Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
I

Indien (océan) (suite)

L’océan Indien de l’alizé

• La région équatoriale. C’est la zone la plus étroite, la plus chaude (les eaux sont constamment à une température supérieure à 28 °C) et la plus copieusement arrosée (surtout à l’est). La salinité superficielle est constamment en dessous de 35, voire 34 p. 1 000, comme devant les côtes indonésiennes. Toute la région est parcourue par le contre-courant équatorial. En été, celui-ci est mal individualisé, n’étant alimenté que par le courant sud-équatorial ; défavorisé par les vents, il tend à se résoudre en deux mouvements tourbillonnaires disposés de part et d’autre de l’archipel des Chagos ; enfin, une partie de son domaine oriental est occupée par le courant de Java, coulant en sens inverse. En hiver, renforcé par les vents, alimenté par le courant sud-équatorial et le courant de la mousson du nord-est, le contre-courant redevient rectiligne et rapide (plus de 5 km/h dans le col qui sépare les Chagos et les Maldives). Vers l’est, il s’épanouit largement en formant le courant de Sumatra (vers le nord) et le courant de Java, qui se poursuit jusqu’en mers de Timor et d’Arafura. Toute la région équatoriale est un domaine où le plancton tend à se concentrer : les eaux poissonneuses sont exploitées par des collectivités villageoises, spécialisées ou non, établies en bordure de littoraux protégés par des alignements de hauts-fonds, de récifs coralliens et la mangrove (côtes de Tanzanie, archipels des Amirantes, des Seychelles et des Chagos, rivages occidentaux de Sumatra et Java).

• La région australienne. Elle est aride et comparable à celles des courants du Pérou (Humboldt) ou de Benguela. C’est pendant l’été austral que le courant ouest-australien est le mieux individualisé : au sud, il coule parallèlement à la côte (remontées d’eau froide), puis s’épanouit en éventail vers le nord (mer de Timor et courant sud-équatorial). En hiver, il s’affaiblit, parfois même s’inverse, alors que l’upwelling se déplace vers le nord (entre Shark Bay et la Terre de Dampier) pour compenser le départ des eaux vers l’ouest. Les courants (horizontaux et verticaux) sont très lents : la température ne descend pas en dessous de 20 °C, et la floraison planctonique reste restreinte. Les rivages, précédés de récifs, sont arides, ourlés de lagunes salées. L’exploitation halieutique est récente et limitée (Broome et Derby en Terre de Dampier). À Gladstone et à Dampier sont déchargés les hydrocarbures venant du golfe Persique.

• La région centrale. Elle est tout entière parcourue par l’alizé du sud-est, régulier (les perturbations sont rares), tiède et modérément pluvieux. Le climat est agréable, et les houles sont le plus souvent faibles à modérées. L’eau, relativement salée, est transportée vers l’ouest et le sud-ouest par le courant sud-équatorial, dont les vitesses sont faibles, sauf pendant la mousson du sud-ouest. Les couches de surface, privées de remontées de sels nutritifs, sont pauvres ; au niveau de la thermocline, les eaux, plus riches, permettent une plus grande concentration en thonidés, pêchés surtout au cours de l’été. Aux îles Christmas, on exploite les phosphates de chaux. Parmi les vingt-sept îlots coralliens formant l’archipel des Cocos (Australie), le plus occidental joue depuis la dernière guerre un rôle important dans le radioguidage de la circulation maritime et aérienne.

• La région malgache. Comme toutes les façades occidentales, elle connaît un sensible renforcement des courants. Les obstacles, constitués par le microcontinent malgache et son cortège insulaire, obligent les eaux du courant sud-équatorial à décrire des tourbillons complexes. Une partie des eaux glisse lentement vers le sud, puis contourne Madagascar ; celles qui passent au nord forment des tourbillons anticycloniques rapides, successivement appelés courant des Comores (centré sur cet archipel), puis de Mozambique (autour des îlots de Bassas-de-India et Europa), dont les eaux reviennent vers l’est pour baigner les rives occidentales de Madagascar. Dans toute la région, les précipitations sont abondantes (pluies orographiques), les cyclones actifs, parfois dévastateurs, les vents forts et les houles importantes, qu’elles viennent du sud-est ou de l’océan Austral. Au total, les côtes, souvent basses et marécageuses (Pangalanes de Madagascar), bordées de récifs dangereux, battues par une mer forte, sont inhospitalières et n’offrent que des abris rares et difficiles à aménager. La pêche s’y est cependant développée dans le canal de Mozambique, au nord de Madagascar et surtout autour de l’île Maurice, qui sert de base aux thoniers qui vont travailler en été dans l’est et le sud-est de la région. La création de ports modernes est un problème important pour cette partie de l’océan Indien, parcourue par l’une des grandes routes océaniques actuelles : chaque jour, une vingtaine de pétroliers de toutes dimensions empruntent le canal de Mozambique. Une station de relâche et de réparation pour les superpétroliers a été projetée à Narinda.


L’océan Indien tempéré

Cette dernière zone est caractérisée par la prédominance des « grands frais d’ouest », qui imposent la formation de la grande dérive australe.

• La région sud-africaine. L’eau accumulée dans la région malgache, s’en échappe vers le sud en formant l’important courant de décharge appelé courant des Aiguilles, dont le comportement n’est pas sans évoquer celui du Gulf Stream. Ce courant est fort (vitesses rarement en dessous de 2 km/h ; pointes entre 4 et 5 km/h) et chaud. Vers 40° de lat. S., il arrive en contact avec l’eau venue de l’Atlantique le long du front subtropical, instable et sinueux, bordé de courants inconstants et de remous. De telles variations paraissent dues aux passages fréquents des perturbations d’ouest, qui soulèvent des mers très fortes (Dumont d’Urville* y aurait observé des houles de plus de 30 m). Côté terre se forme occasionnellement tout un système de contre-courants de baies dirigés vers le nord. La marge continentale africaine (notamment au large du cap des Aiguilles) est occupée par une eau fortement brassée par les houles, les courants et les marées. La pêche (chalutage, thons, sardines, maquereaux et langoustes) y est pratiquée par de grandes flottilles basées au Cap et à Port Elizabeth. Durban a bénéficié de l’essor de la route du Cap et est devenu le premier port de l’Afrique du Sud.