Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
I

Italie (suite)

Les grands secteurs de l’industrie italienne

Tous les secteurs industriels sont présents en Italie. Parmi eux, les industries mécaniques, chimiques et l’industrie du bâtiment dominent.

Sources d’énergie et matières premières sont à la base des autres industries. L’étude physique a montré pourquoi l’Italie a peu de matières premières et comment elle a été longtemps privée de sources d’énergie. Les industries extractives sont variées, mais représentent moins de 2 p. 100 du produit industriel total. Dans presque tous les cas, l’Italie doit importer, sauf pour le marbre, produit pour lequel elle est largement exportatrice. Pour l’énergie, la situation a considérablement évolué. La pénurie en charbon est toujours considérable. Les tonnages de charbon extrait diminuent (en 1970, 256 000 t de charbon à Sulcis et 1 393 271 t de lignite et de tourbe). On en importe beaucoup plus. Les richesses hydro-électriques sont grandes, mais désormais le potentiel hydraulique est largement utilisé. La production électrique est de 126 TWh, dont 40 TWh dues à l’hydro-électricité (pour les deux tiers, l’équipement en centrales se trouve dans les Alpes). Les centrales thermiques ou géothermiques fournissent le reste de l’électricité, mais l’Italie a développé aussi à Latina, Garigliano et Trino Vercellese des usines nucléaires. Les recherches pour l’approvisionnement en hydrocarbures se poursuivent. La production de méthane continue à s’accroître grâce à des découvertes de gisements dans le Sud et dans l’Adriatique ; la quantité extraite dépasse 13 milliards de mètres cubes. Ce gaz naturel est envoyé vers les villes et les usines chimiques par un réseau de plusieurs milliers de kilomètres de gazoducs. Par contre, l’extraction de pétrole stagne : elle n’atteint plus 1,5 Mt sur le territoire national. Mais Enrico Mattei a su imposer l’ENI dans les grands pays pétroliers. S’assurant de solides appuis au Moyen-Orient et en Tunisie, nouant des liens avec l’U. R. S. S., créant une flotte pétrolière, l’ENI a donné une vive impulsion à la construction de raffineries dans les ports italiens et autour de Milan. L’Italie importe de ce fait de grosses quantités de pétrole brut (plus de 110 Mt en 1970). Elle exporte des produits raffinés et est le point de départ de trois grands oléoducs se dirigeant vers la Suisse et la Bavière depuis Savone, Gênes, Trieste. Sa capacité de raffinage est même actuellement excédentaire.

Les progrès de la métallurgie lourde sont essentiels. Pas de charbon, peu de fer et pourtant une grande sidérurgie, voilà un nouveau paradoxe italien. En 1950, l’Italie produit 2,3 Mt d’acier ; en 1972, 19,8 Mt. C’est l’IRI qui a été l’artisan de ces progrès. Si des sociétés privées comme Fiat ou Falck ont une production propre non négligeable, l’essentiel revient à la Finsider. Cette société, dépendante de l’IRI, coordonne l’activité de la Dalmine, de la Breda, de la SIAC, de la Terni et surtout de l’Italsider. Elle a résolument opté pour une sidérurgie sur l’eau, faisant appel à l’importation de charbon (États-Unis), de minerai de fer (Labrador, Mauritanie, Liberia), de ferrailles. Les localisations de l’intérieur du pays, à Cogne (Aoste), à Turin, à Milan ou à Terni sont dépassées par les grosses installations modernes, à cycle intégral, situées sur les côtes. Il y a d’abord le complexe génois de Cornigliano mis en service en 1953 (trois hauts fourneaux, six fours Martin, un train de laminage à froid) ; quelques autres établissements (notamment Novi Ligure) complètent cette sidérurgie génoise. Sur la côte toscane, face à l’île d’Elbe, se trouve le centre de Piombino ; déjà ancien, mais totalement reconstruit après la guerre, il compte trois hauts fourneaux, cinq fours Martin, une aciérie L. D., un train de laminage ; l’établissement de la Magona d’Italia complète le complexe toscan. À Naples, il y a plusieurs usines sidérurgiques, dont la plus importante est celle de l’Italsider, à Bagnoli (cinq hauts fourneaux, aciérie L. D., trains de laminage). La dernière réalisation sidérurgique est le complexe de Tarente, mis en service après 1960 (deux hauts fourneaux, aciérie L. D., trains de laminage, fabrique de tubes...) ; il n’est pas terminé, car il a été décidé d’augmenter sa capacité de production. Ces unités ont chacune un potentiel de production annuelle de 1,5 à 2 Mt de fonte et de 2 à 2,5 Mt d’acier. Les autres centres sont plus petits (Savone, Sestri Levante...). La métallurgie des métaux non ferreux est moins avancée. Le premier centre est Porto Marghera (Venise) pour le traitement de l’aluminium et du zinc. L’aluminium est traité dans les Alpes (Borgofranco d’Ivrea, Mori, Feltre, Bolzano), à Paderno Dugnano (Milan), à Bari. Le traitement du zinc se fait à Monteponi (Sardaigne), à Crotone, à Ponte Nossa (Bergame). Celui du cuivre à Brescia, Milan, Turin, Gênes, Lumezzane, et celui du plomb à San Gavino Monreale, Monteponi et La Spezia.

La principale industrie italienne est cependant l’industrie mécanique (le cinquième du produit industriel national). La branche dominante est la construction des moyens de transport. En tête arrive l’automobile. En 1950, l’Italie produit 130 000 véhicules (autobus, camions, automobiles) ; en 1971, 1,82 million de véhicules (dont plus de 90 p. 100 de voitures de tourisme). C’est une industrie très concentrée géographiquement et économiquement. Plus de 90 p. 100 de la production sont contrôlés par la Fiat. Seules l’Innocenti et l’Alfa-Romeo (IRI) lui échappent. Les usines sont dans deux centres, à Turin en tout premier lieu, à Milan ensuite, secondairement à Brescia et Modène ; cependant, en 1972, l’usine napolitaine de l’Alfa-Sud a commencé à produire. Cette industrie se prolonge par la fabrication de bicyclettes à Milan, Padoue, Varese, Vittorio Veneto, Bassano del Grappa (370 000 en 1970), de cyclomoteurs (Vespa, Lambretta) et de motos à Milan, Mandello del Lario, Arcore, Varese, Bologne, Voghera, Pontedera, Naples (près de 700 000 en 1970). La construction de matériel agricole se fait en Lombardie (Mortara, Lodi, Crema, Crémone...), en Piémont (Alexandrie, Asti, Turin...), en Vénétie (Padoue, Vérone, Thiene). L’industrie aéronautique, moins importante, est présente à Turin, Varese, Sesto Calende, Brescia, Finale Ligure, Ronchi dei Legionari, Passignano sul Trasimeno. Les constructions ferroviaires se font à Turin, Gênes, Milan, Brescia, Reggio nell’ Emilia, Modène, Arezzo, Naples. Les constructions navales sont tout naturellement placées près des grands ports, à l’exception des exploitations spécialisées dans les petits navires de plaisance (tels les luxueux « hors-bord Riva » sur le lac de Garde). Aidée par l’État après la guerre, la construction navale a bien progressé, mais, depuis 1958, elle connaît certaines difficultés (lancement de 815 000 t en 1971). Un large mouvement de concentration économique a abouti au contrôle de la plus grande partie de cette activité par deux groupes, Italcantieri Spa (IRI) et Cantieri Navali del Tirreno e Riuniti Spa. Dans la région de Gênes, le chantier de Sestri Ponente construit des grands navires passagers. À Castellammare di Stabia, près de Naples, les chantiers sont davantage tournés vers les transporteurs en vrac et les navires de guerre. Tarente se reconvertit en chantier de réparations. Sur la côte adriatique sont présents les chantiers d’Ancône, de Mestre et surtout de Trieste-Monfalcone, où une grande forme a été mise en place, ce qui spécialise ces chantiers dans la construction des très grands navires (pétroliers de plus de 200 000 t).