Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
I

Italie (suite)

L’activité commerciale et touristique

Les activités de service tendent à prendre la première place dans le produit national. Parmi elles, toutes n’ont pas la même efficacité. Le commerce de détail prolifère en boutiques innombrables, et la rationalisation de la distribution semble souhaitable. L’administration n’a pas encore trouvé la voie d’une gestion moderne, et les méfaits de la « bureaucratie » sont souvent dénoncés. Mais l’Italie a une originalité affirmée en trois domaines, celui des transports, celui du tourisme et celui du commerce extérieur.


Les transports

Dans un pays étiré et fractionné comme l’Italie, la mise en place d’un réseau de communications rapide et sûr est un préalable absolu à toute croissance. Les Italiens ont fait un énorme effort pour se doter des infrastructures de transport nécessaires. Pour les transports terrestres, la primauté revient à la route. La voie ferrée est indispensable, mais supporte difficilement la concurrence routière. Le réseau s’étend sur 20 000 km, dont la moitié environ est électrifiée, mais les trois quarts sont à voie simple. Le coût des installations est élevé car, sauf dans la plaine padane, les conditions de mise en place et d’entretien sont malaisées. Le réseau compte les plus longs tunnels du monde (une longueur totale de 1 000 km), des ponts et viaducs par centaines. Au fur et à mesure que l’on va vers le sud, le trafic est plus lent, et les lignes déficitaires plus nombreuses. Devant le recul du trafic, un plan de modernisation et de renouvellement a été établi. C’est la route qui bénéficie des augmentations de trafic. Le parc automobile a doublé de 1962 à 1966 et s’est encore accru de plus de moitié entre 1966 et 1970. À la circulation des particuliers s’ajoutent un important trafic des marchandises et une imposante circulation touristique. Le réseau routier s’étire sur 285 000 km. En fait, nombre de routes communales sont peu pratiques, et le contraste Nord-Sud persiste (il y a 1 161 km de routes pour 1 000 km2 en Lombardie contre 425 en Sardaigne). Il n’en demeure pas moins que le réseau routier ordinaire est incomparablement meilleur qu’avant la guerre. La très grande réussite italienne est pourtant, dans ce domaine, la construction des autoroutes. Leur longueur totale est de 4 147 km ; par rapport à 1966 (2 132 km), il y a eu presque doublement. Toute la plaine lombarde est sillonnée par les autoroutes, qui se rattachent à l’autoroute du Soleil. Celle-ci rejoint désormais Reggio di Calabria et, sur cet axe nord-sud essentiel, se greffent d’autres troncs autoroutiers transversaux. Quand, dans peu d’années désormais, la jonction sera faite avec le réseau des autoroutes allemandes et françaises, par le tunnel du Grand-Saint-Bernard, par l’autoroute du Saint-Gothard et celle du Brenner, toute l’Italie pourra recevoir, en de très brefs délais, touristes et marchandises, ce qui peut être notamment pour le Sud un élément essentiel de développement. Les transports maritimes et aériens jouent également leur rôle. L’Italie possède la huitième flotte du monde, composée de 4 135 navires jaugeant au total 7,6 Mt. En 1970, plus de 325 Mt de marchandises ont été embarquées ou débarquées dans les ports italiens (dont 52 Mt à Gênes), et le mouvement de passagers a été de 20,9 millions de personnes. Les liaisons avec les îles et les divers points de la côte italienne conservent au cabotage une place notable (27 p. 100 du trafic des marchandises, 91 p. 100 du trafic des passagers). Le transport international de marchandises n’est pas encore complètement couvert par des navires italiens. La flotte nationale a été reconstruite après la guerre, ce qui lui donne une certaine jeunesse ; la moitié du tonnage est constituée de navires ayant moins de dix ans d’âge, les deux cinquièmes sont formés de pétroliers. Le trafic international de passagers, par contre, est en déclin ; les compagnies (Tirrenia, Italia, Lloyd Triestino) sont contrôlées par l’IRI et essaient de réduire leur déficit en développant les croisières touristiques. Le point faible de cette activité maritime réside dans les ports, car les sites naturels sont rares, et l’arrière-pays limité. À part Gênes, ce ne sont que des ports d’importance moyenne. Venise, Naples, Trieste sont rattrapés ou dépassés par les « ports du pétrole » comme Augusta ou Ravenne. Quant au transport aérien, il s’étend rapidement. Les liaisons intérieures sont plus intenses qu’il n’y paraît : elles représentent 44 p. 100 du trafic total de passagers. Le trafic international est considérable, surtout avec Rome (capitale politique, religieuse et touristique), l’une des principales escales aériennes du monde. La gestion de l’aviation civile est confiée à l’Alitalia (IRI). En 1970, le mouvement de passagers dans l’ensemble des aéroports a été de quelque 18 millions de personnes.


Le tourisme

L’Italie demeure l’un des plus grands pays touristiques du monde. L’apport du tourisme à l’économie est fondamental. Jusqu’à une date récente, les dépenses des nationaux en matière touristique étaient secondaires, car les vacances se prenaient au village natal. Avec l’élévation du niveau de vie, le déplacement vers les stations balnéaires et de ski, le tourisme résidentiel hivernal sur la côte ligure et les voyages à l’étranger connaissent plus de faveur.

Le tourisme international est cependant prédominant. En 1932, il y a eu 2 millions de visiteurs étrangers ; il y en a eu 5 millions en 1950 et 12,9 millions en 1970. Le nombre des nuitées dépasse 70 millions. Ce sont les Allemands qui sont les plus nombreux (20 p. 100 du total dans les hôtels), suivis par les Américains et les Français. Il y a le tourisme historique, culturel et religieux qui attire des millions de personnes vers Rome, Florence, Venise, les ruines de Pompéi, les petites cités de la Renaissance, la multitude des centres d’art. Le thermalisme décline, mais le tourisme de montagne et le tourisme balnéaire ont largement compensé son recul. Tous les types de stations existent, de la villégiature de renommée internationale aux plages isolées et inconnues. Quelques régions plus spécialisées se détachent, Venise et la côte adriatique (Rimini, Cattolica), la côte ligure (Imperia, San Remo, Portofino), les lacs subalpins (Côme, Stresa), les Dolomites (Cortina d’Ampezzo), Florence et sa région, Rome, Naples... Le Sud recèle des trésors touristiques dont l’exploitation commence à peine. La Sicile, déjà appréciée, est pleine de promesses ; en Sardaigne, le tourisme opère une véritable révolution, parfois contestée (comme les opérations financées par l’Agha Khān). Ce tourisme est soutenu par une très bonne organisation et un patrimoine d’accueil de 27 000 hôtels, 14 000 auberges, 1 200 campings. Le Sud ne possède que de 12 à 14 p. 100 de cet équipement, d’où le souci de la Caisse du Midi de favoriser les constructions hôtelières afin d’accueillir le plus vite possible le tourisme de masse. L’apport étranger représente de véritables « exportations invisibles », freinées depuis peu par la tendance des Italiens à voyager à l’étranger. Toutefois, chaque année, le tourisme rapporte de 600 à 700 milliards de lires de devises.