Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
K

Koweït (suite)

L’essentiel des activités est constitué par les services, qui occupent 82 000 personnes, dont 63 p. 100 de Koweïtiens d’origine et 42 p. 100 de non-Koweïtiens. Ces derniers fournissent en revanche la majeure partie de la main-d’œuvre des chantiers de construction, seconde occupation par ordre numérique d’importance (29 000 personnes, dont seulement 1 200 Koweïtiens d’origine). Puis viennent le commerce et les transports (respectivement 23 000 et 10 000 actifs). Le tableau économique et social est ainsi caractérisé par l’emploi massif d’une main-d’œuvre immigrée au service d’une population indigène qui, lorsqu’elle travaille, se réserve les emplois de haut niveau. L’industrialisation s’amorce à peine. L’élément principal en est la raffinerie de 17 Mt de capacité possédée par la Kuwait Oil Company, implantée à Mīnā’ al-Aḥmadī, à laquelle vient récemment de s’ajouter une seconde installation, à Chu’aybah, où la part de l’État koweïtien est de 60 p. 100. La pétrochimie et la fabrication des engrais ont fait leur apparition à l’aval. Mais la part de l’industrie manufacturière dans le produit national brut est encore inférieure à 5 p. 100. Seules quelques industries alimentaires (boissons, glaces, etc.) ont pu déjà prospérer. En fait, la principale activité productive du Koweït consiste encore dans la construction, menée d’ailleurs sans plan et effectuée essentiellement avec la main-d’œuvre immigrée. Le développement progressif de la fortune du pays et la prise de conscience tardive des nécessités de l’urbanisation ont abouti à un paysage urbain qui reste poussiéreux et hétéroclite. En dehors de sa fonction de production pétrolière, le Koweït reste essentiellement un gigantesque marché de consommation, qui importe notamment presque toute sa nourriture (à l’exception du quart environ de la consommation de viande, fourni par les troupeaux des éleveurs qui continuent de nomadiser dans l’intérieur).

Sa fortune lui a déjà permis, cependant, d’exercer à l’extérieur une influence économique notable. Le Koweït affecte 10 p. 100 de son revenu à l’aide à l’étranger (aux autres pays arabes), soit sous forme de dons, soit sous forme d’investissements par des organismes d’État. D’autre part, les Koweïtiens accroissent régulièrement leurs dépenses touristiques à l’extérieur, et, en dehors de l’Europe, le Liban, grand centre d’« estivage » du Moyen-Orient, en bénéficie abondamment. Mais 7 p. 100 seulement des importations du pays proviennent des autres pays arabes. La fonction de pôle de développement du Koweït dans le Moyen-Orient reste encore imprécise. Pour le moment, il s’agit encore d’un élément isolé, dont les liens avec le reste du milieu régional sont encore très partiels.

Le Koweït indépendant

L’indépendance complète du Koweït est proclamée le 19 juin 1961 ; l’émirat entre dans la Ligue arabe et est représenté aux Nations unies à partir de 1963. Tout de suite, le jeune État est confronté à de graves difficultés, notamment aux revendications intéressées de l’Iraq de Kassem, qui réclame la totalité de son territoire, le Koweït ayant fait partie du vilayet de Bassora jusqu’en 1899. Appuyé par la R. A. U., mais désavoué par l’U. R. S. S., le Koweït obtient l’aide militaire britannique ; les renforts anglais affluant, l’Iraq, tout en maintenant ses prétentions, n’ose agir. Bientôt, d’ailleurs, les forces britanniques sont relevées par celles de la Ligue arabe.

L’indépendance du Koweït s’accompagne d’une vigoureuse politique financière ; la richesse du petit État lui permet de contribuer au développement de plusieurs pays arabes (Jordanie, Soudan...) à l’aide du Fonds koweïtien de développement économique arabe.

Depuis 1962, le Koweït est régi par une Constitution. Le pouvoir exécutif est exercé par l’émir, chef de l’État et chef d’un gouvernement formé de 14 ministres (dont 4 élus), parmi lesquels figurent constamment plusieurs membres de la famille régnante. Une assemblée législative — le madjlis — de 50 membres est élue au suffrage universel pour quatre ans. La constitution des partis politiques est subordonnée à l’autorisation du souverain. Il existe cependant une opposition nationaliste, recrutée surtout parmi les jeunes.

Quand meurt le cheik ‘Abd Allāh (24 nov. 1965), qui avait accédé au pouvoir en 1950, c’est son frère Ṣbāḥ as-Sālim, déjà Premier ministre, qui lui succède ; le 31 mai 1966, celui-ci désigne comme héritier le Premier ministre Djābir al-Ạhmad.

Tout en étant en état de guerre avec Israël depuis juin 1967, le Koweït pratique une politique de neutralité vigilante. Cependant, en octobre 1973, après la guerre du Kippour, le gouvernement décide de participer, avec les autres pays arabes à la réduction des livraisons de pétrole aux pays occidentaux.

P. P.

X. P.

➙ Moyen-Orient.

 H. R. P. Dickson, Kuwait and her Neighbours (Londres, 1956). / Z. Freeth, Kuwait was my Home (Londres, 1956). / S. G. Shiber, The Kuwait Urbanization (Koweït, 1965). / M. Dobson, Koweït (Rencontre, Lausanne, 1967). / A. Humaidon, les Princes de l’or noir, évolution politique du golfe Persique (Sedeis, 1968). / H. S. Mahmoud, Al Kuwait. Past and Present (Londres, 1968). / R. el Mallakh, Economic Development and Regional Cooperation in Kuwait (Chicago, 1968). / F. H. Kochwasser, Kuwait : Geschichte, Wesen und Funktion eines modernen Staates (Tübingen, 1969).

Krasicki (Ignacy)

Écrivain polonais (Dubiecko, près de Przemysł, 1735 - Berlin 1801).


Krasicki, le plus illustre des écrivains du Siècle des lumières en Pologne, naît à la campagne, dans une famille noble, mais appauvrie, chargée de plusieurs enfants. Il fait ses études au collège des Jésuites à Lwów, puis dans un petit séminaire de Varsovie, où il écrit des poésies. À l’âge de seize ans, il se décide pour l’état ecclésiastique. Après un séjour à Rome (1759), dont il revient déçu, il est nommé chapelain (1764) de Stanislas Auguste Poniatowski et président au tribunal de Lwów. En 1766, il est prince-évêque de Varmie. Lors du premier partage de la Pologne, la Varmie est envahie par la Prusse, et le prince-évêque devient sujet prussien ; I. Krasicki cherche en vain à obtenir un poste dans les nouvelles frontières de son pays (c’est dans les dernières années de sa vie qu’il sera nommé archevêque de Gniezno) et se soumet alors à Frédéric II.