Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
I

Indonésie (suite)

Durant sept années (1950-1957), l’Indonésie, qui a maintenu sur le plan économique des liens étroits avec la Hollande, fait, sur le plan politique, l’expérience d’un régime parlementaire de type occidental. À l’intérieur, le gouvernement doit faire face à plusieurs mouvements séparatistes, menés par des chefs musulmans extrémistes (Kartosuwiryo à Java-Ouest, Kahar Muzakar à Célèbes, Daud Beureuëh à Aceh). En 1955, les premières élections générales confirment la force du PNI et révèlent la reprise du PKI. À l’extérieur, la question de l’Irian Barat (Nouvelle-Guinée occidentale), toujours sous contrôle hollandais mais revendiqué par l’Indonésie, pousse Sukarno du côté des « anti-impérialistes » ; en avril 1955, les premières assises du tiers monde se tiennent à Bandung.

En 1957 s’effectue un changement assez brusque. Plusieurs soulèvements militaires éclatent (à Sumatra, à Célèbes), dont les chefs critiquent la politique « antioccidentale » de Sukarno ; à Jakarta, plusieurs ministres et le vice-président Hatta donnent leur démission. Sukarno réagit vivement ; il abroge le système parlementaire et annonce un régime de « démocratie dirigée », dans lequel il a les pleins pouvoirs. En même temps, les biens hollandais sont mis sous séquestre, et les ressortissants hollandais expulsés. Les compagnies pétrolières sont nationalisées l’une après l’autre, et les communistes, qui sont entrés au ministère, poussent à l’adoption d’une loi agraire. Selon Sukarno, les forces vives du pays, c’est-à-dire les nationalistes, les partis musulmans et les communistes, doivent s’unir et collaborer (théorie du Nasakom). À l’extérieur, l’Indonésie devient fermement antioccidentale. L’Irian lui est rétrocédé (1963), mais elle part en guerre contre la formation de la Malaysia et se retire de l’O. N. U. (janv. 1965).

En 1965, nouveau bouleversement. Les forces conservatrices militaires et musulmanes se reprennent et, à la suite du coup avorté du lieutenant-colonel Untung (Gestapu, ou « Mouvement du 30 septembre »), parviennent à éliminer Sukarno et à supprimer le PKI (massacres et emprisonnements), qui se trouve ainsi démantelé pour la troisième fois. Un régime d’« ordre nouveau » (orde baru) s’instaure en 1966 avec le général Suharto (né en 1921). Premier ministre depuis le 11 octobre 1967, président de la République pour cinq ans, avec les pleins pouvoirs, depuis le 27 mars 1968, Suharto est résolument anticommuniste et aussi antichinois (il y a trois millions de Chinois en Indonésie). Il se montre par contre favorable aux puissances occidentales, dont il sollicite à la fois une remise de dette et de nouveaux investissements, et cherche avant tout à rétablir selon les principes d’un capitalisme « orthodoxe » une économie qu’un pseudo-socialisme avaient fortement ébranlée.

D. L.

➙ Empire colonial néerlandais / Inde / Java / Sukarno.

 B. Schrieke, The Effect of Western Influence and Native Civilization in the Malay Archipelago (Batavia, 1929). / F. de Haan, Oud Batavia (Batavia, 1935 ; 2 vol.). / G. Cœdès, les États hindouisés d’Indochine et d’Indonésie (E. de Boccard, 1948 ; 3e éd., 1964). / H. S. de Graaf, Geschiedenis van Indonesie (La Haye et Bandung, 1949) ; De Regering van Sultan Agung, vorst Van Mataram, 1613-1645 (La Haye, 1958). / J. M. Van der Kroef, Indonesia in the Modern World (Bandung, 1954-1956 ; 2 vol.). / J. Bruhat, Histoire de l’Indonésie (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1958 ; 2e éd., 1968). / H. R. Van Heekeren, The Bronze-Iron Age of Indonesia (La Haye, 1958). / L. Fischer, The Story of Indonesia (New York, 1959). / B. H. M. Vlekke, Nusantara, a History of Indonesia (La Haye et Bandung, 1959). / D. S. Lev, The Transition to Guided Democracy : Indonesian Politics, 1957-1959 (New York, 1962). / W. Stöhr et P. Zoetmulder, Die Religionen Indonesiens (La Haye, 1965 ; trad. fr. les Religions d’Indonésie, Payot, 1968). / O. W. Wolters, Early Indonesian Commerce, a Study of the Origins of Srivijaya (Ithaca, N. Y. 1967). / V. Monteil, Indonésie (Éd. du Seuil, coll. « Microcosme », 1972).


Les formes de l’occupation humaine


Les genres de vie

Certains groupes « primitifs » vivent de cueillette, de chasse ou de pêche. Il s’agit de peuplades vivant dans un état nomade ou semi-nomade en voie de disparition, au nombre desquelles on peut citer les Koubous et, à Sumatra, quelques groupes dayaks et les Pounans à Kalimantan, les groupes toalas dans Célèbes et certaines tribus papoues de la Nouvelle-Guinée.

Il est probable que ces groupes errants de la forêt auront tout à fait disparu dans quelques années par métissage et par passage progressif à un type d’agriculture qui implique une vie sédentaire (cultures de riz et de maïs de montagne). Le nomadisme entraîne un très bas taux de natalité et une mortalité infantile extrêmement élevée.

Au ramassage succède la culture, d’abord timide et furtive sur le défrichement, puis permanente et ensuite, éventuellement, irriguée.

Beaucoup de ces « primitifs » ont péri, livrés sans protection à une exploitation intense sur les plantations européennes et dans les mines créées pendant le dernier demi-siècle de colonisation. Quant aux derniers groupes vivant exclusivement de la pêche, rares sont ceux qui ont échappé aux ravages de la piraterie et qui se dissimulent encore dans les baies reculées que les courants rendent inaccessibles aux embarcations à voile, comme dans l’archipel des Riau, autour de Célèbes, sur les côtes est et nord de Bornéo.

L’homme reste, avec le climat et le sol — plus qu’eux sans doute —, le grand responsable de la répartition actuelle des formations végétales. C’est lui qui a été, en particulier, le grand destructeur de la forêt dense, remplacée par des types de dégradation qui conduisent bien souvent jusqu’à la savane herbeuse dépourvue d’arbres. Alors que les cueillettes et la chasse ne permettent qu’un peuplement très clairsemé, les cultures sur brûlis (ladang) sont souvent le signe d’un début de pression démographique. Mais, bien souvent, la forêt n’a pas seulement reculé en raison des brûlis, mais aussi face à l’extension des plantations européennes.