Landes. 40 (suite)
Toute la moitié méridionale du massif forestier landais est dans le département. C’est un vaste plateau monotone dont l’altitude approche 150 m sur les confins du Lot-et-Garonne et qui descend vers les pays de la Leyre au nord-ouest, la région des étangs à l’ouest et l’Adour moyen au sud. Les sables noirs, poussés vers l’intérieur des terres par les vents aux époques froides du Quaternaire, y sont parfois accumulés en dunes mortes ; le drainage est d’autant plus difficile que, sur de vastes espaces (la partie la plus haute du plateau), la pente est insensible (moins de 1 p. 100) et qu’en maint endroit la présence, à un mètre de profondeur environ, d’une concrétion ferrugineuse, l’alios, empêche l’infiltration des eaux ; quand l’alios est absent, le drainage est trop fort, et la sécheresse estivale redoutable (de là les risques d’incendies). Les parties les plus basses du plateau sont morcelées par les vallées profondément encaissées, creusées par la Leyre et ses affluents, ainsi que par les tributaires de l’Adour.
Dans ce pays largement ouvert aux influences humides de l’Océan, de vastes espaces servaient de terrains de pacage aux moutons (un million au siècle dernier). À la suite du vote de la loi de 1857 fut entrepris, sous l’égide de Jules Chambrelent (1817-1893) et ici surtout de son adjoint Crouzet, l’ensemencement systématique de la région en pins maritimes. La forêt, dont de vastes superficies appartiennent à de grands propriétaires, est de moins en moins exploitée pour la production de résine, mais fournit une part croissante de bois d’œuvre et de bois de papeterie : aussi, les besoins en main-d’œuvre étant faibles, la densité de la population est-elle basse (de l’ordre de 10 hab. au km2). Au voisinage des bourgs sont les industries traditionnelles (vieille métallurgie) et celles qui sont dérivées de la forêt, notamment la fabrication de résine, les scieries et les papeteries. Le lignite d’Arjuzanx est brûlé sur place dans une centrale thermique, tandis que le pétrole de la région de Parentis-en-Born, à la production déclinante, est acheminé vers Ambès par oléoduc (environ 1 Mt par an). Un puissant massif de dunes, large d’une dizaine de kilomètres, ourle un littoral rectiligne et inhospitalier. Il est couvert de forêts naturelles ou de pinèdes plantées à la fin du xviiie s. sous la direction de Nicolas Brémontier (1738-1809) : ces splendides forêts domaniales sont bien exploitées. Quelques stations balnéaires, dont la plus célèbre est Hossegor-Capbreton, s’égrènent sur un littoral dont l’aménagement touristique intégral est entrepris.
Au sud de l’Adour, le moutonnement des douces collines de Chalosse taillées dans les sables fauves du Tertiaire cède rapidement la place vers l’est aux bas plateaux du Tursan, sur lesquels les dernières landes ont disparu. Dans ce pays de fermes isolées, la culture du maïs est reine ; elle s’associe dans le cadre d’une polyculture traditionnelle à l’élevage des bovins et des volailles, ainsi qu’à la culture de la vigne. Quelques îlots de culture plus spécialisée s’esquissent : vignobles du Tursan au voisinage de Geaune et surtout de la partie sud-occidentale de la Chalosse autour de Pouillon ; arboriculture fruitière de la région de Peyrehorade et de Pouillon, riche élevage de canards et d’oies (pour la production de foie gras) dans la vallée de l’Adour en aval d’Aire. Au milieu de ce pays rural, seul Hagetmau (3 800 hab.) fait figure de cité industrielle.
En fait, les villes sont établies au contact des deux régions. Plus qu’à Aire-sur-l’Adour (6 800 hab.), encore profondément rurale, la vie urbaine se concentre à Dax (28 000 hab.) et à Mont-de-Marsan (32 000 hab.), petites villes à accroissement rapide de population dont le développement n’est pas lié à l’industrie, mais à la fonction administrative et militaire à Mont-de-Marsan, au thermalisme et surtout à la fonction commerciale à Dax.
S. L.
➙ Aquitaine.