Kouzbass (suite)
L’avenir du bassin est conditionné par trois facteurs. Il bénéficie de l’accroissement de la production d’énergie. Les centrales thermiques géantes fournissent plus de 30 TWh. L’interconnexion avec l’ensemble du réseau de Sibérie occidentale et du Kazakhstan permet au Kouzbass de voir se développer de nouvelles branches : ainsi la métallurgie des non-ferreux (une entreprise d’aluminium s’agrandit à Novokouznetsk), les nouvelles cimenteries, les gros combinats du bois et de la cellulose, tous grands consommateurs d’énergie. L’organisation d’une zone de ravitaillement est une autre question. Malgré le défrichement de Terres vierges dans l’Altaï et la constitution de plus de cinq cents kolkhozes et sovkhozes, spécialisés dans l’élevage (un million de têtes de gros bétail et de porcs), le blé de printemps, la pomme de terre, le Kouzbass doit importer des denrées alimentaires. Enfin, l’intégration dans une région industrielle plus vaste est le plus grand problème. La capitale de la Sibérie occidentale, Novossibirsk, les villes périphériques comme Tomsk, Anjero-Soudjensk, Barnaoul ont développé les industries d’aval à partir des produits livrés par le Kouzbass. Le plan septennal avait projeté la création d’une troisième base sidérurgique s’étendant le long et au sud du Transsibérien, de Novossibirsk à Krasnoïarsk, utilisant les nouveaux gisements de houille de Sibérie, les minerais de la région de Minoussinsk, l’électricité des centrales géantes. L’ensemble de cette nouvelle région n’a pas encore pris corps, mais le Kouzbass doit y jouer un rôle moteur, en fournissant l’excédent de son charbon, ses produits sidérurgiques, ses cadres, en attendant que s’émancipe la nouvelle base, comme lui-même l’a fait après la Seconde Guerre mondiale à l’égard de l’Oural. Le Kouzbass doit devenir alors un important fournisseur d’industries légères, qui manquent encore à la Sibérie (textiles, papier, chaussures et surtout industries alimentaires).
Dans le cadre de cette redistribution des forces productives et d’un meilleur aménagement des communications et du réseau urbain, il offre l’exemple d’un foyer industriel demeuré longtemps informe, mais en expansion constante, créateur de nouvelles richesses et de nouveaux foyers. À ce titre, c’est un exemple, d’intérêt mondial, de la formation d’une région géographique.
A. B.
➙ Russie (R. S. F. S. de) / Sibérie.
H. Chambre (sous la dir. de), le Développement du bassin du Kuznetsk, numéro spécial des Cahiers de l’Institut de science économique appliquée (I. N. S. E. E., 1960). / A. Blanc et H. Chambre, l’U. R. S. S. (P. U. F., coll. « Magellan », 1971).