Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
H

Hauptmann (Gerhart) (suite)

Il va chercher ses inspirations hors d’Allemagne : d’abord en Grèce, d’où il était revenu en 1914 avec l’Arc d’Ulysse (Der Bogen des Odysseus) ; puis au Mexique de la conquête espagnole avec le Sauveur blanc (Der weisse Heliand), drame qui retrace la passion du roi Montezuma (1920). Il revient à l’histoire allemande : Till Eulenspiegel (1928), Hamlet in Wittenberg (1935), Ulrich von Lichtenstein (1939). La première œuvre est une épopée en vers, la seconde un drame sur Luther, la troisième une comédie. Plusieurs drames bourgeois paraissent aussi dans les années 30, tel, en 1932, Vor Sonnenuntergang (Avant le coucher du soleil) : ce litre fait pendant à celui de la première pièce ; c’est le drame d’un chef d’entreprise vieillissant, comblé et tourmenté à la fois par sa passion pour une jeune femme. Les initiés voulaient y voir une évocation du second mariage de l’auteur.

Durant la Seconde Guerre mondiale, Hauptmann s’enferma de plus en plus dans son manoir de Silésie, et sa dernière série de drames, la Trilogie des Atrides, publiée à partir de 1941, renoue avec les origines du théâtre tragique d’Occident ; les flots de sang et les horreurs guerrières contemporaines y transparaissent aussi à travers les symboles. La Seconde Guerre mondiale, la tyrannie hitlérienne qui va bientôt s’écrouler en sont la toile de fond.

Jusqu’à la fin, la destinée de Gerhart Hauptmann a été comme un reflet de celle de son peuple : après les années d’hésitation durant la république de Weimar, les premières années de l’hitlérisme avaient marqué comme un renouveau de vitalité, vite noyé dans le sang et les désastres. Hauptmann était près de mourir quand les soldats polonais et russes prirent possession de son domaine de Silésie. On lui montra de la considération, et un train spécial emmena sa dépouille mortelle de la Silésie, devenue polonaise, vers l’île de Hiddensee, dans la mer Baltique, en juin 1946.

P. G.

 F. W. J. Heuser, Gerhart Hauptmann (Tübingen, 1961). / R. Michaelis, Der schwarze Zeus, Gerhart Hauptmanns zweiter Weg (Berlin, 1962). / K. G. Knight et F. Norman (sous la dir. de), Hauptmann, Centenary Lectures (Londres, 1964). / K. L. Tank, Gerhart Hauptmann (Hambourg, 1968).

Hauriou (Maurice)

Juriste français (Ladiville 1856 - Toulouse 1929).


Hauriou est à la base, en droit public, d’une œuvre capitale, par la profondeur des analyses et de la doctrine, la sûreté du raisonnement, l’ingéniosité des conceptions, l’éclectisme des recherches ; l’influence de son enseignement sera considérable.

Après avoir obtenu son doctorat (1879), il est premier au concours d’agrégation des facultés de droit en 1883. C’est à Toulouse qu’il enseigne ensuite, comme professeur d’histoire du droit (1883), de droit administratif (1888), puis de droit constitutionnel (de 1920 à sa mort). À dater de 1909, il est en outre doyen de la faculté.

Tenant de la prépondérance de l’esprit sur la forme, Hauriou, contrairement à Duguit*, envisage le droit comme un des régulateurs du groupe social, chargé d’équilibrer les multiples tensions auxquelles le groupe est soumis, de façon que celui-ci se perpétue et évolue vers l’épanouissement de la civilisation qui lui est propre.

En sociologue, il analyse la liberté individuelle, comme celle de l’État*, en termes de pouvoir : l’État se personnifie, quand il parvient au stade de la liberté politique, avec la participation des citoyens au gouvernement. Conscient de la complexité des données des sciences sociales, il estime que la loi, produit d’une transaction, ne peut être qu’imparfaite.

Il est le premier à présenter le droit administratif comme un tout organisé et cohérent, mais sa contribution la plus originale est sa théorie de l’institution*, qu’il énonce ainsi : « Une institution est une idée d’œuvre ou d’entreprise qui se réalise et dure juridiquement dans un milieu social ; par la réalisation de cette idée, un pouvoir social s’organise qui lui procure des organes ; d’autre part, entre les membres du groupe social intéressés à la réalisation de l’idée, il se produit des manifestations de communion, dirigées par les organes du pouvoir et réglées par des procédures. »

Hauriou enrichit profondément la notion classique de l’État, en attirant l’attention sur son aspect économique : déjà l’État moderne apparaît, qui laisse présager l’interventionnisme économique.

Le régime constitutionnel a pour mission essentielle d’établir dans l’État un équilibre entre l’ordre, le pouvoir et les libertés. L’ordre est lui-même à base d’idées morales, politiques et sociales : il existe des « croyances constitutionnelles », des « énergies spirituelles » qui, à la base, autrefois, des institutions, continuent de les vivifier aujourd’hui.

Hauriou s’oppose au positivisme juridique et demeure attaché à la conception classique du droit ; il ne faut pas cultiver la seule préoccupation d’un ordre juridique purement formel et technique. On ne peut éliminer du droit le soubassement de morale et de justice : juriste et sociologue, Hauriou apparaît, de plus, comme un philosophe du droit et un théoricien de l’État bourgeois. Ses œuvres principales sont les Notes de jurisprudence, parues dans le Recueil Sirey, les Principes de droit public (1909 et 1916), le Précis de droit administratif et de droit public (1891) et le Précis de droit constitutionnel (1923).

M.-A. L.

hautbois

Instrument de musique à vent et à anche double.


Le hautbois, qui descend de l’aulos antique, est un instrument très ancien connu en Orient, où il occupait une place traditionnelle dans le théâtre chinois, en Afrique, où il reste très prisé du monde musulman, et en Occident. Son nom est d’origine française : les « haulx-bois », aigus, s’opposaient aux instruments à vent au timbre sourd, les « gros-bois ». Dès le Moyen Âge, on rencontre le hautbois sous divers noms : chalumeau, chalemelle, chalemie, doucine, douçaine, bombarde. De toute cette famille n’ont subsisté que le hautbois, le cor anglais (qui n’est pas un « cor », mais un hautbois alto en fa), le hautbois d’amour, le hautbois-baryton, ou heckelphone, assez inusité, le basson et le contrebasson, qui sont des hautbois basse et contrebasse.