Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
H

Hongrie (suite)

➙ Autriche / Béla 1er / Étienne 1er / Habsbourg / Hunyadi / Jagellons / Kádár (J.) / Kossuth (L.) / Kun (Béla) / Louis 1er / Mathias Corvin / Révolutions de 1848.

 S. Domanovszky, Die Geschichte Ungarns (Munich, 1923). / B. Hóman, Geschichte des ungarischen Mittelalters (Berlin, 1940-1943 ; 2 vol.). / D. Kosary, A History of Hungary (New York, 1941). / J. von Farkas, Ungarns Geschichte und Kultur in Dokumenten (Wiesbaden, 1955). / G. Mikes, The Hungarian Revolution (Londres, 1957 ; trad. fr. la Révolution hongroise, Gallimard, 1957). / J. Rande, la Vie politique en Hongrie (Budapest, 1960). / T. Schreiber, la Hongrie de 1918 à 1958 (Fond. nat. des sciences politiques, 1960). / H. Bodgán, Histoire de la Hongrie (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1966). / Le Régime et les institutions de la République populaire de Hongrie (Institut de sociologie, Bruxelles, 1968). / V.-L. Tapié, Monarchies et peuples du Danube (Fayard, 1969).

Les événements de 1956

février

XXe Congrès du parti communiste de l’Union soviétique.

mars

Réhabilitation publique de László Rajk et d’autres dirigeants.

1er juillet

Le Comité central condamne les débats du cercle Petőfi.

18 juillet

Rákosi est relevé de son poste ; il quitte la Hongrie.

6 octobre

Funérailles nationales de László Rajk, manifestation estudiantine après les funérailles.

14 octobre

Imre Nagy est réintégré dans le parti communiste ; Mihály Farkas (1904-1965), responsable suprême de la police secrète, est arrêté.

19-21 octobre

L’« Octobre polonais ».

23 octobre

Manifestations de masses dans les grandes villes, en faveur du retour d’Imre Nagy au pouvoir, d’une démocratisation de la vie politique et de l’établissement de rapports équitables avec l’Union soviétique.

nuit du 23 au 24 octobre

Manifestation devant la maison de la radio et première intervention soviétique. Le Comité central replace Imre Nagy à la tête du gouvernement.

24 octobre

Les usines sont occupées par les ouvriers, qui constituent des conseils.

25 octobre

Ernő Gerő est remplacé par János Kádár à la tête du parti communiste. Le Comité central accepte nombre de revendications des insurgés, dont la reconnaissance des conseils ouvriers des usines.

30 octobre

Après discussions avec des émissaires soviétiques, formation d’un gouvernement avec le concours des partis de la coalition de 1945-1949, qui entreprend des pourparlers sur la retraite des troupes soviétiques ; le cardinal Mindszenty est libéré par l’armée ; l’« Affaire de Suez » détourne l’attention internationale de la Hongrie.

31 octobre

De nouvelles troupes soviétiques passent la frontière ; réorganisation de la direction de l’armée hongroise.

1er novembre

Le gouvernement annonce le retrait de la Hongrie du pacte de Varsovie et demande aux Nations unies de garantir la neutralité du pays ; János Kádár annonce la réorganisation du parti communiste ; des unités soviétiques occupent les aéroports et encerclent la capitale.

2 novembre

Le gouvernement proteste contre les mouvements de troupes soviétiques.

3 novembre

Le cardinal Mindszenty se déclare pour le progrès social, une société sans classes, un État régi par la loi et réclame la liberté du culte et la propriété privée limitée par l’intérêt social ; János Kádár et d’autres dirigeants communistes prosoviétiques constituent un contre-gouvernement.

4 novembre

Attaque générale de l’armée soviétique.

P. P.


La population et l’économie


Les problèmes démographiques

Un problème spécifiquement hongrois réside dans l’hypertrophie de la capitale, Budapest*, dont l’agglomération concentre environ le cinquième de la population du pays. Il s’agit certes d’un héritage du xixe s., lorsque, dans l’Empire austro-hongrois, l’État hongrois s’étendait sur un domaine plus vaste : la métropole commandait à des pays plus étendus, plus peuplés, plus variés. Comme Vienne, Budapest est restée une trop grosse tête sur un corps réduit. De plus, la planification centralisée des années d’après guerre a exagéré ce défaut hérité du passé. C’est ainsi que Budapest a reçu plus de la moitié des investissements du pays durant cette période, et la part de la main-d’œuvre industrielle ne s’est abaissée à moins de 50 p. 100 que dans les années 1960. Les efforts de freinage dans la croissance ont donné quelques résultats, mais la capitale concentre la majeure partie de la population active qualifiée, des cadres et des intellectuels. Quatre autres villes dépassent les 100 000 habitants, mais ne représentent pas 6 p. 100 de la population totale. La répartition des densités de population marque des inégalités : les densités les plus faibles (60 et moins localement) se situent dans l’interfluve Danube-Tisza, le Hortobágy, les communes agricoles de la Grande Plaine ou des collines du Somogy ; les densités supérieures à 100 s’établissent dans les régions industrielles de la dorsale et du Kisalföld. Les migrations intérieures, très intenses, sont consécutives à la fin de la collectivisation dans l’agriculture et à l’industrialisation des bassins miniers.

Le second trait est la lenteur de la croissance de la population totale. Ayant dépassé 10 millions d’habitants en 1961, la Hongrie n’a gagné qu’un million entre 1939 et 1969, alors que la population avait doublé de 1869 à 1939. Les pertes des deux guerres n’expliquent pas entièrement ce ralentissement : le pays ne s’accroît que de 0,5 p. 100 par an entre 1910 et 1920, diminue de 0,15 p. 100 entre 1941 et 1949. Aux pertes militaires et civiles résultant du long siège de Budapest, en 1945, s’ajoutent le transfert des colonies allemandes, l’émigration d’une grande partie de la population juive et, après les événements de 1956, une émigration de caractère politique évaluée à plus de 200 000 personnes. La diminution très sensible de la natalité a été un facteur important. Les taux du début de ce siècle sont encore ceux d’un pays rural (de 30 à 40 p. 1 000), mais ils s’abaissent dès la fin de la Première Guerre mondiale et, à la suite d’une brève remontée après 1945, tombent à moins de 20 p. 1 000 après 1955, de 15 après 1960, de 13 en 1962 ; ceux de Budapest, moins élevés que le taux de mortalité, se situent au-dessous de 10 p. 1 000 certaines années ; l’excédent national est inférieur à 3 p. 1 000 en 1962 et en 1965. Des mesures natalistes ont contribué à améliorer légèrement une situation inquiétante, mais la Hongrie reste le pays du Comecon, avec la R. D. A., où le taux d’excédent est de loin l’un des plus faibles.

En revanche, le niveau de vie, l’état sanitaire et culturel sont parmi les plus élevés : le taux d’analphabétisme au-dessus de 10 ans est tombé à moins de 10 p. 100 après la guerre, à moins de 4 p. 100 après 1960. On compte un médecin pour 600 habitants.