Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
K

Kouzbass (suite)

L’avenir du bassin est conditionné par trois facteurs. Il bénéficie de l’accroissement de la production d’énergie. Les centrales thermiques géantes fournissent plus de 30 TWh. L’interconnexion avec l’ensemble du réseau de Sibérie occidentale et du Kazakhstan permet au Kouzbass de voir se développer de nouvelles branches : ainsi la métallurgie des non-ferreux (une entreprise d’aluminium s’agrandit à Novokouznetsk), les nouvelles cimenteries, les gros combinats du bois et de la cellulose, tous grands consommateurs d’énergie. L’organisation d’une zone de ravitaillement est une autre question. Malgré le défrichement de Terres vierges dans l’Altaï et la constitution de plus de cinq cents kolkhozes et sovkhozes, spécialisés dans l’élevage (un million de têtes de gros bétail et de porcs), le blé de printemps, la pomme de terre, le Kouzbass doit importer des denrées alimentaires. Enfin, l’intégration dans une région industrielle plus vaste est le plus grand problème. La capitale de la Sibérie occidentale, Novossibirsk, les villes périphériques comme Tomsk, Anjero-Soudjensk, Barnaoul ont développé les industries d’aval à partir des produits livrés par le Kouzbass. Le plan septennal avait projeté la création d’une troisième base sidérurgique s’étendant le long et au sud du Transsibérien, de Novossibirsk à Krasnoïarsk, utilisant les nouveaux gisements de houille de Sibérie, les minerais de la région de Minoussinsk, l’électricité des centrales géantes. L’ensemble de cette nouvelle région n’a pas encore pris corps, mais le Kouzbass doit y jouer un rôle moteur, en fournissant l’excédent de son charbon, ses produits sidérurgiques, ses cadres, en attendant que s’émancipe la nouvelle base, comme lui-même l’a fait après la Seconde Guerre mondiale à l’égard de l’Oural. Le Kouzbass doit devenir alors un important fournisseur d’industries légères, qui manquent encore à la Sibérie (textiles, papier, chaussures et surtout industries alimentaires).

Dans le cadre de cette redistribution des forces productives et d’un meilleur aménagement des communications et du réseau urbain, il offre l’exemple d’un foyer industriel demeuré longtemps informe, mais en expansion constante, créateur de nouvelles richesses et de nouveaux foyers. À ce titre, c’est un exemple, d’intérêt mondial, de la formation d’une région géographique.

A. B.

➙ Russie (R. S. F. S. de) / Sibérie.

 H. Chambre (sous la dir. de), le Développement du bassin du Kuznetsk, numéro spécial des Cahiers de l’Institut de science économique appliquée (I. N. S. E. E., 1960). / A. Blanc et H. Chambre, l’U. R. S. S. (P. U. F., coll. « Magellan », 1971).

Koweït

En ar. Al-Kuwayt, État de l’Asie occidentale, sur le golfe Persique.



Le Koweït avant le pétrole

Le Koweït, c’est d’abord une baie. À 80 km au sud-ouest du Chatt al-‘Arab, au fond du golfe Persique, il y a là un accident exceptionnel, offrant une rade de 30 km de profondeur, bien abritée, avec plusieurs îlots possédant de bonnes sources. Un fort portugais y avait été installé, qui dominait un petit bourg de pêcheurs. En 1756, une branche de la tribu nomade des ‘Anazas en prend possession et y établit la dynastie autonome des al-Sabbāḥ, qui règne encore aujourd’hui. La ville de Koweït, qui avait 10 000 habitants environ en 1765, déclina à l’époque wahhābite (4 000 hab. en 1840). L’élaboration, en 1899, d’un traité de protectorat avec la Grande-Bretagne, qui s’intéressait à la rade, sauva le Koweït de la mainmise ottomane en 1914. C’est encore sous l’égide de la Grande-Bretagne que fut signé le traité de 1922 avec l’Arabie* Saoudite, qui délimita les frontières de la principauté en créant une zone neutre de 5 000 km2 entre les deux États. La principauté de Koweït, avec 75 000 habitants en 1937, vivait de la pêche des perles (500 bateaux armés vers 1930, avant la concurrence des perles de culture japonaises), du commerce au long cours de l’océan Indien (exportation des dattes de Bassora vers l’Inde et importation de bois de teck), de ses constructions navales. Toutes ces activités étaient en crise (100 bateaux perliers en 1946).


Le pétrole

Les champs pétrolifères ont été découverts d’abord au sud de la principauté, près d’Aḥmadī, où l’exploitation commença en 1946, puis au nord, enfin dans la zone neutre. La production s’est élevée par paliers jusqu’à 152 Mt en 1972 dans la principauté proprement dite, où elle est assurée par la Kuwait Oil Company, association entre la British Petroleum Company, où dominent les intérêts britanniques, et la Gulf Oil Corporation of America. La production de la zone neutre avoisine d’autre part 30 Mt, dont la part koweïtienne est exploitée par l’American Independent Oil Company et la part saoudienne par la Getty Oil Company (également américaine). Des gisements mineurs sont exploités au large de la côte par l’Arabian Oil Company (japonaise).


Les conséquences économiques et sociales

L’intrusion d’une telle richesse dans un émirat médiéval a eu des conséquences humaines spectaculaires. Le produit national brut par tête dépasse 4 000 dollars (second rang dans le monde après les États-Unis). Toutefois, il s’agit d’une moyenne dont la signification est limitée. Il subsiste d’importantes disparités de revenus, de flagrantes inégalités sociales, bien apparentes dans le genre de vie. Cependant, l’extraction du pétrole a déclenché d’abord un rapide essor démographique. La population a atteint 206 000 habitants en 1957, 467 000 en 1965, 800 000 en 1971. La part de l’afflux étranger a été déterminante dans cette croissance. Les Koweïtiens d’origine ne constituent plus aujourd’hui que les deux cinquièmes environ de la population totale. Toutefois, l’assimilation des nouveaux venus est relativement facile, car ce sont essentiellement des citoyens des autres pays arabes du Moyen-Orient (dans l’ordre Jordanie, qui fournit environ 40 p. 100 des immigrants, Iraq, Liban, Oman, Syrie, Égypte, Arabie Saoudite), qui peuvent être naturalisés, au bout de dix ans de résidence, comme citoyens de « seconde classe », n’ayant pas le droit de vote, mais bénéficiant des mêmes avantages économiques et sociaux que les autochtones. En 1965, les étrangers de plein droit n’étaient que 36 p. 100 de la population. Ces immigrants constituent la majeure partie de la population active. Ils comptent 79 p. 100 d’actifs dans les classes d’âge aptes au travail, contre seulement 38 p. 100 parmi les Koweïtiens d’origine.