Opération qui consiste à imprégner le bois ou les matériaux dérivés du bois (contre-plaqués, panneaux de particules) par des produits chimiques qui, par décomposition sous l’action de la chaleur, permettent de diminuer le risque de propagation du feu.
Généralités
Sous l’action de la chaleur, la température du bois s’élève ; à partir de 150 °C, des gaz combustibles commencent à se dégager ; vers 275 °C, la réaction devient exothermique, le bois prend feu, même sans flammes ; le dégagement de gaz combustibles se poursuit intensément au-delà de 300 °C. Ce n’est pas le bois lui-même qui brûle, mais les gaz de distillation ; dans la phase finale, le charbon de bois résiduel continue à brûler par incandescence, mais sans flammes, en se refroidissant jusqu’à extinction complète. Le comportement au feu des divers matériaux est défini par deux critères très différents.
• Réaction au feu. C’est l’aliment que les matériaux peuvent apporter au développement d’un incendie. Le bois a une réaction positive : il est combustible et facilement inflammable. Or, le rôle des produits ignifuges est de diminuer cette inflammabilité, d’éviter ainsi la propagation de la flamme.
• Résistance au feu. C’est le temps pendant lequel ils peuvent jouer leur rôle en toute sécurité au cours d’un incendie. Dans ce domaine, le bois naturel est excellent : le cas de charpente de fort équarrissage est typique. Le bois brûle lentement (de 0,6 à 0,7 mm/mn en profondeur), et une telle charpente ne se dilate pas, ne se déforme pas ; sa résistance mécanique ne diminue que très lentement, sans aucun risque d’effondrement brutal (ce qui est le cas d’une charpente métallique).
Au cours d’un incendie, le bois naturel résiste très bien (l’ignifugation, d’ailleurs, n’apporte aucune amélioration à sa résistance au feu). Toutefois, du fait de sa réaction au feu très facile, on peut le protéger afin d’éviter toute propagation rapide des flammes en surface : c’est le rôle important des produits ignifuges.
Produits ignifuges
Ces produits peuvent agir de diverses façons. Certains, sous l’action de la chaleur, dégagent un gaz inerte qui ralentit la combustion : c’est le cas des sels ammoniacaux, et particulièrement du phosphate, très utilisé pour le bois. D’autres forment une sorte de verre protecteur en surface du bois en fondant sous l’action de la chaleur : c’est le cas du silicate et du borate de sodium, de l’acide borique. Enfin, des produits anti-oxygène peuvent également être envisagés, tels les halogènes (brome en particulier), mais ils ont l’inconvénient d’être toxiques lors d’un incendie.
Procédés d’imprégnation
D’une façon générale, l’imprégnation totale du produit dans la masse du bois donne des résultats durables. Dans ces conditions, on introduit par solution aqueuse les produits dans le bois grâce au procédé dit par trempage ou mieux grâce au procédé vide et pression.
Le plus souvent, on n’envisage qu’une imprégnation superficielle, moins coûteuse et plus facile à utiliser, mais elle est moins efficace. On procède alors à une application en surface (badigeonnage, vaporisation, etc.) en utilisant soit des solutions des produits précédents (mais ils sont très instables), soit des peintures ou des vernis classiques à base de borate ou d’acide borique, ou, mieux encore, des peintures ou des vernis intumescents, qui, sous l’action de la chaleur, donnent des émissions de gaz inertes et forment une mousse pouvant atteindre plusieurs centimètres d’épaisseur. L’ignifugation des bois et des matériaux dérivés est encore peu pratiquée, mais elle est obligatoire dans certains cas spéciaux : maisons en bois dans les expositions internationales, bois dans les bateaux, les avions, etc.
A. V.
➙ Amélioration des bois / Bois / Charpente / Imprégnation.
M. de Keghel, les Bois industriels. Traité de la conservation et de l’amélioration des bois (Baillière, 1921). / American Chemical Society, Fire Retardant Paints (Washington, 1954). / G. Giordano, Tecnologica del legno (Milan, 1956). / P. Thiéry, l’Ignifugation (Dunod, 1967).