Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
I

Indiens (suite)

Les nomades côtiers n’avaient pas, à proprement parler, de religion organisée ; ils croyaient cependant en une multitude d’esprits bons ou mauvais et entouraient d’une série de rituels les moments essentiels de l’existence (naissance, puberté, mort). Le chaman cumulait les fonctions de guérisseur et de devin. Les Chonos furent les premiers à disparaître pour une cause mal connue, et les quelques renseignements que nous possédons sur eux datent du xviiie siècle. Des Alakalufs, décimés par la maladie et la disparition de leur forme de vie traditionnelle, il ne reste plus que quelques dizaines d’individus fixés autour du poste de Puerto Eden (île Wellington). Quant aux Yamanas, il en subsiste une quarantaine, établis près de la base chilienne de Puerto Williams.


Les chasseurs des pampas et des steppes

Au moment de leur découverte, les chasseurs nomades, Charruas, Querandis, Puelches, Tehuelches et Onas, vivaient dans des régions improductives et restées à l’écart des courants principaux de diffusion culturelle. À l’inverse de celle des nomades de la mer, la vie économique de ces chasseurs exclusivement terriens reposait sur la chasse du gibier terrestre (guanaco, nandou, rongeurs, oiseaux) et, dans une très faible proportion, sur la récolte des plantes sauvages.

Physiquement, les Indiens des steppes étaient, avec une stature moyenne de 1,80 m, les plus grands d’Amérique ; ils étaient si impressionnants même que des légendes sur les « géants de Patagonie » se répandirent jusqu’en Europe.

Leur organisation sociale, imposée par l’environnement et le mode de subsistance, devait être, au xviiie s., profondément modifiée par le cheval, qui fut adopté par tous les groupes, à l’exception des Onas. Le type d’organisation de ces derniers, restés les plus primitifs, reposait sur la bande composée de plusieurs familles (de 40 à 120 personnes), se déplaçant à pied à la poursuite du gibier à l’intérieur d’un territoire strictement défini, où toute intrusion d’une bande voisine provoquait des combats. La charge de chef était dévolue à l’Indien le plus expérimenté et le plus prestigieux, qui devait la céder lorsqu’il n’en était plus digne. Chez les groupes du continent, l’adoption du cheval, en permettant à la fois de parcourir un territoire plus vaste et de transporter plus de charge, conduisit les bandes primitives à se regrouper en bandes étendues (jusqu’à 1 000 personnes). Les limites des territoires de chasse devenues moins strictes, les conflits se firent plus fréquents, accompagnés de raids de pillage contre les Blancs. Seules les bandes charrua et querandi continuèrent à ne pas dépasser 50 personnes.

Tous ces groupes d’Indiens nomades avaient un équipement matériel similaire. L’abri temporaire familial — le toldo — était le plus souvent un grand coupe-vent de peau soutenu par des pieux. La chasse, activité masculine, se pratiquait à l’aide de bolas (2 ou 3 boules de pierre attachées par des lanières de cuir nouées ensemble et qui, jetées avec force, s’enroulaient autour des membres de l’animal), de lances, d’arcs et de pointes de silex finement taillées. Les vêtements ainsi que les récipients servant à la cuisine ou au transport étaient de peaux cousues. Vers le nord, Charruas et Querandis adoptèrent cependant quelques éléments culturels propres aux régions forestières, tel le hamac chez les Charruas.

Ignorant la poterie, le tissage (à l’exception des Tehuelches, qui l’empruntèrent tardivement aux Araucans), l’écriture, les instruments de musique, les Indiens des pampas et des steppes n’ont laissé que peu de témoins de leur activité spirituelle, sous la forme de rituels cérémoniels entourant la naissance, l’initiation des jeunes garçons, la mort, ainsi que des mythes et des légendes diverses. Puelches, Tehuelches et Onas croyaient en un dieu suprême et créateur. On ignore à peu près tout des religions des Charruas et Querandis, ces derniers ayant souvent été décrits comme athées. Chez tous ces peuples, le chamanisme jouait un rôle important.

D. L.


Les agriculteurs des Andes du Sud

Les vallées du Chili central comprises entre le 30e et le 40e degré de lat. S. constituent un milieu naturel bien individualisé, limité vers le nord par les régions plus sèches et chaudes du Chili septentrional et d’Atacama (qui les séparent des Andes centrales), vers le sud par l’archipel de Chiloé. Le climat est de type méditerranéen, les pluies sont abondantes, et le sol est riche, propice à l’agriculture. Cette région représente l’extrême avancée vers le sud de l’agriculture de type andin : le maïs, la pomme de terre, le haricot, la gourde, le piment, la quinoa sont cultivés de façon intensive, grâce à un aménagement des terres (terrasses sur les pentes) et à l’irrigation, qui ne fut jamais cependant pratiquée aussi systématiquement que dans les régions situées plus au nord.


Les groupes culturels

Les Araucans, qui occupaient cette région depuis l’époque préhispanique, avaient emprunté aux peuples des Andes centrales un certain nombre d’éléments culturels. Cependant, ils ne furent jamais des « paysans » à proprement parler : relativement sédentaires, mais n’étant pas parvenus à produire un surplus de production important qui leur aurait permis d’entretenir des classes sociales spécialisées et non productrices, ils restèrent en marge des foyers importants de développement culturel.

Bien qu’ils aient eu une langue et une culture communes, on les divise communément en trois groupes : Picunches, Mapuches et Huilliches, du nord au sud. Les Picunches, plus fortement influencés par les populations des Andes centrales, furent aussi ceux qui disparurent le plus complètement, absorbés dès le xvie s. par le système colonial espagnol. Mapuches et Huilliches résistèrent longtemps aux Européens et parvinrent à garder leur indépendance pendant toute la période coloniale. Au moment de la conquête espagnole, l’ensemble de la population araucane pouvait atteindre 1 000 000 ou 1 500 000 individus. Actuellement, environ 200 000 sont maintenus dans des réserves chiliennes et constituent de petites communautés paysannes, qui ne diffèrent de la paysannerie chilienne que par quelques coutumes traditionnelles et religieuses.