 1968) et par des activités tertiaires en faibles progrès.

Les Landes sont un département rural (encore plus de la moitié de la population) où, malgré l’ampleur du délestage, un actif sur trois travaille encore dans l’agriculture. En fait, ce pays où les métayers sont restés très nombreux jusqu’à la fin de la Seconde Guerre mondiale est plus forestier qu’agricole ; les boisements y occupent plus de 615 000 ha, alors que 150 000 ha seulement sont labourés (dont 110 000 en céréales, presque uniquement du maïs) ; 36 500 sont couchés de façon permanente en herbe, et 14 000 plantés en vignes. Les paysans élèvent 115 000 bovins, 76 000 porcins et 29 000 ovins. Ce département, qui s’identifie avec la partie occidentale de la Gascogne, associe deux types de pays de part et d’autre du cours moyen de l’Adour. Au nord est le royaume de la forêt de pins maritimes trouée de clairières espacées, région peu peuplée. Au sud se trouve une des terres les plus cultivées de l’Aquitaine, dont la mise en valeur est néanmoins interrompue par quelques masses forestières.