Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
I

Irlande (suite)

L’industrie

Malheureusement, l’Irlande est médiocrement dotée en matières premières et en sources d’énergie. On extrait 200 000 t de charbon par an des médiocres gisements de Castlecomer et de Tipperary. Tout le pétrole consommé doit être importé. Quelques barrages hydro-électriques ont été construits par l’État, en particulier au débouché du Shannon et du lough Erne. La tourbe est en définitive la principale ressource énergétique nationale ; on l’extrait avec de puissants moyens mécaniques, surtout entre le Shannon et Dublin, pour la production d’électricité thermique ; la centrale à la tourbe de Ferbane est la plus puissante d’Europe.

L’Irlande a aussi des gisements de métaux non ferreux. On exploite le zinc, le plomb et l’argent à Tynagh (comté de Galway), le cuivre, le zinc, le plomb et l’argent à Silvermines et à Gortdrum (comté de Tipperary). L’extraction est menée par des sociétés canadiennes. Les carrières de marbre de l’extrême Ouest ont aussi une certaine importance.

Les industries traditionnelles, liées aux matières premières locales, se dispersent assez largement dans les petites villes, mais ont aussi une concentration marquée dans la capitale : la distillation artisanale du grain pour la fabrication du whisky, les brasseries (dont la plus grande d’Europe est à Dublin), la préparation du bacon, la fabrication des produits laitiers, la filature et le tissage du lin (un textile jadis cultivé dans le pays, mais qui est aujourd’hui importé d’U. R. S. S.), le tissage du tweed et la broderie d’église dans le comté de Donegal, la verrerie de Waterford, la poterie de Cork, etc.

Des usines nouvelles se sont installées depuis l’adoption en 1958 d’un programme de développement industriel. Par cette loi, l’État accorde des avantages financiers et fiscaux particulièrement généreux aux firmes étrangères désireuses de créer des emplois dans la République : des subventions non remboursables égales à la moitié des investissements fixes dans la moitié sud-est de l’île et aux deux tiers des investissements dans la moitié nord-ouest ; des prêts à bas taux d’intérêt ; des subventions pour couvrir les frais d’apprentissage de la main-d’œuvre ; surtout une exemption totale d’impôts sur les bénéfices d’exportation pendant les dix premières années de fonctionnement et une imposition réduite pendant les cinq années suivantes.

Plus de trois cents firmes étrangères ont bénéficié de ces avantages entre 1959 et 1971. Wexford a désormais une usine de montage d’automobiles. Cork une autre usine de montage d’automobiles, une raffinerie de pétrole (en plus de celle qui existait déjà à Dublin), des ateliers de bonneterie et d’équipement électrique. Dans la profonde baie de Bantry s’est fixé l’énorme débarcadère d’une société pétrolière américaine ; des navires de petites dimensions redistribuent le pétrole brut aux raffineries littorales européennes. La zone industrielle de l’aéroport franc de Shannon Airport, près de Limerick, a attiré des firmes originaires de Grande-Bretagne, d’Allemagne, de Suède, d’Afrique du Sud, du Japon, des États-Unis ; elles s’adonnent à la confection, à la taille des diamants, à la fabrication de pianos, de composants électroniques, etc.

Ces firmes étrangères s’installent surtout à proximité de Dublin, de Cork et de Limerick. La moitié nord-ouest de la République reste très peu industrialisée, alors que la capitale détient à elle seule 50 p. 100 du potentiel industriel national.


Les échanges

Les importations dépassent largement les exportations. Le déficit du commerce extérieur est comblé par les mandats des émigrés, par les apports de capitaux étrangers et par un tourisme en plein développement. La grande majorité des touristes étrangers vient de Grande-Bretagne et des États-Unis.

Ce commerce extérieur reflète l’économie d’un pays encore peu industrialisé, en dépit des efforts récents, et fortement agricole. Les importations se composent de matières premières nécessaires à la jeune industrie (charbon, pétrole, acier, bois), de biens d’équipement qu’il est impossible de produire dans un petit pays (machines-outils, matériel de transport) et aussi de biens de consommation (tissus, meubles, produits d’entretien, automobiles, horlogerie, etc.).

Les produits agricoles fournissent plus de la moitié des exportations : bétail sur pied (l’Irlande exporte 700 000 veaux maigres par an, surtout vers la Grande-Bretagne), viande, œufs, produits laitiers. Le reste provient des industries traditionnelles (bière, whisky, broderies, métaux non ferreux) et des industries nouvelles (diamants taillés, électronique, pianos, etc.).

Dans ses relations commerciales, l’Irlande reste très liée à son grand voisin. La moitié des importations proviennent de Grande-Bretagne, et le reste surtout des États-Unis et de l’Europe de l’Ouest. Les trois quarts des exportations se dirigent vers la Grande-Bretagne. Bien qu’elle ait quitté le Commonwealth, l’Irlande fait en effet toujours partie de la zone sterling et les derniers droits de douane entre les deux États britanniques doivent disparaître en 1975. Comme la Grande-Bretagne, l’Irlande a adhéré à la Communauté économique européenne. Elle espère que cette étroite union avec les autres pays du Marché commun stimulera la croissance de son économie, élargira la gamme de ses clients et fournisseurs, réduira le taux d’émigration, élèvera le niveau de vie modeste de la population.

C. M.

➙ Belfast / Dublin / Grande-Bretagne / Irlande du Nord.

 T. W. Freeman, Ireland : its Physical, Historical, Social and Economic Geography (Londres, 1950 ; 3e éd., Ireland : a General and Regional Geography, 1965). / J. K. Charlesworth, Historical Geology of Ireland (Édimbourg, 1963). / J. A. Jackson, The Irish in Britain (Londres, 1963). / R. D. Crotty, Irish Agricultural Production, its Volume and Structure (Dublin, 1966). / J. Guiffan, J. Verrière et P. Rafroidi, l’Irlande, t. I : Milieu et histoire (A. Colin, coll. « U 2 », 1970).
V. aussi la bibliographie de Grande-Bretagne.