Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
I

Italie (suite)

Les grandes divisions du relief

La combinaison des facteurs structuraux délimite un certain nombre d’unités.

Les Alpes, au nord-ouest et au nord, dressent d’imposants reliefs. Au nord-ouest, les « Alpes piémontaises » s’enlèvent d’un bond au-dessus de la plaine. Du mont Viso (3 841 m) au mont Rose (4 633 m), les crêtes englacées sont au-dessus de 3 500 m, dominant de longs versants verdoyants de schistes lustrés, coupés par des vallées amples à l’amont, mais verrouillées à l’aval. Du Tessin à l’Adige, il y a encore de hauts massifs cristallins (Bernina, Ortles, Ötztal, Adamello) avec de beaux glaciers ; mais les altitudes sont moins élevées, des vallées longitudinales (comme la Valteline) aèrent la montagne, les passages sont plus nombreux et surtout il y a, en contrebas de ces massifs centraux, une zone de Préalpes calcaires trouée par les admirables lacs subalpins. À l’est de l’Adige, les « Alpes orientales » s’élargissent, la bande de terrains sédimentaires prend une grande ampleur ; son aspect le plus original se trouve dans les Dolomites.

La plaine du Pô fait suite à ces montagnes. Tandis que les Alpes surgissaient, une fosse se formait dès l’Oligocène sur l’emplacement actuel de la plaine. Remblayée par les matériaux arrachés aux montagnes environnantes, elle s’étend aujourd’hui sur 50 000 km2. Les alluvions charriées par le Pô et ses affluents créent un vaste delta qui avance dans la mer Adriatique ; elles exhaussent le lit du fleuve ; d’où de fréquentes inondations qui ont nécessité la construction de digues. L’ampleur de cette plaine, unique en Italie, au pied des principales routes transalpines, est la grande chance offerte par la nature à l’Italie.

Avec l’Apennin commence le « monde du discontinu ». Culminant au Gran Sasso (2 914 m), l’Apennin est composé d’éléments très différents. L’Apennin ligure ne dépasse pas 1 500 m d’altitude. Surtout calcaire, il forme une barrière efficace entre la Méditerranée et la plaine padane par la raideur de ses versants ; il ne se franchit aisément qu’à la faveur de quelques ensellements. L’Apennin toscan, plus élevé (2 200 m), a une topographie plus molle à cause de la prédominance d’un matériel argilo-gréseux (le flysch). Il cache sous ses sommets arrondis et ses versants ravinés un grand désordre structural (avec des nappes de charriage). L’Apennin calabrais est tout différent, avec des massifs cristallins de 1 500 à 2 000 m d’altitude (chaîne côtière, Sila, Serra, Aspromonte), séparés par des fossés comblés de sédiments tertiaires et quaternaires.

Le terme vague d’Anti-Apennin désigne les régions encadrant la montagne. Vers l’est, sur toute la longueur de l’Apennin central, une bande de plateaux argilo-sableux, large de 25 à 30 km, s’incline vers la mer. Le paysage ne change qu’avec les Pouilles. Le voussoir calcaire du Gargano est séparé de l’Apennin par la plaine argilo-sableuse du Tavoliere. Le « talon de la botte » se termine par les plateaux calcaires des Murge (400 m) et du Salentino (200 m). Vers l’ouest, l’hétérogénéité est la règle. En Toscane, il y a une alternance de bassins (Florence, Sienne, Arezzo) et de moyennes montagnes calcaires ; ces reliefs se terminent sur une plaine côtière basse, autrefois insalubre (les Maremmes), coupée de quelques promontoires rocheux (Piombino, monte Argentario) et faisant face à des îles (Elbe, Giglio, Montecristo...). Dans le Latium et la Campanie, cette alternance de plaines côtières (Campagne romaine, anciens marais Pontins, plaine de Campanie) et de collines se répète, mais, ici, les reliefs sont volcaniques.

La Sicile continue en quelque sorte le relief de la péninsule. Il y a un bourrelet montagneux au nord, découpé en plusieurs secteurs (socle granitique des monts Madonie au centre, blocs calcaires autour de Palerme à l’ouest). La montagne est flanquée au sud-est par le massif volcanique de l’Etna. Le reste de l’île est formé de collines argileuses, au relief toujours varié, mais constituant un ensemble monotone.

La Sardaigne est un monde à part. C’est un morceau de socle hercynien haché de failles, avec, dans sa partie ouest, de fortes accumulations de laves tertiaires. Par endroits, une couverture sédimentaire subsiste sur le socle. La forme de relief la plus répandue est le plateau aux formes lourdes, interrompu par des abrupts vigoureux.


La médiocrité des ressources naturelles

Des observations précédentes résulte une assez grande médiocrité des ressources naturelles. Les sols italiens ont de faibles qualités agricoles. L’exiguïté des plaines est un premier facteur négatif. Ces plaines sont formées d’alluvions grossières perméables (haute plaine padane) sans grand intérêt agronomique ou constituées de fines alluvions recevant l’eau des hauteurs alentour et, de ce fait, humides, mal drainées (les plaines furent longtemps des foyers de malaria). Dans les collines et les montagnes, la raideur des versants et la vigueur de l’érosion ne sont guère favorables à l’évolution pédologique. À part les sols volcaniques, la mise en valeur agricole demande un travail opiniâtre. Si 90 p. 100 de la superficie sont classés terrains aptes à l’agriculture et à la forêt, la moitié ne porte que des bois et des pâtures. Du côté des richesses minérales, l’étroitesse des dons est encore plus grande. Les gisements sont variés, mais dispersés, de faibles dimensions, souvent d’exploitation difficile. Bien sûr, on trouve en Italie du fer (île d’Elbe), des pyrites (Grosseto), du mercure (monte Amiata), du plomb et du zinc (Sardaigne), de la bauxite (Pouilles), du soufre (Sicile), du talc (Val di Chisone), etc., mais le seul secteur où il y ait véritablement abondance est celui des matériaux de construction (argiles à brique, marbre). En ce qui concerne les sources d’énergie, la situation a évolué. L’Italie a été gênée dans le passé par sa pauvreté en charbon. Les gisements sont rares (houille en Sardaigne et val d’Aoste, lignites tertiaires dans l’Apennin), ce qui s’explique par la structure géologique. Heureusement, le potentiel hydro-électrique est important, mais il est inégalement réparti (le Sud est fortement désavantagé). Quant aux hydrocarbures, on les trouve sous forme de gaz naturel dans la plaine du Pô et en gisements pétroliers dans le Sud (Basilicate et surtout Sicile). Enfin l’Italie a l’originalité, avec la Nouvelle-Zélande, d’utiliser l’énergie géothermique en Toscane (les soffioni de Larderello).

Sans tomber dans un déterminisme simpliste, on doit noter que le Nord, avec une grande plaine, la proximité des cols transalpins, celle du potentiel hydro-électrique, la possession de gisements d’hydrocarbures, a été favorisé par rapport aux régions méridionales.