Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
I

Insectivores (suite)

Les Musaraignes, ou Crocidures

Ce sont de tout petits animaux. Les plus grandes ont la taille d’un petit Rat, les petites 4 cm seulement de long. Leur pelage est fin et velouté. Sur les flancs, elles ont une rangée de glandes cutanées malodorantes, si bien que les prédateurs qui les tuent hésitent parfois à les manger. Nocturnes, fouisseuses, elles utilisent à l’occasion le terrier des autres. Elles mangent aussi des petits Vertébrés, car elles sont très carnassières. La Musaraigne aquatique a un terrier dont au moins une galerie débouche au-dessous du niveau du cours d’eau qu’elle fréquente. En plus des Insectes aquatiques, elle consomme des Batraciens et des Poissons.

Les Musaraignes du genre Neomys et l’américaine Blarina ont des glandes sous-maxillaires venimeuses dépourvues d’appareil inoculateur. Le venin se mêlant à la salive, leurs morsures sont dangereuses pour les petits animaux qu’elles mordent. Ce venin est neurotoxique et hypotenseur.

Une Musaraigne africaine est cuirassée, sa colonne vertébrale est renforcée par des apophyses épineuses latérales entrelacées les unes avec les autres. Elle peut alors résister à de très fortes pressions, et un Homme adulte peut de tout son poids s’appuyer sur elle sans aucun dommage. C’est Scutisorex congicus (africaine).

La Musaraigne étrusque pèse 2 g. Son dos est gris cendré et roussâtre. Sa tête est longue, ses oreilles grandes. Malgré sa petite taille, elle est très carnassière, elle attaque des oisillons et même de petits Mammifères. Elle vit sous les broussailles et habite le sud de l’Europe.


Les Taupes

Elles sont bien connues de tous par les monticules de terre rejetée de leurs galeries souterraines et que l’on voit à la surface des prairies. Toute leur anatomie montre une extraordinaire adaptation à la vie souterraine. Leur corps en forme d’obus débute par un groin soutenu par un os nasal antérieur puissant. Les orifices auriculaires peuvent s’obturer grâce à un repli cutané dissimulé dans le pelage. Les yeux sont extrêmement petits et dégénérés. Leurs membres antérieurs, courts et en position transversale, sont reportés vers l’avant. Les mains sont larges, et les 5 doigts munis de griffes puissantes.

Elles creusent des galeries parfois très profondes, passant à l’occasion sous des voies de chemin de fer ou sous des rivières. Leur habitation principale, le donjon, est plus haute que large. Il en part tout un réseau de galeries permanentes d’où rayonnent des galeries secondaires, dans lesquelles elles capturent les Lombrics et les larves d’Insectes qui constituent le fond de leur nourriture. La Taupe court assez rapidement dans ses galeries (vitesse de 1 m/s). Pour se diriger, elle utilise surtout le tact. Elle tâte le sommet de ses galeries, qu’elle racle avec sa queue à la manière d’un trolley. Elle a aussi des repères olfactifs pour retrouver sa position dans le sol. La fourrure de la Taupe a les poils implantés perpendiculairement à la peau. Ils sont dentelés, s’accrochant les uns aux autres, ils protègent l’animal de la poussière et de la terre qu’il remue sans cesse. Une Taupe américaine, le Condylure, a le museau terminé par un disque étoile du plus curieux effet.

Une Taupe adulte doit pour vivre absorber chaque jour son poids de nourriture : 50 à 80 g, d’Insectes, de Lombrics, de Coléoptères et leurs larves. Elle ajoute à ce régime des Souris, des Musaraignes et des Grenouilles.

Les Desmans, que l’on rencontre dans les Pyrénées, sont des petits animaux à mœurs amphibies, à pieds palmés, dont le museau est prolongé par une petite trompe qu’ils agitent sans cesse. Ils sont nocturnes ; ils mangent des Crevettes d’eau douce, des Crustacés, des Coléoptères, mais aussi des Truites.


Les Macroscélides

Ils sont africains. On les appelle « Rats à trompe ». Leur corps est ramassé en boule, leurs pattes de derrière sont très allongées. Ce sont des sauteurs. Ils sont diurnes et insectivores stricts. Ils vivent dans les régions montagneuses et s’abritent dans de profonds terriers. Le Solenodon des Antilles est plus proche des Musaraignes.


Les Toupayes

Certains les rangent à part pour en faire un infra-ordre des Tupaïformes (car ce sont des Insectivores évolués) ; ils sont propres à l’archipel malais. Qualifiés parfois de Musaraignes arboricoles, ils ressemblent à des Écureuils : ils ont une queue longue comme ces derniers, avec un poil épais et touffu. Les Ptilocerques ont une queue longue, squameuse, portant des poils raides sur le dernier tiers. Ils vivent comme les Toupayes dans les arbres, mangent leur nourriture en la tenant avec les mains comme les Écureuils. Ils vivent à Bornéo.

P. B.

 G. G. Simpson, The Principles of Classification and a Classification of Mammals (New York, 1945). / R. Hainard, Mammifères sauvages d’Europe, t. I : Insectivores, Chiroptères, Carnivores (Delachaux et Niestlé, 1948). / P. P. Grassé (sous la dir. de), Traité de zoologie, t. XVII : Mammifères (Masson, 1955 ; 2 vol.). / E. P. Walker et coll., Mammals of the World (Baltimore, 1964 ; 3 vol. ; nouv. éd., 1968). / K. Herter, « les Insectivores » in B. Grzimek et M. Fontaine (sous la dir. de), le Monde animal, t. X (Zurich, 1971).

instinct

Nom donné à des actes complexes, bien adaptés, irréfléchis, non appris, à déroulement fixe et caractéristique, mis en jeu par une stimulation particulière et dépendant le plus souvent d’un besoin organique. On parle d’instincts de défense, de chasse, de construction, sexuel, maternel, etc.


Le problème de l’instinct s’est confondu pendant longtemps avec celui du psychisme animal. Sa solution est apparue quand on a séparé ces deux questions et quand on a cessé de considérer l’instinct dans le cadre de la philosophie spiritualiste pour ne voir en lui qu’un caractère biologique, parmi d’autres, des espèces animales.


L’homme et l’animal ; la conscience et l’instinct

Les théologiens médiévaux déniaient la « conscience » et la « raison » aux animaux d’après le simple critère d’absence de langage symbolique, mais ils ne savaient comment rendre compte des « industries » de certains d’entre eux, comme la toile de l’Araignée ou les alvéoles de l’Abeille. De là vient l’attribution aux animaux d’une capacité d’intégration des conduites, ou « instincts », distincte de la conscience humaine : position qui fondait du même coup l’inexistence de l’« âme » chez les animaux.

Cette conception de l’instinct correspond à l’acception qu’a ce terme dans le langage courant actuel, à ceci près cependant qu’il est communément admis aujourd’hui que l’homme, lui aussi, possède des « instincts ».