Isabelle II (suite)
Deux années de progressisme, l’Union libérale
La fin de la « décennie modérée » est marquée par le succès de la révolution populaire de 1854 et la constitution d’un gouvernement de coalition que préside le général Espartero et auquel participe le général Leopoldo O’Donnell (1809-1867), tous deux libéraux.
Grâce à l’appui d’Isabelle II, c’est en réalité O’Donnell qui prend en main les affaires de l’État, avant d’assumer véritablement le pouvoir à partir du 14 juillet 1856. Il dissout les Cortes et rétablit la Constitution de 1845, en y apportant quelques modifications libérales ; mais, trois mois plus tard, la souveraine le remplace par Narváez. Celui-ci se maintient un an au pouvoir et abolit les dispositions libérales adoptées par ses prédécesseurs.
La période qui s’étend de 1856 à 1863 est dominée en fait par le parti de l’Union libérale, qui se situe à mi-chemin entre les anciens progressistes et les modérés. C’est une époque à la fois assez prospère et relativement calme, pendant laquelle l’armée espagnole s’illustre en Afrique (1859-60) et au Mexique*, où elle participe, aux côtés de la France et de l’Angleterre, à une démonstration militaire (1861-62).
En 1863, Isabelle II s’appuie de nouveau sur la droite. O’Donnell reprend le pouvoir le 21 juin 1865. Après l’insurrection de Prim à Villarejo et celle des sergents à la caserne de San Gil (Madrid), il est supplanté en 1866 par Narváez et en 1868 par González Bravo et par José Gutiérrez de la Concha (1809-1895).
La mort de Narváez (mai 1868), dont l’énergie et l’autorité étaient les seuls garants du trône, laisse libre cours aux tentatives révolutionnaires ; le 18 septembre, l’escadre, commandée par l’amiral Topete (1821-1885), se soulève dans la baie de Cadix aux cris de « À bas les Bourbons ! ». Serrano et Prim prennent la tête du soulèvement ; le premier l’emporte sur les troupes restées fidèles à la couronne à Alcolea (Cordoue). Isabelle II, qui passe alors l’été à Saint-Sébastien, doit franchir la frontière française le 30 septembre. Une fois exilée en France, elle se sépare de son mari. En 1870, elle renonce à ses droits en faveur de son fils Alphonse, futur Alphonse XII (1874).
R. G.-P.
➙ Carlisme / Empire colonial espagnol / Espagne.
Marquis de Lema, De la revolución a la restauración (Madrid, 1927 ; 2 vol.). / E. Aunós y Pérez, Itinerario histórico de la España contempóranea (Barcelone, 1940). / P. de Luz, Isabel II (Barcelone, 1940). / Comte de Romanones, Un drama político. Isabel II y Olózaga (Madrid, 1941). / José Manuel Prados López, Narváez, el espadón de Loja (Madrid, 1952). / R. Olivar, Así cayó Isabel II (Barcelone, 1955). / Marquis de Miraflores, Memorias del reinado de Isabel II (Madrid, 1964 ; 3 vol.).