(Madrid 1830 - Paris 1904), reine d’Espagne de 1833 à 1868.
La question dynastique
De sa seconde épouse, Marie-Isabelle de Bragance (1797-1817), Ferdinand VII a deux filles, qui meurent en bas âge. En 1819, il prend pour troisième épouse Marie-Joséphine Amélie de Saxe, qui s’éteint sans lui donner d’enfants. Il se marie quelques mois plus tard avec sa nièce, Marie-Christine de Bourbon-Sicile, qui donne le jour, en octobre 1830, à la future Isabelle II.
Avant même la naissance de sa fille, Ferdinand VII a exhumé le 29 mars 1830 la pragmatique sanction de 1789, abolissant la loi salique et rétablissant la tradition espagnole selon laquelle le trône peut revenir à une femme. Cette mesure, prise par lui sans l’approbation préalable des Cortes, est à l’origine des conflits dynastiques (guerres carlistes) qui opposeront les partisans du frère du roi, don Carlos, et les défenseurs des droits d’Isabelle, et qui, en fait, cacheront des divergences politiques beaucoup plus profondes entre libéraux et absolutistes.
Les régences
À la mort de son père, Isabelle est proclamée reine. Elle n’a que trois ans, et la régence est confiée à sa mère, assistée d’un Conseil de gouvernement. Éclatent aussitôt les guerres carlistes, dont les répercussions sont aussi internationales, les puissances européennes prenant parti pour l’un ou l’autre des prétendants selon les affinités idéologiques de leurs gouvernements. Ainsi, les États qui ont un régime libéral, comme la France, l’Angleterre et le Portugal, reconnaissent Isabelle II.
Dès le début de son mandat, la régente doit mater la rébellion carliste. Elle y est aidée par plusieurs gouvernements, notamment celui de Francisco Zea Bermúdez (1772-1850) de 1832 à 1834, celui de Francisco Martínez de la Rosa (1787-1862), auteur de la Constitution de 1834 intitulée Estatuto Real (Statut royal), celui de José María Queipo de Llano, comte de Toreno (1786-1843) en 1835, celui de Juan Álvarez y Méndez (1790-1853), responsable de la loi de désamortissement des biens du clergé, de 1835 à 1836, celui de Francisco Javier de Istúriz (1790-1871) en 1836, année de la conspiration de la Garde royale à La Granja, qui contraint la régente à accepter la Constitution de 1812, et celui de José María Calatrava (1781-1847) de 1836 à 1837.
À la fin de la première guerre carliste (convention de Vergara, 1839), Marie-Christine se montre favorable à une politique hostile aux progrès du libéralisme, ce qui fait naître le mécontentement. Une émeute, lors de son voyage à Barcelone, l’oblige à se démettre et à s’exiler en France (1840).
Les Cortes confient alors (8 mai 1841) la régence au général Baldomero Espartero (1793-1879), et, deux mois plus tard, Agustín de Argüelles (1776-1844) est nommé tuteur de la reine. Espartero doit réprimer plusieurs complots et, le 29 juin 1843, il est renversé par le soulèvement du colonel Juan Prim (1814-1870) et les généraux Francisco Serrano (1810-1885) et Ramón María de Narváez (1800-1868).
La majorité de la reine et la « décennie modérée »
Le gouvernement qui prend le pouvoir décide d’avancer la date de la majorité de la reine. De tendance progressiste, il est dirigé par Salustiano Olózaga (1805-1873), qui doit bientôt céder la place à Luis González Bravo (1811-1871). S’ouvre alors la « décennie modérée ». Cette période est caractérisée par une succession de ministères éphémères, dont les plus marquants sont ceux du général Narváez, qui réunit une Assemblée constituante pour remplacer la Constitution de 1837 par celle de 1845, beaucoup plus réactionnaire, et celui (1851-52) de Juan Bravo Murillo (1803-1873), qui signe le concordat avec le Saint-Siège l’année même de son accession au pouvoir et met au point une constitution d’inspiration aristocratique qui soulève l’hostilité des Cortes. Dès 1852, la reine retire sa confiance à J. Bravo Murillo.
Le mariage de la reine
Voulant résoudre définitivement la question dynastique, les Espagnols tentent de marier la souveraine au fils de don Carlos, le comte de Montemolín, que ses partisans nomment Charles VI (1818-1861) ; mais l’intransigeance des libéraux, qui craignent que cette union ne représente une réaction absolutiste, fait échouer ce projet. Le choix se porte finalement sur le fils de François de Paule, frère de Ferdinand VII, François d’Assise (1822-1902), duc de Cadix, cousin germain d’Isabelle II. Le mariage est célébré le 10 octobre 1846, mais bientôt apparaît aux yeux de tous la mésentente qui règne entre les deux époux. Alors les carlistes reprennent les armes en Catalogne (fin 1846).