Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
K

Khrouchtchev (Nikita Sergueïevitch) (suite)

Certes, la crise de Cuba* en octobre 1962, où l’U. R. S. S. est obligée de reculer devant les États-Unis en enlevant ses fusées de l’île, porte un coup à son prestige. Mais, grâce à ses entretiens avec les présidents Kennedy* et Johnson*, Khrouchtchev peut continuer à se présenter comme l’artisan de la paix dans le monde par la coexistence* pacifique. En 1963 est signé le traité sur la limitation des expériences nucléaires.

Depuis 1959, cependant, Khrouchtchev s’est brouillé avec la Chine : la critique de Staline (dont le corps est retiré du mausolée lors du XXIIe Congrès) et surtout la stratégie de coexistence pacifique, où la victoire du socialisme devient l’enjeu d’une concurrence économique avec le capitalisme, sont pour les Chinois le signe de l’abandon d’une position révolutionnaire. Khrouchtchev leur apparaît comme l’homme qui a renoncé à l’espoir d’une victoire du socialisme par le soutien aux révolutions.


La chute

De plus en plus coupé de la réalité russe (il s’absente longuement de Moscou), atteint par les échecs de la politique agricole et par la reculade de Cuba, Khrouchtchev est contraint en octobre 1964 de présenter sa démission de secrétaire général du parti communiste de l’Union soviétique et de président du Conseil. Dès lors, il vivra dans une retraite absolue.

Son activité brouillonne et contradictoire est alors ouvertement critiquée, ainsi que sa manière très personnelle d’exercer le pouvoir. Les libéraux lui reprochent d’avoir gâché les chances de la déstalinisation par les incohérences de sa politique. L’appareil du parti lui préfère des hommes plus effacés, Kossyguine et Brejnev. Il meurt le 11 septembre 1971, d’une maladie du cœur. Ses obsèques, discrètes, se déroulent en l’absence de tout représentant du parti.

Extraits des discours de « Monsieur K »

Les crimes de Staline

« Les faits prouvent que nombre d’abus ont été commis sur les ordres de Staline en violation des normes du parti et de la légalité soviétique. Staline était un homme très méfiant, maladivement soupçonneux ; notre travail avec lui nous l’avait appris. Il était capable de regarder quelqu’un et de lui dire : « Pourquoi vos regards sont-ils si fuyants aujourd’hui ? », ou : « Pourquoi vous détournez-vous ainsi aujourd’hui et évitez-vous de me regarder droit dans les yeux ? » Cette suspicion maladive engendrait chez lui une méfiance généralisée, même à regard des travailleurs éminents du parti qu’il connaissait depuis des années. Partout et en toute chose il voyait des « ennemis », des « gens à double face » et des « espions ».

Possédant un pouvoir illimité, il se livrait à l’arbitraire et annihilait les gens moralement et physiquement. Il en résultait que personne ne pouvait exprimer sa propre opinion. »
(Rapport secret au XXe Congrès, 1956.)

La coexistence pacifique

« Quand nous disons que le système socialiste l’emportera dans la compétition des deux systèmes, capitaliste et socialiste, cela ne signifie nullement que la victoire sera obtenue par une domination armée des pays socialistes dans les affaires intérieures des pays capitalistes. La certitude que nous avons de la grande victoire du communisme repose sur le fait que le mode de production socialiste possède des avantages décisifs sur le mode capitaliste. »
(Rapport au XXe Congrès, 25 févr. 1956.)

Le « style Khrouchtchev »

« J’ai travaillé dès que j’ai su marcher. J’ai d’abord été berger. J’ai gardé des moutons et des veaux, puis les vaches des propriétaires fonciers, ces capitalistes de la terre. À quinze ans, je suis parti pour la ville. J’ai travaillé alors dans une usine qui appartenait à des Allemands, puis dans une mine qui appartenait à des Belges. Et aujourd’hui je suis le président du Conseil du grand État soviétique. »
(Discussion avec les industriels américains à Los Angeles, en sept. 1959.)

« Nous avons fait une grande révolution pour donner aux hommes tous les biens de la vie. Si ces biens n’existent pas, à quoi nous a servi cette révolution ?

Que nous faut-il donc ? Que nos gens mangent bien et à leur faim, qu’ils soient habillés chaudement, proprement et joliment, qu’ils aient un logement clair et confortable, que les enfants aillent à l’école, qu’il y ait pour eux des crèches et des jardins... Alors l’adversaire se mordra la langue. Et ajoutez à cela un supplément : des fusées et des bombes thermonucléaires. Alors on peut vivre tout à fait bien. »
(Discours à Kalinovka, le 29 julll. 1962.)

G. H.

 E. Crankshaw, Khrushchev (Londres, 1960 ; trad. fr. Krouchtchev, Grasset, 1967). / A. Wenger, la Russie de Khrouchtchev (Éd. du Centurion, 1960). / R. Conquest, Power and Policy in U. S. S. R. The Study of Soviet Dynasties (Londres, 1961). / R. Löwenthal, Chruschtschow und der Weltkommunismus (Stuttgart, 1963 ; trad. fr. Khrouchtchev et la désagrégation du bloc communiste, Calmann-Lévy, 1964). / D. Burg, The Fall of Nikita Khrushchev (Londres, 1966). / B. Féron, l’U. R. S. S. sans idole. De Staline à Brejnev et Kossyguine (Casterman, 1966).

Kiang-si

En pinyin Jiangxi, province de la Chine méridionale ; 164 800 km2 ; 21 624 000 hab. (population estimée en 1964). Capit. Nanchang (Nan-tch’ang).


La province du Jiangxi présente le paysage typique de la Chine méridionale : un paysage accidenté de basses montagnes aux flancs abrupts et convexes dominant des vallées à fond plat. L’altitude de ces basses montagnes diminue du sud (1 400 à 1 800 m dans les Nanling [Nan-ling], chaîne orientée d’ouest en est qui sépare le Jiangxi du Guangdong [Kouang-tong]) au nord (150 m environ). Cependant, les altitudes se relèvent à l’ouest aux confins du Hunan (Hou-nan) et du Hubei (Hou-pei), où elles approchent de 2 000 m, et surtout à l’est, aux confins du Fujian (Fou-kien), où les Wuyishan (Wou-yi-chan) dépassent cette hauteur. Le centre du Jiangxi est entre ces reliefs, une longue gouttière déprimée, orientée S.-O. - N.-E., favorable aux communications entre le Guangdong et les plaines du Yiangzijiang (Yang-tseu-kiang), les Nanling étant franchies au col de Meiling (Mei-ling). Cette gouttière est parcourue par le Gan (Kan) et se termine au nord par la cuvette du lac Poyang (P’o-yang), où six autres cours d’eau moins importants confluent et que domine immédiatement la célèbre montagne granitique du Lushan (Lou-chan). Le Poyang, qui est le plus grand lac chinois (le Dongting [Tong-t’ing] au Hunan étant en réalité constitué de plusieurs lacs), couvre 2 700 km2 ; il double sa superficie de juin à septembre ; à cette époque, il sert quelque peu de déversoir au Yangzi ; mais les eaux du fleuve n’y pénètrent pas facilement par l’unique chenal, tandis que le lac est gonflé par les apports considérables de ses affluents ; le Poyang est donc un mauvais régulateur et peut même jouer le rôle de « bouchon » retardant l’évacuation des hautes eaux du fleuve.