Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
K

Kirchhoff (Gustav Robert) (suite)

S’attachant à l’étude du rayonnement thermique, Kirchhoff imagine en 1859 le concept de corps noir, absorbant intégralement les radiations qu’il reçoit ; il énoncera les lois relatives à son pouvoir émissif et à son pouvoir absorbant. Mais c’est l’invention du spectroscope qui va l’immortaliser ; cet appareil donne un spectre assez étalé pour qu’on puisse en repérer les raies avec précision sur une échelle graduée. Kirchhoff et Bunsen utilisent ce spectroscope pour démontrer que les raies des spectres sont caractéristiques des éléments chimiques, créant ainsi, en 1859, l’analyse spectrale. En 1861, tous deux découvrent deux éléments nouveaux, le césium et le rubidium, par la méthode spectroscopique. La publication de ces résultats, dans les Recherches sur le spectre solaire et sur les spectres des éléments chimiques (1861), suscite un intérêt considérable, et l’analyse spectrale va permettre bientôt à d’autres chercheurs l’identification de nombreux éléments jusqu’alors inconnus.

Kirchhoff a reconnu que la raie D du spectre solaire est produite par la vapeur de sodium. Il montre, en identifiant les autres raies de ce spectre, que le Soleil contient la plupart des métaux qui existent sur la Terre. Il explique aussi pourquoi ces raies sont sombres et non brillantes : sa célèbre expérience du renversement des raies (1860) prouve que les gaz incandescents peuvent absorber les radiations mêmes qu’ils sont capables d’émettre.

On doit encore à Kirchhoff les formules générales applicables aux courants électriques dans les circuits dérivés, des recherches sur les plaques vibrantes, la théorie des surfaces de discontinuité en hydrodynamique, enfin, en optique, un développement de la théorie ondulatoire de Fresnel.

R. T.

 F. Pokkels, « Gustav Robert Kirchhoff » dans Festschrift der Universität Heidelberg, t. II (Heidelberg, 1903).

Kirghizistan ou Kirghizie

En russe Kirguizskaïa S. S. R., république socialiste soviétique en Asie centrale ; 198 500 km2 ; 2 935 000 hab. Capit. Frounze.


Avec le Tadjikistan, voisin, le Kirghizistan est la république la plus montagneuse d’Union soviétique. De hautes chaînes orientées grossièrement ouest-est, appartenant essentiellement au système des Tian-Chan, dépassent 4 000 m et atteignent 7 000 m à la frontière du Tadjikistan et au nord-est, où s’étendent de beaux glaciers. De profondes vallées les découpent : celle du Naryn coule vers la dépression de la Fergana et concourt à former le fleuve Syr-Daria ; celle du Tchou va se perdre dans les sables désertiques du Kazakhstan*, entre la vallée inférieure du Syr-Daria et le lac Balkhach. Le lac Issyk-Koul, à plus de 700 m d’altitude, occupe un vaste bassin fermé. Entre Naryn et Tchou et entre ceux-ci et la dépression de Kachgar, en Chine, existent des cols ou des passes à haute altitude. Ces régions ne furent découvertes qu’au xixe s. grâce aux explorations de Nikolaï Mikhaïlovitch Prjevalski, dont le nom a été donné à une ville située à l’est du lac Issyk-Koul. En raison du caractère montagneux de la république, les cultures restent limitées aux parties supérieures des affluents du Syr-Daria, composant le fond de la dépression de la Fergana (maïs et un peu de coton et de riz, vergers étages sur les versants), ou au bassin du Tchou, autour de Frounze, où ont été introduites les cultures de la betterave à sucre, du lin oléagineux, de la pomme de terre et de divers fourrages. Les terres labourées n’occupent que 15 p. 100 de la superficie totale, le reste se composant de hauts pâturages où se pratiquent la vie de remues montagnardes ou la transhumance avec les plaines et le piémont. Le cheptel comprend un peu plus de 800 000 bêtes à cornes et plus de 8 millions d’ovins, regroupés dans d’immenses sovkhozes.

Les Kirghiz, peuple pasteur, représentent environ 40 p. 100 de la population ; les Ouzbeks, plutôt agriculteurs, 11 p. 100 ; les Tatars, près de 3 p. 100 ; les Kazakhs, 1 p. 100. Avec les Tadjiks et des populations d’origine chinoise, telles que des Dounganes, on peut considérer que les populations autochtones ne représentent pas plus de 60 p. 100 de la population totale.

Les Russes (30 p. 100) et les Ukrainiens, militaires, colons, techniciens, fonctionnaires, déjà nombreux à l’époque tsariste, se sont accrus sous le régime soviétique et surtout après la Seconde Guerre mondiale. Ils occupent les postes importants de l’administration et de l’économie et habitent surtout dans les villes. La composition de la population de cette république, la jeunesse des autochtones et de la population russe (formée de jeunes ménages), les progrès de l’hygiène expliquent les caractères de l’évolution démographique, marquée par un fort excédent naturel ; de l’ordre de 1,7 p. 100 en 1940, celui-ci passe par un maximum de 3,1 en 1960 et est actuellement de 2,4. Environ 40 p. 100 de la population sont employés dans l’agriculture et la sylviculture ; 25 p. 100 dans l’industrie et la construction.

Les excédents naturels et l’immigration expliquent l’accroissement rapide de la population de la république, qui passe de 864 000 en 1913 à 1 528 000 en 1940, dépasse les 2 millions en 1959 et atteint presque 3 millions en 1970 ; 37 p. 100 de la population vivent dans les villes, principalement dans la capitale, Frounze, située dans une position excentrique (comme Alma-Ata), en bordure du piémont, et dont la population passe de 93 000 habitants en 1939 à 220 000 en 1959 ; à 431 000 en 1970. La seconde ville, Och, passe de 65 000 habitants en 1959 à 120 000 en 1970. Les autres villes, Tokmak, Prjevalsk, Djalalabad, ne dépassent guère 40 000 habitants chacune.

La mise en valeur a porté d’abord sur l’amélioration de la vie pastorale et la commercialisation des produits de l’élevage : la plupart des villes sont des centres d’industries d’origine pastorale (cuir, laiteries). L’énergie (plus de 4 TWh par an, contre moins de 0,2 en 1950 est fournie par quelques centrales thermiques et hydrauliques. Des mines de charbon sont exploitées à la limite de la Fergana, dans la région de Kok-Iangak, et fournissent environ 4 Mt par an. Du gaz naturel et du pétrole sont extraits près de Maïli-Saï, et un gazoduc relie ces gisements à la ville d’Och. Une grande centrale hydraulique est en construction sur le Naryn, les eaux retenues devant également servir à l’irrigation, moins avancée ici que dans les républiques voisines. Des minerais polymétalliques ont été découverts au nord et à l’ouest du lac Issyk-Koul. Ainsi, l’industrie de transformation se développe. Le revenu national double de 1958 à 1970, et les produits de l’industrie représentent plus de 40 p. 100 de sa valeur. Les secteurs les plus développés utilisent les matières premières locales : soie à Och, fonderies sur la rive occidentale du lac Issyk-Koul et dans la vallée du Tchou, cimenteries, filatures et tissages de coton et surtout de laine et, depuis quelques années, fabriques de machines-outils, de bicyclettes, de machines à laver et en général de produits destinés non seulement à la consommation locale, mais aussi à l’exportation dans les autres républiques.

Cet effort récent d’industrialisation, suivant la mise en valeur des ressources d’origine primaire, atteste à la fois la volonté du gouvernement soviétique d’accélérer le développement et la croissance en Asie centrale et de fortifier l’économie des régions vulnérables les plus proches de la Chine.

A. B.