Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
H

homéopathie ou homœopathie (suite)

Christian Friedrich Samuel Hahnemann, le créateur de l’homéopathie

(Meissen, Saxe, 1755 - Paris 1843). Étudiant à Leipzig, puis à Vienne, il soutient sa thèse à Erlangen en 1779 sur le sujet : « Considérations sur les causes et le traitement des états spasmodiques. » Il exerce ensuite à Dessau, à Torgau, à Dresde et à Leipzig (où il enseigne à partir de 1812) ; en 1821, il est médecin à la cour ducale d’Anhalt-Köthen et, en 1835, il s’installe à Paris, où il passera les dernières années de sa vie.

Déjà sceptique sur les méthodes de la médecine officielle, Hahnemann découvrit sa voie en lisant une description de l’action du quinquina dans l’œuvre de William Cullen (médecin écossais, 1712-1790). Il décida alors d’expérimenter lui-même les effets du quinquina. Il absorba pendant plusieurs jours de fortes doses de quinquina et constata qu’apparaissaient chez lui les symptômes de la fièvre intermittente.

Il répéta l’expérience sur lui et sur des amis volontaires. Ses résultats l’amenèrent à constater que le quinquina qui, à petite dose, détruit la fièvre, provoque à forte dose, chez le sujet sain, les apparences de la fièvre. Encouragé, il poursuivit ses expériences avec le mercure, la digitale, la belladone et, devant les résultats concordants, il en tira la « loi de similitude », selon laquelle une substance toxique, administrée à faibles doses, est capable de guérir des symptômes semblables à ceux qui sont provoqués chez des sujets sains par cette même substance employée à doses plus fortes.

Hahnemann fut longtemps combattu dans son pays, tant par les médecins officiels que par les pharmaciens, qui souvent refusaient de préparer ses remèdes. Toutefois, ses succès de plus en plus nombreux le rendirent célèbre.

Ses œuvres principales sont : Mémoire sur l’empoisonnement par l’arsenic (1786), Organon de l’art de guérir (1810), Matière médicale pure (1811-1821), Doctrine et traitement homéopathique des maladies chroniques (1828).


Lois de l’homéopathie

La loi de similitude établie par Hahnemann fut par la suite confirmée par de nombreux exemples dans les règnes animal et végétal.

La seconde loi de l’homéopathie concerne l’emploi de doses infinitésimales, obtenues par les procédés de dilution ou de trituration. Ces doses infinitésimales sont la condition d’action des substances employées en homéopathie ; elles sont aussi le garant de leur innocuité.

Des travaux récents sur l’action d’une dose infinitésimale dans le règne végétal ont été effectués dans le laboratoire du professeur Netien à Lyon. Ils ont mis en évidence l’action d’une quinzième dilution CH de sulfate de cuivre sur l’élimination du cuivre au cours de la culture de graines de pois intoxiqués par cette même substance (le cuivre). Une autre expérience a montré qu’une dilution 15 CH de sulfate de cuivre avait un effet inhibiteur sur la respiration des pois intoxiqués au cuivre.

L’enseignement de l’homéopathie

En France il est donné à Paris par le Centre homéopathique de France, l’Institut national homéopathique et l’école homéopathique de l’hôpital Saint-Jacques. En province, l’homéopathie est enseignée dans plusieurs grandes villes : Lyon, Bordeaux, Marseille, Clermont-Ferrand, Strasbourg.

Cet enseignement comprend d’une part des cours d’homéopathie, d’autre part des présentations de malades avec discussion dans des dispensaires homéopathiques ou à l’hôpital Saint-Jacques à Paris. Il est complété par un enseignement post-universitaire destiné aux médecins désireux de se perfectionner.

Sur le plan national, la Fédération des sociétés homéopathiques françaises réunit les différentes sociétés de Paris et de province et organise deux congrès annuels : soit à Paris, soit en province.

Sur le plan international, une vingtaine de pays sont représentés au sein de la Ligue homéopathique internationale, dont les congrès ont lieu tous les deux ou trois ans dans un pays différent.

M. R.


Les médicaments de l’homéopathie

L’expérimentation avec un nombre très important de substances d’origine minérale, végétale ou animale provoque des symptômes dont la liste s’appelle pathogénésie.

Le médicament homéopathique qui couvre les signes importants de cette pathogénésie chez un malade est appelé le similimum du malade.

La préparation d’un remède homéopathique s’effectue par une dynamisation, c’est-à-dire une dilution avec succession, ou une trituration.


Dilution

• La méthode hahnemannienne consiste à diluer, dans 10 ml de solvant, 1 ml d’une teinture alcoolique ; on obtient, après succussion, la première dilution décimale (DH) ; on répète l’opération en prélevant 1 ml de cette nouvelle solution et en la diluant dans 10 ml de solvant, pour obtenir la deuxième dilution décimale et ainsi de suite.

Pour obtenir une dilution centésimale (CH), on dilue 1 ml de teinture dans 100 ml de solvant. La suite de l’opération est la même. Le numéro de la dilution correspond au nombre d’opérations effectuées (par exemple une cinquième centésimale : 5 CH).

• La méthode korsakovienne consiste, après avoir rempli un flacon déterminé, à le vider de son contenu et à utiliser la quantité de liquide restant sur les parois comme base de la dilution suivante, en remplissant de nouveau le flacon.


Trituration

C’est un procédé de dispersion du remède dans un véhicule pulvérulent (lactose).

Ces préparations permettent de rendre le médicament parfaitement atoxique, ce qui ne veut pas dire qu’il soit inoffensif. Certaines aggravations passagères ont pu être constatées par suite de mauvais emploi du remède ou de fréquences trop rapprochées des prises du médicament.

Les médicaments peuvent être préparés à partir de substances d’origine minérale, végétale ou animale. Il existe des remèdes plus importants que les autres, appelés polychrestes, dont la matière médicale possède de nombreux signes concernant plusieurs appareils (cardiaque, pulmonaire, digestif, etc.).

D’autres, les biothérapiques (anciennement « nosodes »), sont des médicaments préparés à partir d’une humeur pathologique (sang, urine, pus, expectoration, produits bactériens) qui ne provient pas du malade lui-même, au contraire des isothérapiques, qui sont préparés à partir d’une humeur pathologique du malade.

L’action d’un remède homéopathique dépend de sa dilution et de la fréquence des prises.