Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
J

juif (art) (suite)

De même en est-il pour la sculpture, qui, depuis le xviiie s., compte dans ses rangs de nombreux artistes juifs de talent. Parmi le nombre restreint de ceux qui ont, à l’occasion, manifesté dans leur art certaines caractéristiques proprement juives, on peut citer Mark M. Antokolski (1843-1902), Jacob Epstein (1880-1959) et Jacques Lipchitz*.

C. G.

➙ Israël.

 R. Wischnitzer, Symbole und Gestalten der jüdischen Kunst (Berlin, 1935). / F. Landsberger, A History of Jewish Art (Cincinnati, 1946). / Jewish Art (Tel-Aviv, 1961). / L. A. Mayer, Bibliography of Jewish Art (Jérusalem, 1967).
CATALOGUE D’EXPOSITION. Israël à travers les âges (Petit Palais, Paris, 1968).

Juifs



De la destruction du second Temple à l’apparition de l’islām (ier-viie s.)

Communauté ethno-culturelle dont la majorité des membres vit, malgré, l’existence de l’État d’Israël*, dispersée dans le monde.


Yabne et les patriarches

L’histoire des Juifs devint, après la destruction de Jérusalem (70 apr. J.-C.), celle d’un peuple dispersé conservé par sa foi, sa loi et son esprit. Ce fut le résultat de l’action de Rabban Johanan ben Zakkaï, qui réussit à sortir de Jérusalem assiégiée pour aller demander à Titus la permission d’aller installer à Yabne (ou Jabneh), près de la côte, une école qui devint un grand centre national, reconnu plus tard par les Romains ; pendant plus de trois siècles, les successeurs de Rabban Johanan, qui portèrent le titre de « patriarches », furent les chefs reconnus de la communauté juive de Palestine. Ce fut une période de reconstruction et d’intense activité intellectuelle. La synagogue remplaça le Temple détruit ; la prière et l’étude prirent la place des sacrifices. L’instruction fut obligatoire pour tous. Mais, bientôt, la haine contre l’oppresseur romain ranima de nouvelles conflagrations, qui ravagèrent non seulement la Palestine, mais aussi les communautés qui s’étaient formées dans le monde méditerranéen.

La plus grande de ces communautés était celle de Babylonie, datant de l’époque de Cyrus et composée, à l’origine, des Juifs qui n’étaient pas rentrés en Israël après l’exil (587-538 av. J.-C.). Elle était appelée à jouer un grand rôle, car elle était restée hors de la sphère d’influence de la culture hellénistique et n’était pas sous l’autorité des Romains. Le centre juif d’Alexandrie*, très important lui aussi, fut lié davantage aux vicissitudes de la Palestine. C’est là que la Bible avait été traduite en grec et que des sages, comme le philosophe Philon (ier s. apr. J.-C.), tentèrent d’harmoniser avec leur foi juive leur culture grecque. En Arabie, en Asie Mineure, sur les côtes et dans les îles de la Méditerranée, il y avait des communautés, formées à l’origine par des marchands, des marins, des réfugiés, des prisonniers rachetés et des mercenaires juifs connus pour leur vaillance et leur fidélité. Il y avait également une communauté à Rome, où le judaïsme gagna, sans le chercher, de nombreux prosélytes.


La révolte de Bar-Kokheba (132-135)

Moins de trente-cinq ans après la chute de Jérusalem, tous ces centres se soulevèrent contre Rome. La lutte fut sans merci ; les Juifs succombèrent, mais leur révolte empêcha les Romains de conquérir la Mésopotamie et sauva de leur oppression les communautés de Babylonie. En 132, une autre révolte éclata en Palestine, contre l’empereur Hadrien. Dirigée par Simon Bar-Kokheba (ou Bar-Kochba) et soutenue par les rabbins, à la tête desquels se trouvait Rabbi Akiba, elle suscita aux Romains de lourdes difficultés. Les insurgés libérèrent beaucoup de villes, proclamèrent la restauration de l’État juif et battirent même monnaie. Mais la révolte fut finalement écrasée. Les Romains regagnèrent le terrain perdu et s’emparèrent de Bethar, dernier bastion de la résistance juive (135). Les pertes des Romains furent sévères, et l’empereur n’osa pas adresser au sénat le message habituel mentionnant le bon état des troupes. Il fit de Jérusalem une cité païenne, interdite aux Juifs. La répression fut cruelle, et les martyrs nombreux. Les successeurs d’Hadrien ne continuèrent cependant pas dans cette voie. La persécution cessa ; de nouveau, les patriarches furent reconnus, et les rabbins poursuivirent l’élaboration des grands ouvrages de la Loi orale (v. judaïsme).


Les Empereurs chrétiens

En 325, Constantin* fit du christianisme la religion de l’Empire romain. Partout où l’autorité des Romains s’étendait, les Juifs rebelles à l’adoption de la nouvelle foi furent persécutés. En 425, le patriarcat fut aboli. Dans l’Empire byzantin, la condition des Juifs devint très difficile. Les lois de l’Empire, codifiées dans les grands recueils des empereurs byzantins, furent très sévères pour eux et devinrent le modèle de toutes les législations restrictives ultérieures.


La Mésopotamie

La situation était meilleure en Mésopotamie ; les Juifs y jouissaient d’une sorte d’autonomie ; ils étaient placés sous l’autorité de « l’exilarque », magistrat juif qui avait sa place à la Cour. De grandes écoles se créèrent et fleurirent. On y étudia la Mishna, dont tous les articles furent soumis au crible d’un examen qui en dégageait toutes les conséquences et comparait entre elles toutes les formulations des règles qui faisaient loi. Cet effort constituait l’« étude de la Loi » (« talmud Torah »). Cette étude fut condensée dans le Talmud*, dont la rédaction au ve s. fut jugée nécessaire pour assurer la transmission de l’enseignement.


Les Sassanides

Inspirés par les mages de la religion de Zoroastre, les Perses Sassanides*, qui dominèrent la Palestine à partir de 613, inaugurèrent de nouvelles persécutions. Beaucoup de pratiques religieuses furent interdites. Des écoles furent fermées, et une surveillance tatillonne s’exerça. Les luttes intestines du pouvoir mettaient en danger incessant l’existence même des communautés et des individus.


Le Moyen Âge


Le monde musulman du viie au xie siècle