Kiang-sou (suite)
L’hiver, plus clément et plus court qu’au nord de la Huai, reste cependant sévère, et les nuits froides créent sur les étangs une mince couche de glace qui est récoltée pour conserver le poisson. Mais l’hiver n’est pas sec, contrairement à celui de la Chine du Nord ; il est surtout troublé et voit alterner le passage de dépressions cycloniques venues de l’ouest, des journées froides et sèches par vent de nord-est et des journées tièdes et humides par vent de sud-ouest. Les pluies d’hiver comptent pour plus de 12 p. 100 du total. Le printemps connaît aussi des temps troublés, mais les grandes pluies sont celles de Huangmei (Houang-mei), « la saison des prunes », du 10 juin au 10 juillet environ, où se combinent phénomènes cycloniques et arrivée de la mousson ; l’été est un peu moins pluvieux, en dépit des typhons qui se font sentir à Nankin, surtout en août et en septembre. Les pluies sont très irrégulières d’une année à l’autre, et surtout d’un mois d’une année au même mois d’une autre année.
La vie agricole est intensive (plus des deux tiers des terres portent deux récoltes dans l’année) et variée. Au nord du Yangzijiang, la culture principale le long du littoral est celle du coton, qui succède très souvent aux salines. Le coton est cultivé en « fermes d’État » ayant parfois plus de 40 000 ha, qui ont pris la suite de grandes sociétés. Il existe également une importante pêche maritime. La plus grande partie de la plaine est, cependant, cultivée en riz (irrigué) : le Jiangsu est le second producteur de riz de la Chine après le Hunan (Hou-nan). Au riz succèdent, en hiver, le blé, l’orge, le colza et les haricots. Enfin, tout à fait au sud, aux confins du Zhejiang (Tchö-kiang), les collines qui entourent le Taihu (T’ai-hou) sont la plus grande région de culture du mûrier et d’élevage du ver à soie de la Chine ; le Taihu lui-même est un grand centre de pisciculture.
Le Jiangsu méridional a une vie urbaine active. Il faut citer en particulier la très belle ville de Suzhou (Sou-tcheou) et l’ancienne capitale impériale de Nankin. Celle-ci, implantée sur les dernières rides qui dominent le grand fleuve, a perdu son rôle politique. Par contre, elle a gardé son rôle universitaire ; des industries modernes y sont implantées ; elle est traversée par la voie ferrée de Shanghai à Pékin, qui franchira prochainement le fleuve par un pont géant. Cependant, le rôle urbain essentiel est, évidemment, joué par la grande agglomération de Shanghai (Chang-hai*).
J. D.
➙ Chang-hai / Nankin.