Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

androgènes (suite)

Outre leur action stimulatrice sur les organes génitaux mâles, qui fut logiquement recherchée à l’origine, les androgènes font preuve d’autres activités, notamment :
— d’activité anabolisante protéique ; diminuant l’excrétion azotée et s’opposant ainsi au catabolisme des protéines, ils en favorisent le stockage par l’organisme et tendent à augmenter les masses musculaires ;
— d’activité antifolliculinique ; antagonistes des œstrogènes, ils diminuent la motilité utérine et réduisent les troubles de l’hyperfolliculinie ; en outre, les androgènes favorisent la rétention du phosphore, du calcium, du sodium (donc celle de l’eau) à très fortes doses, par antagonisme avec l’antéhypophyse ; ils peuvent inhiber la spermatogenèse chez l’homme, l’ovulation et la lactation chez la femme.


Médicaments androgènes

Toutes les pharmacopées anciennes mentionnent des médicaments androgènes prescrits empiriquement dans un dessein de rajeunissement physique et intellectuel. C’est seulement à la suite des travaux des physiologistes de la fin du xixe s. que seront introduits en thérapeutique des extraits glandulaires qui ressortissent à l’opothérapie. On utilise ainsi des poudres de testicules animaux, obtenues par dessiccation à basse température, et des extraits glycérines injectables. Ces médicaments ne sont pas dépourvus d’activité, mais leur teneur en principes actifs, ou hormones androgènes, est faible. La préparation des hormones naturelles par extraction constitue un progrès, mais le faible rendement de cette opération en limite encore l’emploi. Seule la synthèse par voie chimique, non seulement des hormones naturelles, mais surtout de nombreux dérivés voisins, a permis le développement de la thérapeutique androgène telle qu’on la pratique actuellement, et son extension à des indications anabolisantes ou progestatives qu’on était autrefois loin de soupçonner. Les hormones androgènes ne sont pas toxiques, mais leur emploi prolongé peut néanmoins conduire à des désordres graves par leur action virilisante chez la femme (hirsutisme, acné, arrêt de l’activité ovarienne) et chez l’enfant (modification du timbre de la voix, retard de croissance, soudure prématurée des épiphyses).

Bien que les androstérones soient les premières hormones naturelles isolées des extraits testiculaires, la plus importante est la testostérone, dont les premières semblent dériver ; c’est un dérivé stéroïde*, aujourd’hui produit par synthèse, androgène actif, doué de propriétés virilisantes. En raison de l’extension de la thérapeutique anabolisante, la recherche pharmacologique de nouvelles hormones synthétiques a conduit à l’introduction de nouveaux dérivés, voisins de la testostérone, anabolisants mais peu virilisants ; le nombre de ces nouveaux corps montre qu’il n’en est pas de parfaits, et que leur utilisation doit rester soumise à un contrôle médical strict. Ces corps sont administrés par la voie orale ou par la voie intramusculaire ; beaucoup d’entre eux, salifiés par des acides organiques de haut poids moléculaire, permettent des injections très espacées (effet retard). Enfin, la médication antiœstrogénique, dite « progestative », fait souvent appel aux associations de la progestérone avec d’autres hormones : œstrogènes ou progestérone.

Principaux médicaments androgènes

• Virilisants :
a) extraits opothérapiques (orchitine [extrait de testicule]), sérum d’animaux mâles jeunes (taureau) ;
b) testostérone ;

• Anabolisants : stéroïdes dérivés de la testostérone (androstanolone, androsténediol, éthylœstrénol, méthandriol, méthylandrosténolone, norétandrolone, nortestostérone, oxymestérone, oxyméthalone, stanozolol) ;

• Progestatifs : associations avec les hormones œstrogènes ou avec la progestérone.

R. D.

 U. Munch, Die Ausscheidung von natürlichen Androgenen und Östrogenen in der Milch (Munich, 1954). / W. Engert, Die Androgene und ihre Wirkung (Würzburg, 1957).

anémie

Terme utilisé classiquement en médecine pour définir les déficiences du sang en globules rouges (ou hématies). D s’agit en réalité d’un trouble lié à la diminution de l’hémoglobine circulante, par rupture de l’équilibre entre la production et la destruction (ou la perte) des globules rouges et de l’hémoglobine.



Le diagnostic d’anémie

Ce diagnostic peut être porté à l’occasion de signes révélateurs tels que pâleur généralisée des téguments et des muqueuses, essoufflement, souffle cardiaque ou manifestations hémorragiques. Un examen clinique complet est toujours indispensable pour préciser le degré de retentissement de l’anémie et tenter d’en déceler la cause. En pratique courante, cependant, le diagnostic est affirmé par les examens biologiques complémentaires. C’est ainsi que l’hémogramme permet d’apprécier le nombre de globules rouges et de globules blancs par millimètre cube de sang (normalement, pour les globules rouges, 4,5 à 5,7 millions par millimètre cube chez l’homme et 4,2 à 5,3 millions chez la femme ; pour les globules blancs, entre 5 000 et 10 000 par millimètre cube). Cet examen précise encore la morphologie des éléments (recherchant par exemple une anisocytose, ou inégalité de taille), leur colorabilité (vérifiant s’il y a ou non anisochromie, c’est-à-dire des différences d’affinité tinctoriale). Par ailleurs le chiffre des plaquettes doit être compris entre 120 000 et 240 000 par millimètre cube. Il faut aussi préciser la quantité d’hémoglobine : on l’exprime de préférence en grammes par cent millilitres de sang (normalement 14 à 17 g chez l’homme, 12 à 16 g chez la femme) ou à défaut en pourcentage (normalement 100 p. 100). Enfin, l’hématocrite doit toujours être mesuré : il indique le volume réel des hématies par rapport à celui du sang (normalement, entre 40 et 45 p. 100 chez l’homme, entre 38 et 42 p. 100 chez la femme). Cet examen est à la base de l’établissement de données plus approfondies, telles que le volume globulaire moyen, la concentration corpusculaire hémoglobinique moyenne et la charge moyenne en hémoglobine. À partir de ces examens et de l’ensemble clinique, il est possible de présumer du type d’anémie rencontré, et d’orienter les recherches par des examens spécialisés, indispensables notamment en cas d’anémie chronique isolée. Le dosage du fer sérique doit en premier lieu compléter les examens hématologiques périphériques (valeur normale échelonnée entre 80 et 160 microgrammes par cent millilitres de sang chez l’homme, entre 60 et 140 microgrammes par cent millilitres chez la femme). Ainsi on peut adopter une classification distinguant les anémies microcytaires hypochromes par carence en fer, les anémies macrocytaires mégaloblastiques et normochromes, les anémies hémolytiques.