Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
K

Kissis

Ethnie de la haute Guinée, de la Sierra Leone et du Libéria.


Elle comprend environ 250 000 personnes, dont les deux tiers en Guinée. Le nord de la région occupée par les Kissis correspond à une zone soudanienne de savane, alors qu’à mesure qu’on descend vers le sud (Sierra Leone et Liberia) on passe à une végétation plus dense et à la forêt. Le relief est formé de collines et de plateaux.

Les Kissis ne connaissent pas d’unité politique ou sociale véritable. Comme l’explique Denise Paulme, « personne ne pouvait se vanter d’exercer une autorité, même diffuse, sur l’ensemble de la région, nul ne pouvait exiger un impôt ni un service personnel en dehors d’un cercle étroit de parents et de voisins ». Le village est donc l’unité de base et comprend entre cinquante et deux cents habitants. C’est une société organisée en patrilignages, patrilocaux. Ils s’individualisent souvent sous la forme de quartiers. C’est le doyen du lignage (gbeo) qui possède l’autorité. Un village peut être composé d’un ou plusieurs lignages (trois au maximum, semble-t-il). Le clan n’a aucune réalité territoriale, et l’exogamie ne fonctionne qu’au niveau du lignage. Enfin, un lignage se définit par l’existence d’un interdit totémique commun à tous ses membres.

Les Kissis sont presque exclusivement des cultivateurs de riz ; ils lui consacrent dix mois par an. Il existe au moins neuf variétés principales, qui expliquent des types de culture différents : riz inondé ou riz sec ; riz hâtif ou riz tardif. On le sème une fois la saison des pluies engagée, vers avril-mai, et on le récolte entre octobre et janvier. En fait, la culture du riz est peu élaborée ; il n’y a ni pépinières, ni repiquage, ni système d’irrigation artificielle. Après la récolte du riz et sur les mêmes champs, on plante du manioc, de l’arachide, des patates et des taros. Enfin, les Kissis utilisent les ressources du palmier à huile pour accommoder le riz et cultivent aussi des légumes verts (gombo, tomates). La noix de cola et le café sont destinés au commerce et à l’exportation.

La chasse et la pêche ne sont pas tellement pratiquées pour leurs avantages alimentaires. Par ailleurs, la maladie du sommeil, qui est très développée, limite la présence du bétail. On élève des moutons et des chèvres, mais on n’utilise pas le lait de ces dernières. Il n’existe pas enfin d’artisans spécialisés ou castés. La culture du coton permet le tissage, et les tissus sont souvent teints à l’indigo. Le forgeron kissi, à la différence des autres sociétés africaines, n’est pas casté ; il travaille le fer, mais ne le fond pas. Cette situation explique qu’il ne joue pas un rôle important.

Le développement de l’économie monétaire a transformé considérablement cette économie d’autosubsistance, et la production du riz pour le marché devient de plus en plus importante.

Les Kissis croient en un dieu du ciel (hala), omniprésent et dispensateur de la pluie, source de vie. Mais cette croyance ne donne lieu à aucun culte ou rite spécifique. Il faut noter que cette forme de divinité est commune à tout un ensemble de peuples voisins des Kissis. Le culte des ancêtres occupe une place importante dans la vie sociale et religieuse. L’autel du lignage est toujours situé sur la place du village. C’est le doyen du lignage qui est le prêtre de ce culte.

Les femmes d’un village possèdent un lieu de culte spécifiquement féminin dans le village. Ce lieu est unique, au contraire des autels de lignage, qui sont évidemment aussi nombreux que les lignages eux-mêmes. C’est généralement le point d’eau du village, lieu de rencontre des femmes, qui sert de « mare où l’on prie ». Il existe un certain nombre d’autres cultes, plus secondaires, qui ont des fonctions agraires assez marquées.

Ces croyances religieuses sont complétées par l’existence d’un système de divination. Les pratiques de la magie et de la sorcellerie sont également courantes.

J. C.

 D. Paulme, les Gens du riz (Plon, 1954).

Kita-kyūshū

V. du Japon, dans l’île de Kyūshū ; 1 400 000 hab.


Formée en 1963 par la réunion de cinq villes voisines (Moji, Kokura, Tobata, Yahata et Wakamatsu), Kita-kyūshū s’étend sur la rive méridionale (Kyūshū) du détroit de Shimonoseki et forme, avec celle-ci, le bassin houiller de Chikuhū et Fukuoka, le dernier bastion manufacturier et urbain de la mégalopolis japonaise. Deux tunnels sous-marins, routiers et ferroviaires, la réunissent à Shimonoseki (Honshū), et un pont suspendu la relie par autoroute à Hiroshima, Ōsaka et Tōkyō. Kita-kyūshū ne saurait être comparée cependant aux trois autres grands foyers manufacturiers du pays, Tōkyō, Nagoya et Ōsaka, qui s’entourent de nombreuses cités satellites ; il s’agit ici d’une seule agglomération qui se place, parmi les cités japonaises, au septième rang pour le nombre des travailleurs, au sixième pour la consommation de matières premières et au cinquième pour la valeur ajoutée de ses fabrications.

Jusqu’en 1926, il est vrai, elle produisait 80 p. 100 de la fonte et 65 p. 100 de l’acier du pays et, en 1960 encore, un tiers de la fonte, alors que pour l’acier les régions de Tōkyō et Ōsaka l’ont distancée. Kita-kyūshū est un gros centre de métallurgie lourde dont les énormes usines évoquent Pittsburgh ou Essen, apparence exceptionnelle au Japon. À la fonte et à l’acier se sont ajoutés l’outillage, le ciment et la chimie lourde ; 70 p. 100 des travailleurs sont dans les usines de plus de 300 ouvriers. L’origine de la ville réside dans l’aciérie de Yahata (ou Yawata), fondée par le gouvernement au début du siècle. Les conditions étaient bonnes : proximité de la houille de Chikuhō, situation sur la mer permettant de faire venir minerai et ferraille ; gisements importants d’argile et de calcaire, situation favorable entre la zone manufacturière japonaise et le reste de l’Asie. Aussi, lorsque l’aciérie de Yahata fut ouverte en 1901, de nombreuses usines, profitant des mêmes conditions, s’établirent dans le voisinage ; elles constituent le complexe industriel lourd de Kammon, fabriquant des produits bruts (fonte, acier, produits chimiques de base) destinés à être élaborés en d’autres régions industrielles du pays.