Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
H

Hongrie (suite)

Le 10 février 1947, la Hongrie signe le traité de paix de Paris, qui rétablit les frontières du traité de Trianon. Après l’arrestation de plusieurs dirigeants de son parti, accusés de complot contre le gouvernement et l’Union soviétique, Ferenc Nagy démissionne, au cours d’un voyage officiel en Europe occidentale. Son successeur, Lajos Dinnyés (1901-1961), fait également partie des petits propriétaires. Après la stabilisation monétaire, qui met fin à la plus grand inflation jamais connue, le Parlement vote, le 3 août, un plan de reconstruction de trois ans, destiné à rétablir le niveau économique de 1938.

Aux élections du 31 août 1947, les partis de la coalition gouvernementale obtiennent 60,7 p. 100, dont 22 p. 100 pour le parti communiste. Le 24 octobre, le gouvernement nationalise les banques ; le 23 mars 1948, les usines employant plus de 100 ouvriers ; le 28 décembre 1949, les entreprises utilisant plus de 10 employés.

Ayant expulsé plusieurs de ses dirigeants, le parti social-démocrate forme, en juin 1948, avec le parti communiste, le parti des Travailleurs hongrois, avec Mátyás Rákosi (1892-1971) comme secrétaire général et Árpád Szakasits (1888-1965) comme président. Le 16 juin, le Parlement vote la nationalisation des écoles. À la suite de l’arrestation de son gendre, accusé de haute trahison et d’espionnage, Zoltán Tildy démissionne (il sera en résidence surveillée jusqu’en 1956). Árpád Szakasits lui succède le 3 août. Le 9 décembre, Lajos Dinnyés est remplacé par István Dobi (1898-1968).

Au début de l’année 1949, la Hongrie participe à la fondation du Comecon*. Le 8 février, le cardinal József Mindszenty (né en 1892), primat de Hongrie, accusé de haute trahison, est condamné à la réclusion perpétuelle. Aux élections du 15 mai, une seule liste est présentée, celle du Front d’indépendance populaire, créé le 1er février avec Mátyás Rákosi comme président. Elle obtient 96,5 p. 100 des suffrages. Le gouvernement formé le 7 juin et présidé par István Dobi est celui du Front. Un seul parti y participe en tant que tel, le parti des Travailleurs, les ministres non communistes ne représentant pas leurs partis. Le véritable chef de l’exécutif est Mátyás Rákosi, vice-président du Conseil. Sur sa proposition, le Parlement vote le 20 août une nouvelle constitution, sur le modèle de celle de l’Union soviétique.

Le gouvernement élabore pour 1950-1954 un plan quinquennal ayant pour but le développement accéléré de l’industrie, en particulier de l’industrie lourde, et la transformation socialiste de l’agriculture. En effet, la production industrielle augmente jusqu’en 1953 de 131 p. 100, et le Conseil national des coopératives agraires, établi le 14 décembre 1950, entreprend la collectivisation de la propriété paysanne. Le 14 août 1952, Mátyás Rákosi prend officiellement la direction du gouvernement ; István Dobi devient président du Conseil présidentiel.

Après 1945, à la suite de procès publics ou secrets, nombre de dirigeants politiques ou idéologiques sont exécutés ou emprisonnés, entre autres : László Rajk (1809-1949), Árpád Szakasits, István Riesz (1886-1950), György Marosán (né en 1908), János Kádár*, Gyula Kállai (né en 1910), Géza Losonczy (1915-1958), membres de la direction du parti des Travailleurs, ainsi que l’archevêque József Grősz (1887-1961).

En juin 1953, le Comité central du parti des Travailleurs décide de modifier sa politique, réorganise le bureau politique, abolit le poste de secrétaire général et propose Imre Nagy (1896-1958) à la tête du gouvernement. Le Parlement élit Nagy ; celui-ci annonce dans son programme du 4 juillet le ralentissement du rythme de l’industrialisation, le développement accentué de l’agriculture et le respect de la légalité socialiste. Ce programme se heurte rapidement aux critiques de Rákosi, mais il est bien accueilli par l’opinion publique et, malgré les difficultés rencontrées, il est confirmé en octobre 1954 par le Comité central, qui, en mars 1955, revient sur sa décision, condamne le ralentissement de l’industrialisation et exclut Imre Nagy. Celui-ci est remplacé à la tête du gouvernement par András Hegedus (né en 1922) le 21 avril. La politique du développement de l’agriculture continue.

Le 14 mai, la Hongrie signe le pacte de Varsovie.

En 1956, après un temps d’arrêt, la libération et la réhabilitation des dirigeants politiques emprisonnés sont reprises. La critique de la politique d’entre 1949 et 1953 ainsi que les différends à ce sujet créent une vive tension dans le pays. Au printemps se forme une opposition intellectuelle autour des partisans des idées d’Imre Nagy. Le 18 juillet, le Comité central du parti des Travailleurs remplace Rákosi par Ernő Gerő et accélère libérations et réhabilitations ; des funérailles nationales sont faites à László Rajk. Les discussions concernant les responsabilités et les conséquences politiques à formuler pour l’avenir s’intensifient. Une manifestation d’étudiants, organisée en relation avec les événements de l’« Octobre polonais », le 23 octobre 1956, se transforme en une insurrection à laquelle seule l’intervention de l’armée soviétique mettra fin au cours du mois de novembre.

Les années qui suivent l’insurrection de 1956 sont marquées par la reprise en main de l’économie par le gouvernement et de la vie politique par le successeur du parti des Travailleurs, le parti socialiste ouvrier hongrois, dont le premier secrétaire est János Kádár ; celui-ci est également chef du gouvernement de 1956 à 1958 et de 1961 à 1965. Ferenc Münnich (1886-1967) est président du Conseil entre 1958 et 1961, Gyula Kállai de 1965 à 1967. Dès lors, le gouvernement est présidé par Jenő Fock (né en 1916). Au cours des années 1959-1961, la collectivisation agraire est menée à son terme. Des amnisties politiques sont promulguées en 1963. Après un plan quinquennal incomplètement réalisé et après plusieurs années de préparation, un nouveau mécanisme de planification et de direction économiques entre en vigueur en janvier 1968. Il est complété en 1969 par une loi renforçant les syndicats par rapport aux chefs d’entreprise.

G. R. et P. P.