Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
I

Italie (suite)

Mais l’industrie mécanique est beaucoup plus étendue encore. La mécanique de précision est en plein essor. Dans la variété des articles produits, on peut citer les machines-outils (Milan), les machines d’équipement industriel pour le textile (Prato et Busto Arsizio), pour la chaussure (Vigevano), pour l’industrie électrique (Legnano), les machines à coudre (Pavie, Milan, Monza...), les machines à écrire (Ivrée), les instruments d’optique (Turin, Milan, Bologne, Florence), le matériel électromécanique (Milan), les articles électroménagers (Milan, Varese, Pordenone). Dispersées essentiellement en Italie du Nord, ces entreprises vont de l’atelier familial à la société de niveau international. Beaucoup ont grandi en quelques années, telles des sociétés comme Ignis, Candy, Triplex dans l’électroménager. Ces industries participent de manière notable aux exportations.

Plus récentes, mais avec un rythme de développement foudroyant, sont les industries chimiques. Elles sont dominées par un petit nombre de sociétés, l’ENI, la Montedison (et ses dépendances : Châtillon, Rhodiatoce), Snia Viscosa, Pirelli. Les centres producteurs sont concentrés en Italie du Nord, en premier lieu à Milan, mais des initiatives nouvelles équipent le sud du pays. Dans un premier temps, la chimie a été fondée sur les nécessités de l’agriculture et sur les besoins en acides et colorants de l’industrie. Les usines de fabrication de l’acide sulfurique (Spinetta Marengo, Bovisa, Castellanza...), de l’acide nitrique (San Giuseppe di Cairo, Bussi sul Tirino, Crotone...), de la soude caustique (Rosignano Marittimo, Monfalcone), d’ammoniaque, d’azote et d’engrais (San Giuseppe di Cairo, Novare, Bussi sul Tirino, Crotone...), de colorants (Milan) ont été installées. Puis, avec les hydrocarbures, la pétrochimie a pris une énorme expansion. Des produits de base sont élaborés à Ferrare en même temps que des matières plastiques et des engrais. De gros établissements se trouvent à Ravenne, Brindisi, Syracuse, Catane, Agrigente, Gela... La chimie légère est représentée par des produits plus élaborés. Il y a le secteur des fibres artificielles et synthétiques et celui des matières plastiques. Les fibres cellulosiques (rayonne) sont travaillées dans la région de Milan, celle de Turin, à Padoue, Rieti, Rome, Naples. Les fibres synthétiques (Nylon, Rilsan, Movil, Terital) sont élaborées à Pallanza, Varese, Cesano Maderno, Casoria. Les principaux centres de matières plastiques sont Ferrare, Castellanza, Cesano Maderno, Porto Marghera, Torviscosa, Pallanza, Villadossola, Casoria, Brindisi, Raguse. Les industries de produits pharmaceutiques ou de beauté se localisent dans les grandes villes : Milan, Turin et Rome surtout. Il y a enfin toute une série d’autres produits : savons (Gênes), pellicules (Milan, Ferrania), huiles à parfums... À rapprocher de la chimie est l’industrie du caoutchouc, dont les principaux centres sont Milan et Turin.

Les autres branches industrielles, plus anciennes, ont un rayonnement plus limité, et leur prospérité est variable. La longue cohorte des industries alimentaires est marquée par la diffusion géographique des établissements et la faible concentration économique. La minoterie stagne, car, avec l’élévation du niveau de vie, la consommation de pâtes alimentaires diminue. Les industries de la conserverie, celles de la charcuterie progressent. La connaissance des produits italiens à l’étranger est surtout le fait de marques d’apéritifs (Campari, Cinzano) et des dolci (confiserie, pâtisserie) comme les glaces et pâtisseries Motta ou Alemagna de Milan, les chocolats Caffarel de Turin ou Perugina de Pérouse.

Les industries textiles ont des destins contrastés. Le travail du textile est en crise. L’industrie de la soie a bien décliné, celle de la laine est concentrée en trois points : autour de Biella (la moitié des établissements), à Schio et Valdagno en Vénétie, à Prato près de Florence. La filature et le tissage du coton ont leur plus grand nombre d’usines en Lombardie, dans le secteur de Busto Arsizio-Gallarate et dans celui de Bergame. Quant aux autres fibres, chanvre, lin, jute, elles sont secondaires et travaillées en Italie septentrionale. Par contre, les industries du vêtement sont florissantes. Elles se trouvent d’abord dans les grandes villes où la confection industrielle s’est organisée (sociétés Facis, Apem...) et où s’élabore la mode italienne. Mais il y a une multitude de petites usines dispersées dans le pays ; employant une main-d’œuvre féminine au salaire modeste, ces usines fabriquent des articles de qualité à des prix compétitifs sur les marchés extérieurs, en particulier pour la bonneterie. Ce tableau doit être complété en rappelant l’importance de l’industrie des cuirs et peaux et celle de la chaussure à Vigevano, Varese, Bologne... La branche « matériaux de construction-verre-céramique » recouvre bien des activités, de l’article commun à l’objet artistique ; elle est d’abord fonction de la construction immobilière, mais elle apporte aussi ses fabrications aux autres industries. Les principaux centres du travail du verre sont Pise, Milan, Livourne, Venise, Naples, ceux de la céramique sont la région milanaise, Livourne et Pise, Gaète, Ferrandina. Les industries du bois et du meuble ont encore, à part quelques scieries, une structure artisanale. La région de la Brianza (nord de Milan), celle de la Toscane sont les centres les plus connus. Un processus d’industrialisation est en cours avec la multiplication des usines de contre-plaqué dans la plaine padane et la création d’entreprises plus intégrées (fabriques de cuisines à éléments à Parme par exemple). L’industrie du papier et de l’imprimerie est très solide. De nombreuses papeteries sont au débouché des vallées alpines et dans certains centres de l’Italie péninsulaire, comme Fabriano ou Isola del Liri, aux productions renommées. Ces papeteries alimentent une industrie typographique en forte croissance, en liaison avec le dynamisme de l’édition italienne (Mondadori, Einaudi, De Agostini, Ricordi, Rizzoli...). Ce tableau pourrait encore comporter bien d’autres mentions, d’autres activités comme, notamment, la fabrication des instruments de musique (Crema, Castelfidardo...), des lunettes (dans le Cadore), l’industrie cinématographique romaine... C’est là une énumération lassante, mais qui démontre combien l’image de l’Italie d’aujourd’hui est éloignée de celle d’un pays uniquement touristique ou à prépondérance agricole.