Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
K

Kiang-si (suite)

Le Jiangxi a un climat humide (1 160 mm de pluies à Nanchang) avec une large prédominance des pluies de saison chaude, notamment des pluies de printemps (avril, mai, juin), qui représentent 40 p. 100 des précipitations, alors que les pluies d’été n’en représentent que 35 p. 100, mais sans que l’hiver soit réellement sec. L’été est tropical (28,6 °C en juill.), mais l’hiver est frais (5,1 °C en janv.). Sous ce climat « pénétropical » et sur les sols rougeâtres ferrallitiques qui couvrent les pentes régnait une forêt mixte dense où se mêlaient essences tempérées (pins) et essences tropicales (camphriers, bambous) ; elle fut détruite tardivement, mais presque totalement, de sorte que la plupart des montagnes ne portent plus qu’une savane ; on s’efforce de les reboiser. Aux confins du Hubei, les pentes des Mufushan (Mou-fou-chan) portent des théiers dont la production est renommée (thés de Xiushui [Hieou-chouei]), et, plus au sud, la ramie est une culture importante dont Wanzai (Wan-tsai) est un gros marché.

Les vallées très peuplées de toutes les rivières et la dépression du Poyanghu (P’o-yang-hou) sont en rizières, et Jiujiang (Kieou-kiang) est un grand marché du riz. Des réservoirs aménagés en amont des vallées (assez semblables aux tanks indiens) permettent la riziculture, car les pluies d’été sont insuffisantes. Une deuxième culture de riz est parfois possible grâce à l’importance des pluies de printemps : dans ce cas, une première récolte est faite d’avril à fin juillet, une deuxième, la principale, de juin à novembre, les tiges de cette deuxième récolte étant repiquées avant la moisson de la première. Plus souvent, cependant, la rizière porte en automne maïs, sorgho, soja et surtout patate douce. Le Poyanghu, lui-même, est un centre de ponte de poissons, et ses alevins sont recherchés par les pisciculteurs du Jiangsu (Kiang-sou).

Le Jiangxi est la province chinoise qui est la plus renommée pour son industrie de la porcelaine, implantée à Jindezhen (Kin-teh-tchen) depuis les Song, qui y avaient créé des fours impériaux.

Mais l’industrie moderne est peu importante en dépit de ressources minières réelles : antimoine et wolfram, tout à fait au sud, à Dayu (Ta-yu), au pied des Nanling et surtout charbon à Pingxiang (P’ing-siang), à la frontière du Hunan. Le gisement de Pingxiang est le seul gisement vraiment important au sud du Yangzijiang : les veines sont épaisses (12 m) ; le charbon, d’époque secondaire, est tendre et, en dépit de sa richesse en cendres, fournit du coke métallurgique. Mais le coke et le charbon sont expédiés vers les grands centres industriels de Wuhan (Wou-han) et de Shanghai, Pingxiang étant précisément sur la voie ferrée qui à Xiangtan (Siang-t’an) [au Hunan] s’embranche sur la voie ferrée Canton-Wuhan pour gagner Shanghai. Dans ces conditions, les villes (sauf Jiujiang, qui est un grand port fluvial sur le Yangzijiang à l’extrême nord de la province), y compris la capitale provinciale, Nanchang, sont essentiellement de gros marchés ruraux. La vallée du Gan est loin d’avoir l’importance, pour les facilités de communications modernes, de la vallée du Xiangjiang (Siang-kiang) au Hunan.

J. D.

Kiang-sou

En pinyin Jiangsu, province de la Chine orientale ; 102 200 km2 ; 60 millions d’hab. (estimation de 1964). Capit. Nankin.


Le Jiangsu, troisième province de Chine par la population, est la plus densément peuplée (près de 600 hab. au km2). Elle jouit d’une position exceptionnelle, correspondant pour l’essentiel à la basse plaine et à l’estuaire du Yangzijiang (Yang-tseu-kiang) ; si Shanghai (Chang-hai) est, administrativement, distinct du Jiangsu, économiquement son poids renforce l’importance de la province.

Celle-ci est constituée presque uniquement de plaines très plates, les derniers reliefs disparaissant à hauteur de Nankin. Toutefois, on peut distinguer deux ensembles que séparent grossièrement le grand lac Hungze (Hong-tsö) et le cours de la Huai (Houai) : une portion de la Grande Plaine du Nord d’une part, la basse plaine du Yangzi d’autre part. Si les transitions sont insensibles, des différences de climat apparaissent : l’hiver est moins froid et surtout plus court au sud de la Huai ; la moyenne de janvier à Nankin n’est que de 2,3 °C, mais on compte 300 jours sans gelée, et surtout les pluies y sont plus abondantes (970 mm à Nankin, 1 170 mm à Shanghai), alors qu’elles sont de l’ordre de 600 mm dans la Grande Plaine. En même temps disparaît peu à peu le lœss, ce trait géographique fondamental de la Grande Plaine. Tout le nord du Jiangsu présente donc les caractères essentiels de la Grande Plaine, un hiver froid, une sécheresse relative du climat, la terre jaune, une agriculture fondée sur le sorgho (kaoliang), auquel est associé le soja, parfois le maïs, et auquel succède en hiver, sur la même terre, le blé. La Huai elle-même présente les caractères principaux des fleuves du Nord : ce fleuve relativement court (1 087 km) est très irrégulier, avec des maigres d’hiver prononcés et des crues d’été violentes. Un aménagement total du bassin de la Huai (210 000 km2) a été réalisé à partir de 1954, grâce à des barrages sur les cours amont de la Huai et de ses affluents et au détournement d’une partie des eaux d’aval vers l’embouchure du Yangzijiang.

Au sud de la Huai apparaissent de nouveaux caractères dont le plus remarquable est la domination du riz, même si cette céréale exige l’irrigation. Cette région est la plus importante et la plus originale du Jiangsu. La plaine inférieure du Yangzijiang n’a encore que 3 km de large, entre les ultimes collines, à Nankin ; elle prend toute son ampleur à Zhenjiang (Tchen-kiang), à 220 km de la mer. Elle est très basse et très plate, et, le long du littoral, une double digue construite au viie s. a permis de conquérir des polders. L’alluvionnement est considérable, et la terre gagne ainsi continuellement sur la mer. L’embouchure du Yangzijiang est, en réalité, un estuaire large de 40 km remonté par la marée jusqu’à Nankin. La plaine du bas Yangzi est le pays de l’eau : lacs et rivières occupent 15 p. 100 de la superficie ; on ne compte pas moins de 250 étangs et lacs, le plus grand étant le Taihu (T’ai-hou) [2 500 km2], dont le Huangpu (Houang-p’ou), la rivière de Shanghai, est l’émissaire. En outre, 40 000 km de canaux ont été creusés ; le plus célèbre est le Grand Canal, creusé du viie au xiiie s., mais les innombrables autres canaux servent à la fois à l’irrigation dans une région trop sèche pour le riz, au drainage dans une région à demi amphibie et aux communications ; des milliers de familles vivent sur l’eau, dans des sampans, et tirent leur subsistance de la pêche en eaux douces, de la pisciculture, de l’élevage des canards et des transports. Fleuve immense, canaux, polders, le Jiangsu présente un vrai « paysage hollandais ».