Joule (James Prescott) (suite)
Puis il se penche sur les transformations de l’énergie, dont il prévoit la conservation, et étudie successivement les conversions en chaleur de l’énergie électrique et de l’énergie mécanique. En 1841, il formule les lois — qui portent son nom — sur le dégagement de chaleur produit par le passage d’un courant électrique dans un conducteur ; il utilise cet « effet Joule » à la mesure des chaleurs massiques. L’année suivante, il détermine, grâce à une expérience célèbre, l’équivalent mécanique de la calorie : il mesure l’échauffement d’un calorimètre à eau dans lequel tournent des palettes entraînées par la chute de deux poids. Jusqu’en 1849, il reprend cette expérience en lui apportant d’incessants perfectionnements. Il expérimente aussi sur le mercure et sur l’huile de baleine. Il peut alors énoncer le principe de l’équivalence.
En 1851, il interprète la loi de Mariotte par la théorie cinétique des gaz, et calcule la vitesse moyenne des molécules gazeuses. Des recherches effectuées en 1852, en collaboration avec William Thomson*, lui permettent d’affirmer que, pour les gaz parfaits, la détente adiabatique dans le vide s’effectue sans variation de température et que, par suite, leur énergie interne ne dépend pas de leur pression (loi de Joule) ; en revanche, pour les gaz réels, il se produit un léger refroidissement (effet Joule-Thomson).
Membre de la Société royale de Londres en 1850, Joule a publié de nombreux Mémoires, qui ont été réunis en 1884 sous le titre de Scientific Papers.
En souvenir de ce grand savant, le nom de joule a été donné à l’unité de travail mécanique et d’énergie.
R. T.
O. Reynolds, Memoir of James Prescott Joule (Manchester, 1892).
À propos de l’équivalence
Ludvig August Colding,
physicien danois (Holbaek 1815 - Copenhague 1888), l’un des fondateurs de la thermodynamique. En 1843, il a mesuré l’équivalent mécanique de la calorie à l’aide d’expériences sur le frottement.
Gustave Adolphe Hirn,
physicien et industriel français (Logelbach, Haut-Rhin, 1815 - Colmar 1890). Il a construit des machines à vapeur et introduit dès 1855 l’emploi de la surchauffe. Ses mesures de l’équivalent mécanique de la calorie ont utilisé soit l’écrasement du plomb par la chute d’un corps (1858), soit la machine à vapeur.
Julius Robert von Mayer,
physicien et médecin allemand (Heilbronn 1814 - id. 1878). Il semble avoir été le premier à envisager la conservation de l’énergie. Au cours d’un travail sur le métabolisme du corps humain soumis à de hautes températures, il énonça avant Joule l’équivalence de la chaleur et du travail. En évaluant la différence des deux chaleurs massiques des gaz, il calcula en 1842 la valeur de l’équivalent. En 1848, il expliqua l’incandescence des météorites par le frottement.
Benjamin Thompson, comte Rumford,
physicien et chimiste américain (Woburn, Massachusetts, 1753 - Auteuil 1814). Il eut une vie fort agitée, car il fut maître d’école en Amérique, officier dans l’armée anglaise pendant la guerre de l’Indépendance, gouverneur de la Bavière ; il vécut ensuite à Londres, puis en France, où il épousa la veuve de Lavoisier*. Il a imaginé le calorimètre à eau, détruit la théorie du calorique en observant la constance de la masse de la glace qui fond. Il a montré que le frottement des métaux dégage de la chaleur, mais ne modifie pas leur capacité calorifique.