Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
H

Hogarth (William)

Peintre et graveur anglais (Londres 1697 - id. 1764).


Apprenti chez un graveur d’armoiries jusqu’en 1718, il s’installe à son compte en 1720. Ses talents d’illustrateur et de graveur sont à la base de toute son œuvre. Il crée des gravures satiriques sur les modes du temps, telles que Mascarades et Opéras, et les nombreuses planches du livre d’Hudibras de Samuel Butler, publiées en 1726, deviendront bien vite populaires. En 1724, il rentre dans l’atelier de sir James Thornhill, peintre officiel d’inspiration académique, dont il épouse la fille en 1729. C’est à cette date qu’il aborde la peinture à l’huile. Ses tableaux, petits portraits de groupes d’inspiration hollandaise, conversation pieces comme l’Assemblée à Wanstead House (Philadelphie, Museum of Art) ou l’esquisse de la Famille royale (Dublin), lui valent une grande réputation. Sa prédilection pour l’inspiration théâtrale, son choix de compositions scéniques où abondent les effets dramatiques sont confirmés par ses écrits : « Je considérais les sujets comme le font les auteurs, ma peinture était une scène, les hommes et les femmes en étaient les acteurs qui, par les moyens de certains gestes et expressions, expriment un spectacle muet. »

Dans sa série de six tableaux pour la Carrière de la prostituée (1731), connue seulement par la gravure, et dans celle des huit tableaux pour la Carrière du roué (1735, Londres, Soane’s Museum), Hogarth hausse la peinture de mœurs à un niveau supérieur, très spécifiquement anglais. Observateur minutieux, à la fois plein d’humour et d’intentions moralisatrices, il stigmatise les maux de la société du xviiie s. En 1745, il dénonce les méfaits des unions d’intérêt dans la série des six peintures du Mariage à la mode (Londres, National Gallery), empreinte d’une verve saisissante. La série des Élections (quatre toiles de 1755, Soane’s Museum), popularisée comme les autres par la gravure, laisse présager les caricatures politiques de Daumier*.

Cependant, Hogarth brigue le titre de peintre de la Cour. Son succès allant croissant, il a obtenu en 1736 un acte du Parlement qui reconnaît aux artistes un droit exclusif sur leurs œuvres durant quatorze ans ; il se garantit ainsi de la foule de ses imitateurs. L’ambition le pousse à décorer à ses frais l’hôpital Saint Bartholomew, dont il a été nommé gouverneur en 1735. Si ses grands sujets religieux ne lui valent pas le succès escompté, sa gloire est rehaussée par des commandes de portraits, auxquels il se consacre de plus en plus. Le portrait du Captain Thomas (v. 1740, Londres, Thomas Coram Foundation), ceux des Enfants Graham (1742) et de Mrs. Salter (1744) — tous deux à la Tate Gallery — sont des chefs-d’œuvre où le style se fait plus vigoureux, l’expression plus spontanée. La Marchande de crevettes (v. 1745, National Gallery) unit la puissance de l’ébauche et le raffinement du coloris, bien loin des premiers tableaux de conversation, souvent froids et minutieux.

Les dernières années de la carrière de Hogarth furent sombres et solitaires. En 1753, il fait paraître son Analyse de la beauté, destinée, dit-il, à « fixer les idées fluctuantes du goût ». Il démontre la signification de la ligne sinueuse qui figurait déjà sur la palette de son Autoportrait de 1745 (Tate Gallery). Cette « ligne de beauté » traduit selon lui l’expression de la vie dans la peinture. Malgré son accession à la charge de peintre du roi, en 1757, Hogarth restera contesté jusqu’à sa mort. Oublié par la suite, ce grand « historien social » apparaît aujourd’hui comme le véritable père de l’école anglaise de peinture.

P. H. P.

 A. P. Oppe, The Drawings of William Hogarth (Londres, 1948). / P. J. Quennel, Hogarth’s Progress (Londres, 1955). / F. Antal, Hogarth and his Place in European Art (Londres, 1962). / J. Burke et C. Caldwell, Hogarth, the Complete Engravings (Londres, 1968 ; trad. fr. Hogarth, gravures, œuvre complet, Arts et métiers graphiques, 1968).
CATALOGUES D’EXPOSITION : R. B. Beckett, The Paintings of William Hogarth (Londres, 1949). / Hogarth (Londres, Tate Gallery, 1972).

Hohenstaufen ou Staufen

En allem. Staufer, dynastie germanique.


L’ancêtre le plus lointain semble être un petit seigneur souabe qui vivait vers le milieu du xie s., Frédéric de Beuren (von Büren, du nom de son château dans le Jura souabe). Avec sa femme, Hildegarde, possessionnée en Alsace, il fonde en 1904 l’abbaye Sainte-Foy de Sélestat. Son fils Frédéric construit non loin du château paternel de Beuren le château de Hohenstaufen, d’où il tirera son nom : Frédéric de Hohenstaufen. Lors de la lutte entre Henri IV et Grégoire VII (v. Investitures [querelle des]), Frédéric Ier sert fidèlement l’empereur, qui, en 1079, le récompense en lui inféodant le duché de Souabe et qui lui donne en mariage sa fille Agnès.

De ce mariage naissent deux fils : l’aîné, Frédéric, reçoit en 1105, à la mort de son père, le duché de Souabe et sera, dès lors, appelé Frédéric II, tandis que le cadet, Conrad, reçoit de l’empereur Henri V des fiefs, dont le comté de Rothenburg, en Franconie. Les deux frères restent immuablement fidèles à Henri V.

À la mort de ce dernier, les biens de la famille s’étendent dans le Jura souabe (châteaux de Beuren, de Hohenstaufen et de Waiblingen), le pays de Bade (Eppingen), en Alsace (autour de Sélestat et de Haguenau) ainsi qu’en Franconie (château de Weinsberg) et dans la vallée du Rhin (région de Spire et Worms). Avant sa mort, Henri V a voulu désigner comme son successeur son neveu Frédéric, duc de Souabe. Il lui a confié la gestion de ses biens personnels et la garde des insignes royaux ; mais il ne l’a ni associé à son pouvoir ni fait couronner. Lors de l’élection impériale de 1125, les Grands portent leurs suffrages sur le duc de Saxe, Lothaire de Supplinburg, assez heureux de rallier à lui le beau-père de Frédéric II, le duc de Bavière Henri le Noir, de la grande famille des guelfes. C’est là le début de la fameuse querelle des guelfes* et des gibelins. Après s’être d’abord incliné, Frédéric II de Hohenstaufen et les seigneurs souabes qui le soutiennent font proclamer roi de Germanie Conrad, frère cadet de Frédéric. La querelle entre Lothaire et les Hohenstaufen ne prend fin qu’en 1134.