Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
I

Indien (océan) (suite)

• La région du front subtropical. Elle est occupée par la branche de retour de la grande cellule de courants encadrée par l’Afrique et l’Australie. Il s’agit d’un courant puissant, qui, au voisinage des terres, peut donner naissance à de grands tourbillons, comme celui qui occupe la baie australienne. Le déplacement vers l’est intéresse à la fois les eaux venues des latitudes tropicales, tièdes et salées (12-13 °C et plus de 35 p. 1 000), et subantarctiques, tempérées et moins salées (de 8 à 10 °C et 34,7 p. 1 000), que sépare la convergence subtropicale, au tracé fluctuant et oscillant du nord au sud des îles Saint-Paul et Nouvelle-Amsterdam. Ces îles, volcaniques (parties émergées de la dorsale) et perméables, couvertes d’un maigre tapis de graminacées, sont ceinturées par d’immenses champs d’algues, où s’apaisent légèrement les très fortes houles australes. La région, jadis très fréquentée, car empruntée par les navires se rendant vers le Pacifique, n’est plus parcourue de nos jours que par les langoustiers de la Réunion, qui exploitent les points culminants de la dorsale. Une station météorologique fonctionne à Saint-Paul depuis 1950.

• La région du front polaire. À tous égards, la sévérité du milieu physique annonce déjà l’Antarctique. Les pluies augmentent (plus de 1 m, réparties régulièrement dans l’année), et l’hiver devient sensible, quoique sans grande rigueur, sauf au sud ; les neiges (archipel des Crozet, îles Marion et du Prince-Édouard) et les glaces (calottes couvrant les sommets des îles Kerguelen et Heard) jouent un rôle notable, et les icebergs, rendus informes par l’érosion et les vêlages, s’y manifestent à l’occasion. En raison du renforcement des grains et de la violence des vents, les houles y sont déjà imposantes. Le courant austral, dévié en passant au-dessus des seuils et des dorsales, s’accélère sensiblement. Encore tempérées au nord, les eaux deviennent franchement polaires (5 °C et moins) passé le front antarctique, remarquable de stabilité et qui fonctionne comme une convergence ou une divergence selon la force des vents. Les îles, au paysage désolé, burinées par des fjords sauvages, frangées temporairement de glaces de mer, étaient naguère des lieux de chasse fréquentés par les phoquiers et les baleiniers. On comprend que, dans ce milieu hostile, les tentatives de colonisation (comme aux Kerguelen) ont échoué.

J.-R. V.

➙ Antarctique / Atlantique (océan) / Courants océaniques / Inde / Mousson / Ondes océaniques / Pacifique (océan) / Pétrole.

 G. Schott, Geographie des Indischen und Stillen Ozeans (Hambourg, 1935). / U. S. Navy, Marine Climatic Atlas of the World, t. III : Indian Ocean (Washington, 1957). / A. Toussaint, Histoire de l’océan Indien (P. U. F., 1961). / A. Guilcher, Précis d’hydrologie marine et continentale (Masson, 1965). / R. W. Fairbridge (sous la dir. de), The Encyclopedia of Oceanography (New York, 1966). / A. S. Laughton, D. H. Matthews et R. L. Fisher, « The Structure of the Indian Ocean », dans The Earth Beneath the Sea, t. IV de The Sea, sous la dir. de A. E. Maxwell (New York, 1970).

Indiens

Autochtones de l’Amérique.


Introduction

Le peuplement indien de l’Amérique s’effectua par vagues successives d’immigration : vers la fin du Paléolithique supérieur, des tribus de chasseurs-cueilleurs d’Asie traversèrent le détroit de Béring pour envahir plaines, montagnes et vallées, et s’enfoncer toujours plus loin vers le sud à la recherche de gibier. Peu à peu se constitua sur le continent un fonds humain racial et culturel spécifique.


L’Amérique du Nord

Au début du xviie s., les Indiens d’Amérique du Nord étaient peut-être 850 000, répartis en deux cents ou trois cents tribus.

Aucune classification ne peut être proposée en raison des brassages de ces tribus entre elles, résultats d’immigrations ou de conquêtes. Les données de l’archéologie et de la préhistoire indiquent un grand mouvement initial de peuplement du nord vers le sud et un reflux depuis l’ancien Mexique jusqu’au nord, s’amenuisant à mesure. À quoi il fait ajouter des déplacements sporadiques correspondant à des interactions entre tribus. En se fondant sur les régions — que ne recoupent pas exactement selon les époques les aires linguistiques —, on peut distinguer les tribus du Sud-Est, celles du Nord-Est, celles des Plaines et du Moyen-Est, celles de la Californie, du Grand Bassin et des Plateaux, celles du Nord-Ouest et celles du Sud-Ouest. À côté de nouvelles civilisations qui naissent, d’anciennes cultures, comme celle des Pueblos dans le Sud-Ouest ou celle des « Constructeurs de remparts » dans le Sud-Est, se maintiennent ou se prolongent.


L’Amérique du Sud

On estime qu’au moment de la Conquête la population aborigène d’Amérique du Sud se chiffrait à 9 millions d’individus, dont la moitié dans les Andes centrales. Certains pensent qu’aujourd’hui ces chiffres sont toujours valables, tandis que d’autres estiment la population indienne à au moins 17 millions d’individus. De fait, il n’est plus possible de retenir le critère racial pour distinguer les groupes indiens des groupes métis : le métissage racial a été dans les nations à peuplement précolombien dense si important que l’on peut dire que, de nos jours, la race indienne est plus répandue qu’avant la Conquête. L’« Indien » est donc défini, en Amérique du Sud, sur la base de critères linguistiques et culturels : il est membre d’un groupe, ou communauté, qui a conservé pour langue principale une langue indienne et dont la plupart des traits culturels sont d’origine précolombienne. D’après cette définition, la population de langue indienne est sûrement aussi ou même plus nombreuse qu’avant la Conquête ; mais sa répartition a changé.

A. F. et D. D.