Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
I

Istanbul (suite)

Au xviiie s., l’influence européenne amène un style baroque ou rococo (« Sublime Porte » du palais des vizirs). La mosquée d’Eyüp et plus encore celle de Fatih (1767-1771), reconstruites alors sur les plans des monuments du xve s. disparus, ont un décor italianisant. À la Nuruosmaniye (1755), un esprit créateur utilise les emprunts pour des innovations heureuses. À la même époque sont construites plusieurs fontaines en forme de kiosque (celles d’Ahmed III [1728] et de Tophane [1732]).

Au xixe s., le style islamique semble abandonné (immense palais de Dolmabahçe), quand, vers 1870, sa renaissance se manifeste (caravansérail du Vakil, mosquées de Bebek et de la Valide). Dans les dernières années de l’Empire ottoman, les excès du panislamisme vont faire adopter curieusement des formes nouvelles, empruntées par exemple à l’art maghrébin.

J.-P. R.

➙ Constantinople / Turquie.

 A. Gabriel, « les Mosquées de Constantinople » (in Syria, VII, 1926) ; Châteaux turcs du Bosphore (E. de Boccard, 1945). / U. Vogt-Göknil, Türkische Moscheen (Zurich, 1953). / F. L. Çambel et U. Meyer-Ravenstein, Istamboul (Bibl. des arts, 1967). / O. Aslanapa, Turkish Art and Architecture (Londres, 1971).

Italie

En ital. Italia, État d’Europe occidentale, sur la Méditerranée. Capit. Rome*.
L’Italie offre de multiples centres d’intérêt. Trop souvent, seules les richesses de son passé et de ses œuvres d’art, accumulées au cours des siècles, ont attiré l’attention. Pourtant, sur un territoire relativement exigu, 301 251 km2 (à peine trois cinquièmes de la France), vivent 55 millions d’habitants dans le cadre d’une économie vigoureuse, intégrée au Marché commun. Sans doute, son histoire, marquée par une double vocation, européenne et méditerranéenne, est-elle essentielle, mais ses problèmes actuels ne sont pas moins importants. Ayant réalisé tardivement son unification politique, l’Italie a réussi, en dépit de conditions initiales peu favorables, à devenir une nation économique puissante. La progression économique de l’après-guerre a été si rapide, avec des taux de croissance supérieurs à 5 p. 100, que l’on a parlé de « miracle italien ». Pourtant, cette progression s’est faite dans le cadre d’une économie dualiste. Si le Nord s’apparente aux régions européennes les plus développées, le Sud, par contre, demeure une zone de dépression économique. Dans le Mezzogiorno*, le revenu net par habitant est inférieur de moitié à celui du Nord (en 1970, il est de 1 424 423 lires à Milan et de 384 869 lires à Avellino). Réduire ces disparités, en maintenant la croissance, est, aujourd’hui, le problème majeur de l’Italie.


Les conditions naturelles


Une terre de formation récente


Un relief compartimenté

Les grandes lignes du relief italien sont simples. Au nord, bordée par le massif des Alpes, où serpente la frontière séparant l’Italie de ses voisins, s’étale jusqu’à l’Adriatique la plaine du Pô. Celle-ci est fermée vers le sud par l’Apennin. Commençant au col de Cadibone (non loin de Savone), cette longue chaîne montagneuse, étirée sur plus de 1 200 km, forme l’essentiel du relief de la péninsule. Véritable « épine dorsale » du pays, elle tombe directement dans la mer à ses deux extrémités, en Ligurie et en Calabre. Ailleurs, elle se fait précéder vers les côtes par de petites plaines alluviales ou par des reliefs de plateaux et de collines désignés quelquefois sous le nom d’Anti-Apennin. Ainsi, vers le sud-est, dans les Pouilles, la plaine du Tavoliere s’interpose entre l’Apennin et les plateaux du Gargano, suivie par le plateau des Murge. Vers l’ouest, de la Toscane à la Campanie, les sommets montagneux s’écartent du rivage pour faire place à un ensemble hétérogène de plaines, de collines et de petits massifs. Enfin, les deux grandes îles accordent, avec des caractères différents, une prééminence absolue aux reliefs élevés : montagnes et collines en Sicile, plateaux en Sardaigne.

Le bilan de cette description se résume en un chiffre : 23,1 p. 100 seulement du territoire sont occupés par des plaines (41,6 p. 100 par des collines, 35,3 p. 100 par des montagnes). Cette discontinuité du relief est lourde de conséquences. Elle a été un facteur de l’effritement politique dans le passé ; récemment (et encore actuellement), elle a été un obstacle non négligeable à la mise en place d’un réseau moderne de communications, exigeant parfois de véritables prouesses techniques.


Une structure fragmentée

Géologiquement, l’Italie est une marqueterie de roches d’âges très variés. Les terrains primaires cristallins apparaissent dans les Alpes, en Calabre et en Sardaigne. Les mers secondaires ont déposé des sédiments argileux, gréseux et le plus souvent calcaires, que l’on foule sur les plateaux des Pouilles, dans l’Apennin central, dans les Préalpes de Bergame ou dans les Dolomites. Les apports tertiaires constituent la masse la plus grande, près des deux tiers, avec d’épaisses couches de calcaires, d’argiles et de marnes. Des terrains quaternaires recouvrent par endroits ces sédiments : ce sont des alluvions d’origine fluviale ou glaciaire, ou encore des épanchements volcaniques.

Cet ensemble a une histoire mouvementée et complexe. À l’exception de la Sardaigne, il s’agit d’une histoire récente. L’acte majeur de cette formation est le soulèvement au Tertiaire des Alpes et de l’Apennin. Les traits actuels de l’Italie se dessinent au Pliocène et se précisent au Quaternaire. Des soulèvements d’ensemble ont lieu, accompagnés de nombreuses failles. L’action glaciaire a retouché notablement le relief (creusement des lacs subalpins, dépôts de moraines) ; les importantes éruptions volcaniques ont créé des formes particulières.


La mobilité des paysages

Le façonnement de ce relief se poursuit. En altitude, l’action conjuguée des glaciers, de la neige, du gel défonce la montagne. Dans les collines, les versants argileux sont lacérés par des rigoles profondes, les calanchi, et des glissements de terrains, les frane, sont fréquents, constituant un véritable fléau. Sur les plateaux calcaires se développe la « morphologie karstique ». Le volcanisme est toujours actif. Enfin, les tremblements de terre sont encore fréquents (Sicile en 1968), et, depuis le xvie s., deux cents ont été classés comme désastreux.