Jérôme (saint) (suite)
Au printemps 382, le pape Damase l’appelle à Rome ; sa réputation de savant l’y a précédé. Ces années romaines ont sur son activité littéraire une influence décisive. À la demande du pape, qui en fait son secrétaire et bientôt son ami, il entreprend la révision du texte latin des Évangiles et des autres livres du Nouveau Testament. L’élan est donné. À dater de cette époque, Jérôme ne cessera plus de s’occuper de la Bible. Sa vocation de bibliste s’est affirmée.
En même temps, il est entré en contact avec des cercles religieux auxquels appartiennent des dames pieuses de l’aristocratie romaine qui se consacrent à la prière et à la charité ; Jérôme les invite à y joindre l’étude de la théologie et de la Bible. Quelques-unes d’entre elles, dont Paula et sa fille Eustochium, s’attachent à lui et le suivront lorsqu’il laissera Rome. La situation de Jérôme, l’œuvre qu’il a entreprise suscitent des jalousies. À la mort du pape Damase, le 11 décembre 384, il juge préférable de quitter Rome.
Le monastère de Bethléem
Jérôme, le cœur ulcéré, reprend une fois encore la route de l’Orient. Paula, sa fille Eustochium et d’autres jeunes patriciennes poussées par le désir de connaître la Terre sainte viennent le rejoindre à Antioche. Jérôme visite avec elles les Lieux saints et en 386 se fixe à Bethléem. La fortune de Paula permet la construction de trois monastères de femmes, qu’elle dirige elle-même, et d’un monastère d’hommes, placé sous l’autorité de Jérôme. Sauf quelques courts voyages, c’est là qu’il passera les trente-quatre ans qui lui restent à vivre, c’est-à-dire presque la moitié de sa vie. Ces années sont une période d’intense activité littéraire. Il entretient une vaste correspondance et prend part aux controverses théologiques suscitées par l’origénisme (v. Origène) ou le pélagianisme (v. Augustin [saint]).
Mais la partie la plus importante et la plus féconde de son œuvre se place sur le terrain scripturaire. Abandonnant la simple révision du texte latin de la Bible, il entreprend une traduction nouvelle sur l’original hébreu. Le fruit de ces travaux, qui dureront quinze années (de 391 à 406), s’appellera la Vulgate (v. Bible) et deviendra la version officielle de l’Église latine. À cet immense labeur, il joint de nombreux commentaires sur divers livres de l’Ancien et du Nouveau Testament.
Il meurt en 419 ou 420 (plutôt 419), laissant une œuvre qui fait de lui un des plus grands biblistes de tous les temps.
I. T.
➙ Bible / Chrétiennes (littératures).
F. Cavallera, Saint Jérôme, sa vie et son œuvre (Champion, 1922 ; 2 vol.). / A. Penna, San Girolamo (Turin, 1949). / P. Antin, Essai sur saint Jérôme (Letouzey, 1951). / F. X. Murphy, A Monument to St. Jerome (New York, 1952). / J. Steinmann, Saint Jérôme (Le Cerf, 1958). / M. Testard, Saint Jérôme, l’apôtre savant et pauvre du patriciat romain (Les Belles Lettres, 1969).
Repères chronologiques
v. 347Naissance.
359-367Études classiques à Rome.
374-382Premier séjour en Orient :
374-375, Antioche ;
375-377, le désert de Chalcis ;
377-379, retour à Antioche ;
379-382, Constantinople.
Rome et le pape Damase.
386-419 ou 420Le monastère de Bethléem.
La mort.