immunologie (suite)
Immunologie des cancers
Le cancer* est caractérisé par la prolifération anarchique et sans frein de clones cellulaires aberrants qui constituent en fait une greffe allogénique, les tissus tumoraux ayant leurs propres antigènes ; ces néo-antigènes sont peut-être d’ailleurs ceux du Virus lui-même dans le cas de certaines leucémies.
Ces clones cellulaires ne pourraient se développer que grâce à une défaillance des systèmes homéostatiques qui normalement détruisent toutes les cellules anomales qui apparaissent chez le sujet sain ; les phénomènes d’hypersensibilité retardée jouent là un grand rôle ; certains lymphocytes sensibilisés, les lymphocytes « tueurs », sont capables par une action cytotoxique de détruire les cellules malignes.
Les agents immunosuppresseurs et le sérum antilymphocytaire
La reconnaissance d’une série de syndromes cliniques en tant que manifestations d’hypersensibilité a poussé à rechercher des moyens thérapeutiques. Depuis un certain nombre d’années déjà, on dispose des corticoïdes et des antihistaminiques pour lutter contre les manifestations d’hypersensibilité immédiate telles que les accidents anaphylactiques, l’asthme, l’œdème laryngé. Mais les syndromes relevant de l’hypersensibilité retardée, tels le rejet des homogreffes, les maladies auto-immunes, ne sont pas sensibles à ces médicaments.
On utilise alors des agents non spécifiques connus pour leur action toxique sur les cellules en voie de division et qui sont employés en cancérologie.
Il s’agit d’une part des rayons X ; l’irradiation totale supprime en effet les réactions immunitaires.
Il existe d’autre part des corps chimiques qui sont toxiques pour les cellules, en lésant notamment les acides nucléiques, tels les agents alkylants, les antagonistes de l’acide folique, les corps voisins des bases puriques constituants de l’acide désoxyribonucléique des chromosomes. Ces corps, s’ils détruisent les cellules lymphoïdes, détruisent aussi d’autres cellules sensibles et notamment les éléments du sang, ce qui rend leur emploi dangereux. Ils sont néanmoins utilisés pour éviter le rejet des greffes en même temps que les corticoïdes.
Le plus récent et l’un des plus puissants agents immunosuppresseurs est le sérum antilymphocytaire utilisé depuis 1963. Il est obtenu en immunisant un animal avec des lymphocytes humains ; il s’agit donc d’un sérum hétérologue contenant une série d’anticorps dirigés contre des antigènes de la surface du lymphocyte. Il agirait par une action cytotoxique nécessitant la présence du complément. Il inhibe la production d’anticorps à condition d’injecter le sérum avant l’antigène ; l’inhibition porte surtout en fait sur les réactions d’hypersensibilité retardée.
Le témoin le plus caractéristique de l’action du sérum antilymphocytaire est la diminution du nombre des lymphocytes dans le sang. In vitro, le sérum agglutine les lymphocytes et les détruit si l’on ajoute du complément. Son action porterait surtout sur les cellules d’origine thymique.
A. S.
➙ Allergie / Bactérie / Greffe / Immunité / Transfusion / Vaccination.
Cours d’immunologie générale et de sérologie de l’Institut Pasteur (C. D. U., 1963). / A. Delaunay, l’Immunologie (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1969). / Advances in Immunology (Londres et New York, 1969-1971 ; 11 vol.). / J. H. Humphrey et R. G. White, Immunology for Students of Medicine (Oxford, 1970). / P. Bordet, Immunologie (Flammarion, 1972).