hautbois (suite)
Tous ces instruments sont en bois, de perce conique et à anche double. Au cours des siècles, leur facture s’est sensiblement modifiée (perce de plus en plus étroite, adjonction de clés, usage du plateau perforé, choix de bois plus durs), mais le hautbois du xviie s., plus proche du hautbois moderne et qui passe pour être l’œuvre de Jean Hotteterre et Michel Philidor, se répand en Europe, participe à la symphonie naissante et est bientôt considéré comme un soliste de même qualité que le violon et la flûte. De nos jours, les principaux facteurs sont français : Rigoutat, Marigaux, Buffet-Crampon, Couesnon, Jardé, et leur production est répandue, à quelques exceptions près, dans le monde entier.
• Le hautbois se compose de trois parties s’emboîtant l’une dans l’autre : le pavillon, le corps du haut et le corps du bas. Dans son extrémité s’enfonce directement une anche double. Sa longueur est de 60 cm, et l’étendue sonore de presque trois octaves. Le hautbois s’écrit en clef de sol et en notes réelles. Sa sonorité est homogène sur toute son étendue, mais, si le grave est puissant, l’aigu est assez ténu. Toutes les nuances sont réalisables, mais, même dans la douceur, le timbre reste pénétrant. Grâce à certaines améliorations techniques, le hautbois est aujourd’hui d’une grande souplesse, permettant staccato, trilles et traits les plus difficiles. Son coloris et son caractère expressif en font un instrument chantant, pastoral et plaintif (« Scène aux champs » de la Symphonie fantastique, Berlioz), tragique (Carmen, Bizet ; « Marche funèbre » de la 3e symphonie, Beethoven), naïf et tendre (thème de Mélisande, Debussy) ou évocateur de musiques orientales. Le hautbois s’associe parfaitement aux autres bois de la famille (flûte et basson), avec lesquels il constitue le trio d’anches classique, faisant partie aussi du quatuor et du quintette à vents. Son répertoire de soliste est très vaste et très riche : Albinoni, Vivaldi, Bach, Händel, Telemann, Stamitz, Leclair, Haydn, Mozart, puis Bellini, Milhaud, Françaix, Damase, Busser, Golestan, Tomasi, pour ne citer que quelques exemples, ont écrit pour lui.
• Le cor anglais, plus long (1 m), possède un pavillon piriforme, et l’anche se fixe sur un tube de métal appelé bocal, qui s’emboîte dans l’extrémité du corps de l’instrument. L’étendue est de deux octaves et une quinte ; le cor anglais est un instrument transpositeur, qui s’écrit en clef de sol, mais sonne à la quinte inférieure. En soliste, son timbre est nostalgique, chaud, expressif (Manfred, Schumann ; Tristan et Isolde, Wagner ; Nuages, Debussy). À l’orchestre, le cor anglais aurait tendance à être facilement étouffé, et son emploi nécessite quelques précautions.
• Le hautbois d’amour aurait été créé en France vers 1720 (?). Il est plus court que le hautbois, mais sa facture et son étendue sont les mêmes que celles du cor anglais, et du hautbois baryton. Il sonne à la tierce mineure inférieure de la note écrite. C’est J.-S. Bach qui lui a donné tout son prestige (Messe en « si » mineur, Passion selon saint Matthieu, Oratorio de Noël, Magnificat et de nombreuses cantates), mais depuis, mis à part Ravel, Debussy et R. Strauss, peu d’auteurs ont fait appel à lui.
• Le basson (en allem. Fagott) est fait de deux tuyaux parallèles accouplés, formant un tube intérieur de 2,59 m, réduit, grâce à cette disposition, à la longueur extérieure de 1,37 m. Il comporte cinq parties, dont quatre sont en bois ; seul le bocal, à l’extrémité duquel se fixe l’anche, est en métal. L’étendue est de trois octaves et une quinte ; il s’écrit en clef de fa et en ut4, en notes réelles, plus rarement en clef de sol. De nos jours, il est très homogène sur toute son étendue et permet une grande virtuosité (final du Concerto en « sol », Ravel), même en staccato. Selon ses divers registres, il possède des caractères différents : puissant dans le grave, il fournit de splendides basses à l’ensemble des bois, des cordes ; il peut être macabre (« Marche au supplice » de la Symphonie fantastique, de Berlioz), humoristique (Pierre et le loup, Prokoficv) ou noble (6e symphonie, Tchaïkovski). Le médium reste nostalgique (« Berceuse » de l’Oiseau de feu, Stravinski) ; l’aigu évoque un passé lointain (le Sacre du printemps, Stravinski).
• Le contrebasson a 5,93 m de longueur intérieure, mais, trois fois replié sur lui-même et posé sur une pique, il a une longueur apparente qui n’est que de 1,60 m. Il sonne à l’octave grave du basson, et son étendue est de trois octaves.
En soliste, il est comique ou caricatural (l’Apprenti sorcier, Dukas) dans le grave, mais Ravel l’utilisa dans le suraigu avec bonheur (la Belle et la Bête). Il fournit en outre d’excellentes basses à l’orchestre.
M.-D. F.
M. Mersenne, Harmonie universelle (Paris, 1636 ; rééd. C. N. R. S., 1964 ; 3 vol.). / F. A. Gevaert, Traité général d’instrumentation (Gevaert, Gand, 1863). / H. Bouasse et M. Fouché, Instruments à vent (Delagrave, 1930 ; 2 vol.). / G. Gorgerat, Encyclopédie de la musique pour instruments à vent (Rencontre, Lausanne, 1953 ; 2 vol.). / C. Koechlin, Traité d’orchestration (Eschig, 1959 ; 3 vol.). / G. Gourdet, les Instruments à vent (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1967).