Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
J

Jérôme (saint) (suite)

Au printemps 382, le pape Damase l’appelle à Rome ; sa réputation de savant l’y a précédé. Ces années romaines ont sur son activité littéraire une influence décisive. À la demande du pape, qui en fait son secrétaire et bientôt son ami, il entreprend la révision du texte latin des Évangiles et des autres livres du Nouveau Testament. L’élan est donné. À dater de cette époque, Jérôme ne cessera plus de s’occuper de la Bible. Sa vocation de bibliste s’est affirmée.

En même temps, il est entré en contact avec des cercles religieux auxquels appartiennent des dames pieuses de l’aristocratie romaine qui se consacrent à la prière et à la charité ; Jérôme les invite à y joindre l’étude de la théologie et de la Bible. Quelques-unes d’entre elles, dont Paula et sa fille Eustochium, s’attachent à lui et le suivront lorsqu’il laissera Rome. La situation de Jérôme, l’œuvre qu’il a entreprise suscitent des jalousies. À la mort du pape Damase, le 11 décembre 384, il juge préférable de quitter Rome.


Le monastère de Bethléem

Jérôme, le cœur ulcéré, reprend une fois encore la route de l’Orient. Paula, sa fille Eustochium et d’autres jeunes patriciennes poussées par le désir de connaître la Terre sainte viennent le rejoindre à Antioche. Jérôme visite avec elles les Lieux saints et en 386 se fixe à Bethléem. La fortune de Paula permet la construction de trois monastères de femmes, qu’elle dirige elle-même, et d’un monastère d’hommes, placé sous l’autorité de Jérôme. Sauf quelques courts voyages, c’est là qu’il passera les trente-quatre ans qui lui restent à vivre, c’est-à-dire presque la moitié de sa vie. Ces années sont une période d’intense activité littéraire. Il entretient une vaste correspondance et prend part aux controverses théologiques suscitées par l’origénisme (v. Origène) ou le pélagianisme (v. Augustin [saint]).

Mais la partie la plus importante et la plus féconde de son œuvre se place sur le terrain scripturaire. Abandonnant la simple révision du texte latin de la Bible, il entreprend une traduction nouvelle sur l’original hébreu. Le fruit de ces travaux, qui dureront quinze années (de 391 à 406), s’appellera la Vulgate (v. Bible) et deviendra la version officielle de l’Église latine. À cet immense labeur, il joint de nombreux commentaires sur divers livres de l’Ancien et du Nouveau Testament.

Il meurt en 419 ou 420 (plutôt 419), laissant une œuvre qui fait de lui un des plus grands biblistes de tous les temps.

I. T.

➙ Bible / Chrétiennes (littératures).

 F. Cavallera, Saint Jérôme, sa vie et son œuvre (Champion, 1922 ; 2 vol.). / A. Penna, San Girolamo (Turin, 1949). / P. Antin, Essai sur saint Jérôme (Letouzey, 1951). / F. X. Murphy, A Monument to St. Jerome (New York, 1952). / J. Steinmann, Saint Jérôme (Le Cerf, 1958). / M. Testard, Saint Jérôme, l’apôtre savant et pauvre du patriciat romain (Les Belles Lettres, 1969).

Repères chronologiques

v. 347

Naissance.

359-367

Études classiques à Rome.

374-382

Premier séjour en Orient :
374-375, Antioche ;
375-377, le désert de Chalcis ;
377-379, retour à Antioche ;
379-382, Constantinople.

382-385

Rome et le pape Damase.

386-419 ou 420

Le monastère de Bethléem.

La mort.

Jérusalem

Capitale de l’État d’Israël ; 288 000 hab.



Le site

La ville a été la capitale historique de la Palestine, dont elle est restée l’agglomération principale jusqu’au développement des cités côtières de l’État d’Israël.

L’élément décisif dans le développement de la ville peut être cherché dans sa situation. Celle-ci est déterminée par l’intersection de la route longitudinale qui suit la crête des monts de Judée, et passe à 2 km à l’ouest de l’ancienne ville, avec la route transversale ouest-est qui offre le premier point de passage entre Palestine et Transjordanie au nord de la mer Morte. Il y avait là des bases de croissance d’une grande capitale.

Mais en fait Jérusalem n’est pas exactement dans le meilleur emplacement pour profiter de cette situation générale. Le passage naturel transversal dans les monts de Judée se trouve au nord-ouest de la ville, sur le plateau de Gabaon, précisément à la hauteur de la terrasse de Jéricho, qui rend la descente dans le fossé du Jourdain beaucoup plus facile. C’est là que se situait l’emplacement le plus favorable pour une ville, également avantagé par de bons sols agricoles et d’abondantes ressources en eau, à Gabaon (aujourd’hui El Jib, près de l’aéroport actuel de Jérusalem).

On ne sait quelles circonstances déterminèrent l’établissement à quelques kilomètres de là de la capitale des royaumes de Juda et d’Israël, dans un site beaucoup plus difficile, celui d’une étroite échine de calcaire crétacé découpée par l’érosion du Qidron (Cédron), tributaire de la mer Morte, et de ses affluents, dans le rebord des monts de Judée, avec des ressources en eau très limitées et une forte pente du nord-ouest au sud-est (de 790 m à 635 m sur un espace d’un peu plus d’un kilomètre), tous éléments peu favorables à une grande cité et qui évoquent beaucoup plus un refuge qu’un emplacement propre à la domination. En tout cas, c’est là que s’est établie la cité depuis le début du Ier millénaire avant J.-C., remodelée au iie s. apr. J.-C., après les grandes révoltes juives, suivant un plan rectangulaire et quadrillé de colonie romaine qui forme encore aujourd’hui l’ossature de la ville ancienne entre ses murailles.

La seconde phase décisive dans l’évolution de la cité se place dans la seconde moitié du xixe s., lorsque le retour progressif de la sécurité dans le cadre de l’Empire ottoman permit le développement hors des murs de quartiers nouveaux, essentiellement chrétiens (autour des divers établissements religieux construits avec l’aide et sous la protection des puissances européennes) et juifs (bâtis par les nouveaux immigrés d’Europe orientale), tandis que la vieille ville restait partagée entre des quartiers musulmans, chrétiens et juifs (autochtones). Au moment de la Première Guerre mondiale, plus de la moitié des 60 000 habitants vivaient déjà hors des murs, dispersés essentiellement dans les collines des monts de Judée, à l’ouest de la vieille ville. Ces caractères s’affirmèrent entre les deux guerres, et, en 1948, la ville comptait 165 000 habitants (100 000 juifs, 40 000 musulmans, 25 000 chrétiens). Elle faisait déjà figure de centre spirituel et politique pour les juifs de Palestine, avec le siège de l’Agence juive, du rabbinat et de l’université hébraïque. Après la partition de 1948, l’État d’Israël a tenu, pour des raisons essentiellement spirituelles et idéologiques, à installer son centre politique dans la nouvelle ville qui constituait sa part. Mais la situation marginale par rapport au nouvel État, avec lequel les communications s’établissaient difficilement à travers un étroit corridor en région accidentée, empêcha Jérusalem d’acquérir les fonctions économiques d’une capitale. Centre d’administration et d’éducation, les activités industrielles y sont restées médiocres (12 p. 100 seulement de la population active). Si la population de la partie israélienne a augmenté jusqu’à 195 000 habitants en 1966, elle ne constitue plus que 8,5 p. 100 de la population d’Israël, contre 14 p. 100 de la population juive en 1948. Pendant cette période, la vieille ville avait gardé les fonctions de centre régional pour la population arabe de Cisjordanie, mais sa population était restée stable en raison de l’attraction d’‘Ammān, capitale politique.

L’occupation israélienne depuis 1967 a de nouveau modifié radicalement ces conditions. On assiste, encore timidement, au développement de fonctions économiques centrales, et le trafic du reste de l’État d’Israël vers la ville s’est considérablement accru.

X. P.