Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
H

Hohenstaufen ou Staufen (suite)

À la mort de Lothaire, qui désigne, lui aussi, son successeur éventuel en la personne de son gendre, le guelfe Henri X le Superbe, duc de Bavière et de Saxe, possessionné par ailleurs en Italie (marche de Vérone, Toscane), les Grands, ennemis d’un pouvoir royal fort, élisent l’ancien antiroi Conrad de Hohenstaufen le 22 mai 1138. Cette élection entraîne un nouveau conflit entre les deux familles : la mort brutale d’Henri le Superbe en 1139 ramène la paix. Le fils d’Henri le Superbe, Henri le Lion, garde le duché de Saxe, mais le roi Conrad attribue la Bavière à un Babenberg, Henri II Jasomirgott, qui épouse en 1142 la veuve d’Henri le Superbe. Le conflit entre les guelfes et les Hohenstaufen semble ainsi réglé, mais reste en suspens la question du duché de Bavière, que continue à revendiquer Henri le Lion.

Conrad III meurt le 15 février 1152, non sans avoir désigné au choix des Électeurs son neveu Frédéric, duc de Souabe, apparenté par sa mère, Judith, sœur d’Henri le Superbe, à la famille des guelfes. Frédéric Ier Barberousse est élu roi de Germanie le 4 mars 1152, après avoir pris des engagements à l’égard d’Henri le Lion quant à la Bavière. Le souverain est épris d’un idéal politique qu’il fait connaître d’emblée dans la lettre qu’il adresse au pape Eugène III après son élection ; restituer toute sa splendeur à la dignité impériale. Semblable programme, pour lequel il se réclame de Charlemagne, le porte rapidement à un conflit avec le pape, soutenu par les Communes italiennes. Frédéric Ier Barberousse finit par être défait en Italie et signe la paix avec le pape Alexandre III à Venise en 1177 et avec les villes italiennes à Constance en 1183. Du moins parvient-il à renforcer son pouvoir en Allemagne, où Henri le Lion se soumet finalement après avoir perdu la Bavière.

L’œuvre de Frédéric Ier Barberousse s’effrite entre les mains de son fils Henri VI, à qui il avait fait épouser l’héritière du trône de Sicile. Henri VI aurait voulu restaurer le pouvoir impérial en Italie, mais il mécontente gravement la population italienne par l’installation de seigneurs allemands. Son fils Frédéric, le futur Frédéric II, n’est âgé que de trois ans quand il meurt en 1197. Philippe de Souabe, frère d’Henri, ne parvient pas à s’imposer et finit assassiné en 1208. Frédéric II*, d’abord protégé du pape Innocent III, se fait élire roi de Germanie en 1212 et couronner empereur en 1220, tout en conservant le trône de Sicile. Un nouveau conflit avec la papauté est alors inévitable, qui durera jusqu’à la mort de Frédéric II en 1250. Celui-ci, qui reprend la théorie de la supériorité impériale, porte tous ses efforts sur l’Italie et son royaume de Sicile, mais néglige l’Allemagne, où se répand l’anarchie. Le mirage italien, qui séduit Henri VI et surtout Frédéric II, ruine ainsi les efforts de Frédéric Ier Barberousse, qui aurait voulu un pouvoir impérial fort dans un État centralisé.

La famille des Hohenstaufen connaît une fin tragique. Déjà, Frédéric II voit se dresser contre lui son fils Henri VII, roi de Germanie, qui reproche à son père d’affaiblir la couronne de Germanie. Il le fait emprisonner en 1235 ; Henri meurt en prison en 1242. La mort de Frédéric II marque l’effondrement de la domination des Hohenstaufen tant en Allemagne qu’en Italie. En Allemagne, Conrad IV de Hohenstaufen, autre fils de Frédéric II, est impuissant à s’imposer devant son adversaire Guillaume de Hollande, soutenu par les princes allemands du Nord et les villes de la ligue du Rhin. Il meurt en 1254 en Italie. Le bâtard de Frédéric II, Manfred, à qui échoit en 1258 le royaume de Sicile, parvient un temps à mater les révoltes qui éclatent en Italie du Sud et trouve des appuis en Piémont et en Vénétie. Il profite alors de la faiblesse des papes et de la division des villes italiennes où sévissent les luttes de partis. Le pape Urbain IV, d’origine champenoise, négocie avec Charles Ier* d’Anjou, qu’il investit du royaume de Sicile le 17 juin 1263. Le 26 février 1266, Charles d’Anjou bat et tue Manfred à Bénévent. Le jeune duc de Souabe, Conradin, fils du roi Conrad IV, se laisse tenter à l’idée de reconquérir le royaume de Sicile. Il vient en Italie en 1267, mais il est défait par Charles d’Anjou le 23 août 1268 à Tagliacozzo. Après avoir erré quelques semaines, il est livré à Charles, qui le fait décapiter à Naples le 29 octobre 1268. Il était le dernier descendant direct des Hohenstaufen. En se posant comme héritier des Hohenstaufen par son épouse Constance, fille de Manfred, Pierre III d’Aragon arrache à Charles d’Anjou le trône de Sicile en 1282.

La famille des Hohenstaufen a certes exalté la grandeur impériale à travers la personne de Frédéric Ier Barberousse, mais, par un singulier contraste, ce sont les prétentions à l’hégémonie universelle des grands empereurs Hohenstaufen qui ont mené l’Allemagne et l’Italie à un état de décomposition territoriale dont ces deux pays ne devaient plus se relever jusqu’au xixe s.

P. P. et P. R.

➙ Allemagne / Frédéric Ier Barberousse / Frédéric II / Saint Empire romain germanique.

 E. Maschke, Das Geschlecht der Staufer (Munich, 1943). / P. Jundt, les Hohenstaufen (Rencontre, Lausanne, 1969).

Hohenzollern

Famille allemande qui a donné naissance à la dynastie royale de Prusse*.



Jusqu’en 1701

La filiation dans cette famille n’est assurée que jusqu’à Frédéric III, comte de Zollern († 1201), qui devient burgrave de Nuremberg à la fin du xiie s. Au xiiie s., la famille se divise en deux branches principales.

La branche de Souabe, sans doute l’aînée, détient des terres allant du haut Danube au Neckar. Ces territoires ne cessent de diminuer du xiiie au xve s., avant de connaître un accroissement au xvie s. Mais cette branche, demeurée catholique, est affaiblie par de nombreuses subdivisions. Si elle n’a pas joué de rôle important dans l’histoire allemande, certains de ses membres ont occupé de hautes fonctions dans l’Empire et dans l’Église.